Entre la nouvelle Troïka et le nouveau Front parlementaire, la scène politique nationale ne sait plus où donner de la tête ; alors que les mouvements d'Ennahdha et de Nidaa Tounes tentent, tant bien que mal, de sauver leur consensus, leurs alliés d'hier essayent, quant à eux, de trouver de nouvelles issues supposées apporter un souffle neuf et un équilibre réel sur la scène nationale. Ainsi, et après de plus d'une année de son annonce, le nouveau Front parlementaire a finalement été officialisé avec plus d'une quarantaine de députés des blocs d'Afek Tounes, d'Al Horra, d'Al Watani, de Nidaa Tounes et quelques autres élus indépendants. Une alliance purement et purement parlementaire qui vise à coordonner entre les différentes parties prenantes au niveau du vote parlementaire et ce dans le but d'affaiblir l'influence de Nidaa Tounes et d'Ennahdha. Selon l'un des députés, ce bloc affichera une attitude de soutien presqu'inconditionnel au profit du président de la République, Béji Caïd Essebsi. De l'autre côté de la rive, les manœuvres continuent de surprendre la galerie ; Ennahdha et Nidaa Tounes ont enfin réussi à récupérer leur fils prodige, Slim Riahi président de l'Union patriotique libre (UPL), en lui redonnant son siège doré au sein du pacte de Carthage. Ainsi, Hafedh Caïd Essebsi, continue activement de rendre service à son père en préservant ce que ce dernier a accompli au cours de l'été dernier. Toutefois, ces manigances ne sont pas sans effets néfastes puisque depuis leur coup d'envoi, le discours politique et l'ambiance générale sont revenus à un statut qui nous rappelle étrangement celui de 2012 et 2013 ; des débats médiatiques où les accusations sont maîtres du jeu. Rien qu'en début de cette semaine, dix partis politiques (dont Al Machroû, Al Badil, Afek Tounes, Al Jomhouri et Al Massar) ont publié un communiqué conjoint pour dénoncer le retour de l'UPL au sein des partis au pouvoir ; selon ces dix partis, ce retour pourrait hautement nuire à la campagne de lutte contre la corruption menée par le gouvernement de Youssef Chahed dans la mesure où le président de l'UPL est impliqué dans un dossier de blanchiment d'argent qui traîne en Justice depuis 2012. D'autres députés, à l'instar de Samia Abbou, vont jusqu'à affirmer que la restitution de cette nouvelle de Troïka n'a pour réel but que d'évincer Youssef Chahed du palais de la Kasbah pour le remplacer par une personnalité et un gouvernement plus ‘dociles' qu'il ne l'est lui. A côté de ces chamailles, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) s'apprête à voter au moins trois grands projets de lois ; le PLF 2018, le projet de loi relatif à l'organisation des jardins d'enfant et le projet de loi relative à la répression des agressions à l'encontre des forces armées. Trois textes majeurs qui auront un impact direct sur la vie quotidienne du citoyen tunisien qui demeure, dans toute scène floue, le seul à payer les factures de ces sept longues années.