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La guerre des fronts aura-t-elle lieu ?
Paysage politique
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 11 - 2017

Il ne s'agit, en fait, que de la quête d'un nouveau repositionnement qui s'effectue avec la formation de fronts, des alignements partisans qui se font et se défont au gré des humeurs des uns et des autres. Elle reflète un paysage politique fragmenté avec 208 partis qui connaissent tous des crises plus ou moins aiguës. D'où la désaffection des Tunisiens à l'égard des institutions politiques et qui est devenue un trait caractéristique de la jeune démocratie naissante
L'annonce de la constitution du « Front parlementaire centriste et progressiste » fait des émules. Le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a déclaré en marge de l'assemblée du groupe parlementaire de son mouvement, samedi 11 novembre, qu'«une réunion se tiendra lundi 13 novembre entre Ennahdha, Nida Tounès et l'Union patriotique libre(UPL) pour examiner la création d'une nouvelle coalition partisane et parlementaire tripartite ». La réunion regroupera, outre le président du mouvement islamiste et le président de son groupe parlementaire, le directeur exécutif de Nida Tounès, Hafedh Caïd Essebsi, et le président de son groupe, Soufien Toubal, ainsi que Slim Riahi, le chef de l'UPL et le président du groupe du parti. Elle marquera le retour de l'Union patriotique libre au « Document de Carthage » et probablement dans le gouvernement d'union nationale.
Cette initiative vient en réaction au lancement du Front parlementaire initié par un certain nombre de députés de Mashrou Tounès, d'Afek, du groupe national, de quelques députés de Nida et des indépendants. Quelque 43 députés se sont joints à cette initiative dont sept de Nida Tounès. Ils ont convoqué une assemblée générale aujourd'hui pour annoncer le lancement officiel de ce front qui « permettra d'unifier les positons et les vues sous la coupole du Parlement et ambitionne de rétablir l'équilibre dans le paysage parlementaire ». Mais à la suite de la réunion, samedi dernier, des trois présidents de groupes concernés, Al Horra, groupe national, Afek et le représentant des indépendants, il a décidé de reporter à plus tard cette assemblée, le temps de fignoler davantage la plateforme commune, car celle annoncée par le député Sahbi Ben Fredj n'est qu'un avant-projet qui devrait être discuté avant son adoption par l'ensemble des membres concernés. Au départ, les initiateurs ont tablé sur 70 députés, mais ils ne sont que 43 à avoir donné leur accord de principe et le nombre pourrait descendre sous la barre des 40.
Il n'est pas sorcier de deviner que ce projet vise essentiellement à contrecarrer « l'hégémonie » d'Ennahdha et de Nida au sein de l'Assemblée des représentants du peuple. Ces deux mouvements ont scellé une alliance, le 6 juin dernier, au cours d'une veillée ramadanesque. Ils ont, en effet, annoncé, dans un communiqué conjoint, signé par les présidents des deux groupes en présence de Rached Ghannouchi et Hafedh Caïd Essebsi, la création d'un comité de coordination. Ce comité a pour mission de « renforcer le consensus entre les députés des deux partis dans le but de préserver la stabilité dans le pays ». Une annonce qui a suscité de multiples réactions, y compris au sein des deux mouvements, allant de la surprise à l'inquiétude. Cette alliance a plombé le paysage parlementaire et fait craindre une hégémonie au sein de l'Assemblée des représentants du peuple. Et c'est justement cette crainte, outre le souci d'un rééquilibrage du paysage parlementaire, qui a présidé à l'annonce de la création d'un front parlementaire.
Levée de boucliers d'Ennahdha et de Nida
Or, cette initiative a été vivement critiquée aussi bien par Ennahdha que par Nida Tounès. Rached Ghannouchi n'a pas mâché ses mots en se déclarant résolument contre cette initiative. « Ce front ne sera d'aucune utilité pour les Tunisiens, car il vise uniquement l'exclusion d'Ennahdha », a-t-il affirmé, ajoutant que c'est une « étape dans le droit fil de la logique d'exclusion et d'éradication de notre mouvement ». Eradication, un terme très fort qui résonne comme un retour aux années de plomb. Cela rappelle de très mauvais souvenirs au mouvement Ennahdha, à ses dirigeants, à ses adhérents et sympathisants. C'est une question de « sécurité nationale », a-t-il affirmé.
Le directeur exécutif Hafedh Caïd Essebsi s'est, dès le premier jour de l'annonce de ce front parlementaire, fendu d'un communiqué virulent, publié sur sa page « Facebook », pour menacer « d'exclure du parti et de son groupe parlementaire » tout élu de Nida qui adhère à cette initiative, « en application des dispositions du règlement intérieur et par souci de préservation de l'unité du parti et de son groupe. Il a affirmé que « les positions officielles » de Nida sont publiées « dans les communiqués signés par son directeur exécutif ». D'ailleurs, Nida Tounès a organisé des journées parlementaires pendant le week-end pour examiner entre autres cette question et adopter une nouvelle ligne de conduite pour la prochaine étape. Tant il est vrai que ce front pourrait fragiliser davantage le parti et réduire sa capacité d'action, si jamais son groupe à l'ARP était réduit par l'exclusion ou le départ d'autres membres. Il a déjà perdu une trentaine de députés depuis la première législature et ne compte plus que 56 députés, cédant la première place à son allié Ennahdha qui, à son tour, a perdu un membre, mais compte 12 membres de plus, soit 68.
La menace d'une nouvelle fissure à l'intérieur du parti cher à Béji Caïd Essebsi est réelle. Elle pourrait toucher non seulement les équilibres au sein de l'Assemblée, mais également impacter le paysage politique et les fondements du « Document de Carthage ». Le porte-parole de Nida, Mongi Harbaoui, a même déclaré que « la formation d'un front parlementaire centriste et progressiste est un putsch contre les choix du président de la République. Il a pour dessein d'éparpiller les groupes parlementaires qui appuient le gouvernement d'union nationale. Il vise à saper les choix du chef de l'Etat visant à instaurer la paix sociale et à garantir la pérennité de l'Etat, à l'abri de toute crise profonde ». Ce front est même qualifié « d'hérésie » par le président du groupe Nida Tounès, Soufien Toubal, qui a précisé qu'au sein d'un parlement, « il y a des groupes parlementaires et non des fronts parlementaires ».
Le député Mustapha Ben Ahmed, président du groupe démocrate, qui a participé activement à l'élaboration d'une plateforme commune pour le nouveau front, a précisé que « certes, nous avons discuté de cette proposition avec d'autres députés de Machrou Tounès et d'Afek, notamment, mais nous avons exigé un préalable, l'élaboration d'une plateforme commune qui ne soit arrimée à aucun parti politique ». « Or, certains se sont précipités à l'annoncer, anticipant le mûrissement de l'initiative, ce qui risque de l'étouffer dans l'œuf », a-t-il ajouté, allusion à son collègue Sahbi Ben Fredj dont il qualifie l'attitude « d'inconvenante qui menace la réussite des concertations en cours et de faire avorter l'initiative ».
D'un front, l'autre
Le Front Ennahdha-Nida-UPL sera un front entre partis politiques pour coordonner leurs actions et leurs postions vis-à-vis des questions de l'heure. Comme il pourra se muer en une nouvelle « Troïka ». Il comptera sur au moins 136 membres au Parlement. Suffisant pour contrecarrer toute autre velléité de « saper » les choix fondamentaux de la coalition au pouvoir et de faire passer les projets de loi sans l'apport d'autres voix. Les trois partis tiendront des réunions consultatives périodiques avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed, pour se concerter sur les points chauds de l'actualité.
Ces deux fronts, qui risquent de s'affronter aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'hémicycle, affichent, pourtant, leur soutien au gouvernement d'union nationale, formé notamment de Nida, Ennahdha et Afek Tounès. Or, ce dernier, qui compte trois ministres et deux secrétaires d'Etat, a pris ses distances et s'est montré très critique vis-à-vis du consensus entre Nida Tounès et Ennahdha, estimant, selon son président Yassine Brahim, qu'il a « lourdement échoué et ne peut plus faire l'objet de confiance ». Le retour de l'UPL de Slim Riahi au bercail annonce, selon certains observateurs avertis, le départ d'Afek de la coalition tripartite et la possible réintégration de ce parti dans l'équipe gouvernementale.
En face de ces deux fronts en gestation, un autre le Front populaire adversaire irréductible de Nida Tounès et d'Ennahdha, est déjà très actif parce que mieux soudé et plus virulent. Avec ses quinze députés au sein de l'Assemblée des représentants du peuple et la présidence de la commission des finances, il mène la vie dure au gouvernement et à l'alliance Ennahdha-Nida. Et s'il est exclu de le voir un jour coordonner avec le front tripartite Nida-Ennahda-UPL, il n'est pas étonnant qu'il opère un rapprochement avec « le front centriste et progressiste », du moins sur certains points. Un autre front annoncé en grande pompe a déjà vécu. Il s'agit du « front du salut et du progrès », initié notamment par trois personnalités politiques, Mohsen Marzouk, Ridha Belhaj et Slim Riahi, et qui a été, justement, créé en réponse à l'alliance entre Nida et Ennahdha. Or, Marzouk et Riahi l'ont quitté, quelque temps après sa constitution.
Mais il ne s'agit, en fait, que de la quête d'un nouveau repositionnement qui s'effectue avec la formation de fronts, des alignements partisans qui se font et se défont au gré des humeurs des uns et des autres. Elle reflète un paysage politique fragmenté avec 208 partis qui connaissent tous des crises plus ou moins aiguës. D'où la désaffection des Tunisiens à l'égard des institutions politiques et qui est devenue un trait caractéristique de la jeune démocratie naissante.


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