Le poète Slaheddine Lahmadi a été reconduit à la tête de l'Union des Ecrivains Tunisiens (UET) pour un mandat de trois ans, à l'issue du 20ème Congrès de l'Union, tenu le 27 et 28 décembre courant, à Mahdia. Quelque 205 congressistes ont participé à l'élection du nouveau bureau exécutif de l'UTE, désormais composé de onze membres. Neuf bulletins de vote ont été annulés au cours de ce scrutin. Voici la nouvelle composition du bureau : Slaheddine Lahmadi: président Hédi Gamri : vice-président Adel Kheder: secrétaire général Habib Falfoul : secrétaire général adjoint Omor Kouz : trésorier Adel Bouagha : trésorier adjoint Mouldi Frouj: membre chargé des médias et de la diffusion Sondes Baccar: membre chargé des sections Sofiène Toumi: membre chargé des relations extérieures Mohamed Dlal: membre chargé des clubs "Frayjiya", un événement culturel alternatif Initié en septembre dernier par un groupe de jeunes passionnés de culture, le collectif tunisien "Frayjiya" – traduisible par "spectateurs" (de l'état de la culture du pays) – a pour ambition de rendre accessible l'ensemble des formes artistiques locales. En s'affranchissant des formalités (autorité ministérielle, sponsors, budget), la jeune organisation tente d'offrir une réponse "à un besoin essentiel, celui de la culture à l'état brut". "Le ministère choisit, coince et gère la culture, les sponsors qui ont de l'argent te manipulent, de notre côté, on pense à ça d'une manière spontanée à l'aide d'un public assoiffé de culture", rapporte Amen Allah Ouakajja, co-fondateur de "Frayjiya", au HuffPost Tunisie. Ce weekend, le collectif vient en effet de faire l'expérience de son premier événement: "Frayjiya: 48h de culture zéro budget", un festival 100% gratuit au cœur de Tunis qui se présente comme une initiative culturelle citoyenne, spontanée et alternative. "On a lancé un appel sur Facebook pour programmer un mini festival gratuit, les artistes amateurs et professionnels ont répondu à l'appel gratuitement", explique Amen Allah Ouakajja. "La base de ce festival c'est le débat et le partage pour essayer d'avoir une alternative culturelle citoyenne et sociale". Des partenariats de choix, entièrement établis sur une base de solidarité ont rendu possible cette première édition. "Le Théâtre El Hamra nous a accueilli gratuitement, c'est un théâtre des années 1920, très célèbre et situé dans un quartier populaire prés du Marché central", s'étonne encore le directeur artistique. "On a découvert beaucoup d'artistes, on a eu la chance d'accueillir DEBO, Yasser Jeraidi avec une nouvelle composition mais aussi le film Bonbon d'Abdlahmid Bouchnak qui a connu un vif succès à l'étranger et qui a offert un débat très émouvant et constructif". Le festival proposait, en effet, pour l'occasion la projection de plus de 25 films (longs-métrages, courts-métrages et documentaires) ainsi que 12 performances musicales, amateurs et professionnels. Autour de cette riche programmation artistique, l'événement a consacré ses matinées à plusieurs débats autour de la culture, des alternatives, des collectifs ou encore de success stories et là encore le mélange des genres était au rendez-vous, avec des confrontations aussi étonnantes qu'une troupe de salsa et un groupe de hip-hop. Le photographe Hamid Eddine Bouali, qui a présenté son travail de l'année 2017, a ainsi permis d'évoquer les problèmes rencontrés par les photographes du pays: "le fait que le ministère se fiche de la photo en Tunisie et qu'elle ne soit pas classée comme un art". Le public du débat a, dans cette idée, suggéré la création d'un collectif de photographes en réponse à la négligence du ministère. Parmi les modèles de réussite du domaine culturel (success stories), le festival a également invité le collectif de bédéistes LAB619 et la danseuse Nawel Skandrani. "Elle est mondialement reconnue et n'a pas de carte professionnelle depuis 40 ans! Elle a évoqué son combat pour une section 'danse' au ministère". "On a eu un débat très émouvant avec Nawel Skandrani et de jeunes danseurs, notamment sur le fait que les jeunes ne rencontrent pas les mêmes problèmes que les anciens", explique Amen Allah Ouakajja. Zulu Reema, jeune danseur tunisien handicapé dont le talent et la persévérance ont déjà ému le monde entier, comptait parmi les invités d'honneur de l'événement. Sans jambe, il a quant à lui partagé son bouleversant combat pour poursuivre sa passion et s'offrir une prothèse professionnelle "car l'Etat n'a rien fait pour lui", s'indigne Amen Allah. Une manifestation métissée, ouverte et spontanée qui a manifestement eu le résultat escompté par ses initiateurs. "C'est une réussite! Les artistes demandent d'autres sessions et le public aussi", se félicite Amen Allah. En marge du succès de cette première édition, le collectif a justement annoncé la préparation d'autres projets pour le printemps prochain au Kef puis à Kerkennah ainsi qu'une session cinéma pour les courts métrages dans peu de temps. Si l'équipe fonctionne sans budget, elle ne manque ni de créativité, ni d'humour pour partager son actualité!