Le secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Nourredine Taboubi, a plaidé, dans un discours prononcé dimanche à l'occasion de la célébration du 7ème anniversaire de la révolution pour l'adoption de nouvelles mesures capables de réduire les tensions sociales qui ont éclaté depuis le début de l'année en cours, citant notamment l'adoption d'une loi des finances complémentaires destinée à corriger les tares de la loi des finances pour l'exercice 2018. «L'UGTT avait mis en garde contre certaines mesures annoncées dans la loi des finances 2018 qui portent atteinte au pouvoir d'achat du citoyen et alourdissent les charges fiscales des salariés et des fonctionnaires. Nous avons aussi exprimé nos réserves sur l'absence de mesures visant à réduire le déficit budgétaire telles que la lutte contre l'évasion fiscale et l'amélioration du recouvrement des créances de l'Etat », a-t-il déclaré lors d'un rassemblement organisé à la Place Mohamed Ali en présence de plusieurs centaines de syndicalistes. Et d'ajouter : « Le gouvernement a jugé que les produits de base sont uniquement ceux subventionnés par l'Etat, ce qui a ouvert la porte à la hausse des prix de plusieurs produits de consommation courante et porté préjudice à de nombreuses catégories sociales ». M. Taboubi a indiqué dans ce contexte que la centrale syndicale a réclamé l'adoption de mesures visant à réduire les effets néfastes de la loi des finances sur plusieurs catégories de la population comme l'augmentation du montant des aides destinées aux familles nécessiteuses, la hausse du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et la révision du système de subvention. «Nous réclamons aussi l'élaboration d'une loi des finances complémentaire pour corriger les injustices contenues dans la loi des finances pour l'exercice 2018 », a-t-il lancé. Le responsable syndical a fait savoir, dans ce cadre, que la succession de gouvernements sans l'aboutissement à des résultats concrets, la poursuite des protestations sociales et la politique d'improvisation donnent aux partenaires étrangers ainsi qu'à l'opinion publique tunisienne, une image d'un pays qui vit une véritable crise politique, signalant au passage que l'expérience de la transition démocratique demeure précaire et que les ambitions personnelles et les intérêts partisans étriqués sont actuellement les maîtres de la situation. «Les mouvements de protestation spontanés organisés au cours des derniers jours pour dénoncer les mesures contenues dans la loi de finances 2018 et qui ont dégénéré en désordre et atteinte aux biens publics et privés, illustrent l'échec retentissant des gouvernements post-révolution et leur incapacité à atteindre les objectifs pour lesquels le peuple tunisien s'est soulevé », a-t-il fait remarquer. Selon lui, cette impression porte énormément atteinte à l'image de la Tunisie considérée comme le seul pays arabe qui a réalisé des réussites et dont l'expérience peut inspirer d'autres pays en phase de transition. L'homme fort de l'UGTT a aussi mis en garde contre une explosion sociale plus marquée au cas où la politique et l'opacité en matière de prise de décision et l'absence de transparence sur les vraies raisons de la crise perdurent. Il a, par ailleurs, mis l'accent sur la nécessité de poursuivre les négociations, dans le cadre du contrat social, au sujet des grands dossiers afin d'engager des réformes dans les secteurs en difficulté en raison des mauvais choix politiques tels que la santé, l'éducation, le transport, la protection sociale et la fiscalité. Sur un autre plan, M. Taboubi a, appelé à sauver les entreprises publiques en difficulté en examinant leurs situations financières au cas par cas et en procédant à leur restructuration dans le cadre d'une approche participative, à prendre des mesures urgentes en vue de mettre fin au glissement du dinar et à lutter contre la spéculation. Il a également mis l'accent sur la nécessité de soutenir toutes les initiatives visant à lutter contre la corruption et à se mobiliser pour les prochaines élections municipales en vue de contribuer à la victoire des forces patriotiques et à l'échec de celles liées à l'argent sale ou qui ne se soucient que de leurs intérêts partisans étroits.