Projet de loi de finances 2018 : tout est, semble-t-il, à renégocier, en impliquant davantage les deux centrales syndicale et patronale sur la voie du réalisme et de la raison Pris dans une marge de manœuvre fort ténue en matière de financement de ses programmes sociaux et de développement, le gouvernement subit, en plus, dans les coulisses de la décision politique, les pressions malvenues des lobbys partisans, notamment ceux d'Ennahdha et de Nida Tounès. Vient s'ajouter l'étau des visions corporatistes des grandes organisations socioprofessionnelles Utica et Ugtt dont les «lignes rouges» se coupent et se recoupent, empêchant le bouclage financier des programmes et projets réformateurs prévus dans le budget de l'Etat pour 2018. Après les contestations fermes et franches de l'Utica, qui estime inacceptable le niveau de la pression fiscale globale «handicapant l'entreprise» et l'empêchant tant d'améliorer sa compétitivité que de jouer son rôle dans la relance de l'investissement, voici qu'un communiqué de l'Ugtt vient radicaliser son attitude à l'égard de la loi de finances en gestation. La centrale syndicale estime ainsi que «la lutte contre la corruption constitue la base du sauvetage de l'économie nationale» et insiste sur la nécessité d'une «politique claire et ferme dans ce sens, notamment contre l'évasion fiscale par des mesures immédiates» et d'autres à moyen terme qui garantissent l'équité fiscale. Et le communiqué de critiquer l'augmentation de la TVA qui «alourdit les charges pesant sur le citoyen» et grève son pouvoir d'achat. Alors qu'une «amélioration des méthodes permettant son recouvrement de manière adéquate» suivant ses taux actuels permettrait de préserver le pouvoir d'achat. Enfin, l'Ugtt appelle à un démarrage des négociations sociales pour l'augmentation des salaires à partir du mois d'avril 2018, et demande au gouvernement de mettre en œuvre une «solution participative» pour résoudre le problème des entreprises publiques, afin qu'elles «puissent jouer leur rôle stratégique dans l'impulsion de l'économie nationale» Bref, l'Ugtt refuse tout compromis sur le sort des entreprises d'Etat déficitaires qui alourdissent le déficit du budget de l'Etat, rejette les augmentations de la TVA et revendique des mesures immédiates et efficaces contre l'évasion fiscale. Rien qui soit actuellement à la portée des moyens du gouvernement, malgré toute la bonne volonté et l'ouverture d'esprit qu'il ne cesse de témoigner. Tout est, semble-t-il, donc à renégocier, en impliquant davantage les deux centrales syndicale et patronale sur la voie du réalisme et de la raison