Le Mouvement "Machrou Tounes" a annoncé, hier, son retrait du Document de Carthage. Le parti déclare, en outre, "ne plus soutenir le gouvernement d'union nationale" et demande "le changement du gouvernement". "Le gouvernement, dans sa composition actuelle, ne peut plus assurer la stabilité", lit-on dans une déclaration dont la TAP a eu une copie. D'après le parti, le processus du Document de Carthage est "terminé" et "n'est plus capable de faire appliquer les accords convenus". Le parti tient, par ailleurs, à saluer les efforts du président Béji Caïd Essebsi "pour sauver ce processus". Khawla Ben Aicha, députée du bloc parlementaire Machrou Tounes explique ci-après les raisons de cette prise de décision. -Le Temps : Pourquoi ce retrait du document de Carthage? -Khawla Ben Aicha : Nous estimons plutôt que cet accord est caduc et qu'il n'y a plus aucun intérêt pour le parti Machrou Tounes de continuer à assister aux réunions de ses signataires. Cet accord est un ensemble de principes sur lesquels tout le monde est d'accord sauf que les mécanismes de leur mise en place et application n'ont pas été respectés. De plus plusieurs partis se sont retirés de cet accord donc plus aucune unité n'existe ni dans le cadre des réunions des signataires initiaux du pacte ni autour du gouvernement -Vous appelez à la formation d'un gouvernement de technocrates, pourquoi? -Ce n'est pas nouveau nous avons appelé à cela depuis la signature du pacte de Carthage et l'idée de former un gouvernement d'union nationale. Nous avons appelé alors à éviter les quotas partisans et à la mise en place d'un gouvernement de compétences indépendantes , un gouvernement d'action autour duquel il y aurait une union nationale ... Et nos appels sont tombés dans de sourdes oreilles ... Nous avons réitéré cet appel lors du large remaniement ministériel effectué en septembre dernier et conseillé au chef du gouvernement de se défaire de toute pression partisane. Et cette dernière est bien exercée .. Aujourd'hui nous restons sur la même position d'autant plus que nous voyons tous les ministres du parti au pouvoir mettre de côté leurs priorités et se concentrer sur les prochaines échéances électorales en y allouant les moyens de l'Etat ce qui est inacceptable et aberrant dans la situation actuelle ... Pire encore nous voyons des ministres à qui nous avons accordé la confiance en tant qu'indépendants rentrer soudainement sous la bannière du parti au pouvoir et servir ses intérêts électoraux. A ce propos le ministre des Finances était quasi absent lors des dernières protestations contre les dispositions de la loi de finances 2018 et voilà qu'il est nommé à la tête d'une commission électorale ...La situation économique et sociale ne peut plus supporter de tels comportements que nous jugeons irresponsables et l'Etat ne peut et ne doit pas être asservi pour les intérêts de partis politiques mais pour servir les citoyens . -Quel est le devenir politique de votre mouvement? -Notre mouvement garde son orientation initiale de soutien de bonnes politiques, de critique constructive des mauvaises politiques et d'être une force de propositions. On se positionne en tant qu'opposition constructive car nous estimons aujourd'hui que le gouvernement dit de « la dernière chance » comme l'a qualifié le président de la République a raté cette chance et nous ne pouvons donc plus le soutenir car il a rompu le contrat moral qui était conclu et a failli à ses promesses d'une part d'appliquer les principes du pacte de Carthage et d'autre part dans la composition même du gouvernement et son action qui se retrouve à servir des intérêts partisans en laissant de côté les priorités du pays en termes de lutte contre la corruption , de croissance , de création d'emplois et dont tous les indicateurs sont en régression et ont atteint les pires moyennes de l'histoire du pays .. -Comment abordez-vous les prochaines élections municipales? -Nous nous y préparons depuis un long moment déjà et nous essayons de coordonner avec un groupe de partis amis qui a atteint aujourd'hui les 11 partis . Nous avons convenu de présenter des listes communes dans un nombre de municipalités, nos propres listes dans d'autres ou encore soutenir des listes indépendantes selon ce que nous jugerons dans l'intérêt des communes et des citoyens car pour ces élections ce sont les partis qui doivent être au service des régions et des citoyens et nous nous devons donc de faire le meilleur choix en termes aussi de choix de leurs représentants