Le syndicat des médecins dentistes de libre pratique a annoncé, dans un communiqué rendu public hier, avoir mis fin à sa relation contractuelle avec la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), en raison du refus de cette dernière de mettre à jour la convention sectorielle liant les deux parties. «Nous informons les médecins dentistes de libre pratique de la fin de la relation contractuelle avec le CNAM depuis le 7 février 2018, et ce conformément à la mise en garde adressée à la caisse le 3 août 2017», a souligné le syndicat, indiquant avoir décidé de ne pas renouveler la convention le liant à la CNAM qui a expiré le 06 février 2018. Le syndicat a rappelé avoir tenté vainement pendant plusieurs mois de pousser la Caisse à mettre en application ses engagements conventionnels et à négocier une réforme du système d'assurance-maladie. «Les séances de dialogue n'ont cependant démarré que depuis trois semaines, ce qui n'a pas permis de trouver des solutions effectives aux différents problèmes qui se posent », a-t-il révélé. Le syndicat des médecins dentistes de libre pratique réclame en premier lieu, la révision à la hausse des tarifs des consultations alors que les prix des médicaments et des matières premières utilisées ont augmenté considérablement, ce qui a alourdi les charges supportées par les professionnels du secteur. D'après les praticiens, le tarif de la consultation devrait désormais être fixé à 30 dinars tandis que celui de l'unité de soins «D » devrait passer à 2700 dinars. Il plaide aussi pour l'intégration des prothèses dentaires dans la nomenclature générale des prothèses prises en charge par la CNAM et la révision à la hausse du plafond de la couverture médicale réservé aux soins dentaires. Ce plafond n'a pas été révisé depuis plusieurs années. Il est de 200 dinars pour le chef de famille et 50 dinars seulement pour chaque autre membre de la famille. Le syndicat réclame, d'autre part, la révision de la nomenclature générale des actes dans le sens de l'élargissement de la liste des actes pris en charge par la CNAM. Le taux de remboursement des frais dans le domaine de la médecine dentaire ne dépasse pas 50% contrairement à d'autres spécialités où le patient est remboursé à hauteur de 80%, voire plus. Les dentistes avaient déjà demandé à la CNAM de rembourser totalement les dépenses de soins dispensés aux enfants âgés de 11 ans dans le but de renforcer le côté préventif et réduire les frais de traitement à l'âge adulte, mais la Caisse n'a pas répondu favorablement à cette requête. Retards de paiement récurrents Les médecins dentistes de libre pratique ne sont pas les seuls professionnels de la santé à réclamer l'augmentation des tarifs de consultation et la révision à la hausse du plafond des soins. L'intersyndicale des prestataires de soins privés, qui regroupe plusieurs structures syndicales représentatives des prestataires de soins privés telles que le Syndicat tunisien des médecins libéraux, la Chambre syndicale nationale des établissements de santé privés, la Chambre syndicale des cliniques de dialyse de Tunisie, le Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie et le Syndicat national des biologistes de libre pratique, avait annoncé en janvier dernier qu'elle n'appliquera désormais plus les tarifs des soins et les honoraires figurant dans les conventions sectorielles conclues entre les syndicats des professionnels de santé et la CNAM. «Nous appelons à l'ouverture immédiate de négociations pour la révision des conventions sectorielles dans le sens de la mise à jour des tarifs conventionnels et des honoraires et annonçons que nous ne reconnaissons plus ces tarifs depuis le 1er janvier», avait souligné l'intersyndicale. Les prestataires de soins privés ont, par ailleurs, dénoncé des retards récurrents dans le paiement des prestataires de soins privés, toutes catégories confondues, par la CNAM, ainsi que des violations manifestes des dispositions des conventions sectorielles conclues avec les syndicats. Ils ont aussi rappelé dans ce cadre que ces conventions régissant les rapports entre la Caisse et les prestataires de soins privés sont gelées depuis plus de dix ans bien que la loi stipule leur révision tous les trois ans. En vertu de la loi 71 de l'année 2004 portant création de la CNAM, cette dernière est appelé à tenir un conseil national de l'assurance maladie chaque six mois avec la participation de tous les intervenants pour suivre l'évolution du secteur et trouver des solutions aux difficultés enregistrées. Ce conseil ne s'est cependant réuni que trois fois seulement depuis l'entrée en vigueur de l'actuel régime d'assurance-maladie. A noter que le PDG de la CNAM, Béchir Irmani, a révélé, lors d'une séance d'audition par la commission de la santé et des affaires sociales à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) tenue jeudi, que les arriérés dus par les prestataires de soins publics et privés auprès de la CNAM ont atteint 1576 millions de dinars.