Les enseignants du secondaire ont observé, hier, une grève dans tous les collèges et lycées du pays en signe de protestation contre le refus du ministère de tutelle de satisfaire leurs revendications. Ce mouvement de protestation qui intervient suite à la rétention des notes des épreuves du premier semestre a été bien suivi dans toutes les régions. «Malgré les campagnes de dénigrement qui ont ciblé le syndicat, le taux de participation à la grève générale a atteint 97,29% avec des pics de 100% enregistrés dans les régions de Sfax et Medenine», s'est félicité le secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement secondaire, Fakhri Smiti. Et d'ajouter : «des atteintes manifestes au droit de grève ont été cependant enregistré dans certains établissement, dont l'irruption du chef du poste de police au collège de Menzel Abderrahmen (gouvernorat de Bizerte) pour menacer les grévistes. Il s'agit d'une pratique honteuse qu'on croyait révolue». Le responsable syndical a rappelé que le débrayage était le dernier recours face à l'atermoiement des autorités de tutelle et du manque du sérieux des représentants du ministère lors de la séance de conciliation tenue mardi dernier. «Les représentants du ministère n'ont fait que jeter la balle dans le camp de la présidence du gouvernement en affirmant que la satisfaction de la plupart des revendications des enseignants n'est pas du ressort du ministère », a-t-il précisé, indiquant que la seule proposition concrète avancée par le ministère était en deçà des attentes. Cette proposition concerne l'augmentation de l'indemnité de contrôle des examens de 20 dinars. La fédération générale de l'enseignement secondaire, réclame, en premier lieu, la mise en œuvre du 10ème point de l'accord d'octobre 2011, qui préconise la classement de l'enseignement comme étant un métier pénibles et ouvre de la sorte à tout enseignant âgé de 55 ans et ayant une ancienneté de 30 ans de service la possibilité de partir volontairement à la retraite. Elle appelle aussi le ministère de l'Education et celui de la Jeunesse et des sports à revoir à la hausse les indemnités spécifiques des enseignants dont la situation matérielle s'est dégradée à la suite de mesures fiscales contenues dans la loi des finances 2018 La fédération rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) dénonce aussi l'absence de toute volonté de procéder à une réforme profonde et concertée de l'éducation et la dégradation des infrastructures. Selon les données de la fédération, quelque 480 établissements scolaires nécessitent une intervention urgente et immédiate et plus de 30% des foyers universitaires et secondaires ne répondent pas aux normes en vigueur en matière d'hébergement. Face au mutisme du ministère de l'Education, la fédération a agité hier la menace d'une nouvelle escalade. Une demande a été en effet adressée au Bureau exécutif de l'UGTT pour la tenue d'une réunion de la commission administrative du syndicat le 24 février en vue programmer de nouvelles actions de protestation. «Toutes les options, y compris la grève ouverte, sont envisageables», avertit Fakhri Smiti. Du côté du ministère de l'Education, on laisse entendre que les revendications du syndicat sont «excessives», tout en réaffirmant la prédisposition des autorités aux négociations. «La grève est un droit garanti par la Constitution, mais la décision de ne pas remettre les notes des examens n'est pas légale», a affirmé le ministre de l'Education nationale, Hatem Ben Salem mercredi lors d'une séance d'audition tenue à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Déplorant des actions de protestation qui déstabiliseront l'ensemble du système éducatif, M. Ben Salem a également déclaré que les revendications du syndicat son impossibles à réaliser « Le ministère n'a pas les moyens de mobiliser les sommes d'argent énormes demandées, néanmoins nous sommes prêts à négocier», a-t-il fait savoir.