Comment peut-on qualifier ces honorables élus du peuple qui ne sont pas, toujours, là pour faire avancer la chose publique, alors qu'ils se mobilisent, lorsqu'il s'agit d'affaires ou de vote qui concerne leurs partis ? Jeudi, ils n'étaient pas nombreux à assister à l'examen du Code des collectivités locales, alors qu'ils étaient nombreux, plus de 160, bien que ce soit encore insuffisant, pour tenter de faire aboutir les élections des trois membres du Conseil constitutionnel où chaque parti avait défendu son candidat, pour faire capoter le vote. L'hémicycle est devenu une arène pour des combats acharnés entre les députés, où tous les coups sont permis et où on arrive, parfois même, à faire usage d'un langage le moins que l'on puisse dire « impoli, de bas... de gamme ». Le démarrage de l'examen de la loi organique du Code des collectivités locales a été très lent et très peu suivi, ce qui a conduit le bureau de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) à décider, jeudi, lors de sa réunion, de modifier le calendrier de l'adoption du projet, à la demande du président de la commission de l'organisation de l'administration et des affaires des forces porteuses d'armes au vu du nombre élevé des propositions d'amendement et d'ajout présentées à cet effet (plus de 400). Un total de 53 députés ont voté lors de la plénière qui a poursuivi jeudi le débat général sur le projet de loi qui a été discuté article par article. Lors de la séance de l'après-midi, les députés ont mis l'accent sur la nécessité de délimiter les prérogatives du gouverneur et du conseil municipal pour éviter que leurs attributions n'interfèrent dans celles du pouvoir central. Les remarques des députés ont oscillé entre l'appréhension de voir le pouvoir local prendre l'ascendant sur le pouvoir central, et l'avis selon lequel la décentralisation et la consolidation de l'autorité des collectivités locales soit un appui à la mise à contribution du citoyen dans l'amélioration des prestations dont il bénéficie. Les députés présents ont fait étalage de leurs diatribes allant dans le sens de l'intérêt de leurs partis. Ce fut le cas de Basma Jebabli (Mouvement Ennahdha) qui a mis l'accent sur la nécessité d'appuyer le projet du code des collectivités locales par un projet de loi stipulant la dépolarisation et un autre délimitant les prérogatives et le champs d'action du gouverneur. Salem Labyadh (bloc démocratique) a critiqué les appréhensions de certains députés quant à une mainmise de la décentralisation sur le pouvoir central. En revanche, le député Mohamed Ramzi Khamis (bloc de Nidaa Tounès) n'a pas caché sa crainte d'un malentendu sur la décentralisation ce qui risque, à ses yeux, de démanteler les structures de l'Etat déjà affaibli ces dernières années. Dans une longue intervention, le député Ahmed Seddik (Bloc du Front Populaire) a tenu à clarifier certains concepts, soulignant la nécessité de mettre en place un pouvoir dépolarisé capable de négocier avec le pouvoir local et régional afin que les pouvoirs décentralisés puissent travailler efficacement et représenter le pouvoir central dans la région. Pour le député Marouane Felfel (Bloc de Machrou Tounès), les collectivités locales ne peuvent accomplir leur devoir au mieux sans la mobilisation de moyens matériels et humains. De son côté, le député Brahim Ben Said (Bloc démocratique) a fait part de ses craintes de voir le projet du code des collectivités locales vider de sa substance et limiter les prérogatives des autorités locales par les consensus. La députée Olfa Sokkari (indépendante) a fait valoir que la mise en place du pouvoir local va consolider la démocratie et la citoyenneté, soulignant la nécessité de garantir la liberté d'action du pouvoir local accompagné d'un pouvoir de contrôle pour conférer plus de transparence à l'action de ces pouvoirs locaux dont les services sont destinés au citoyen. Le Code des collectivités locales est très important pour le quotidien du citoyen, et les députés montrent qu'ils font-fi de ses préoccupations, avec leur nonchalance, leur inconscience et, surtout, leur incompétence. La nécessité impose une remise à l'ordre urgente, parce qu'au lieu d'accélérer le processus démocratique, les honorables élus de peuple sont devenus son principal obstacle. Un étudiant qui s'absente trois fois, sans excuse valable, à une séance de travaux dirigés est éliminé d'office et ne peut pas passer son examen. Pourquoi ne pas faire de même avec les députés qui sont payés au prix fort avec l'argent du contribuable et qui ne se donne pas à fond pour le servir. Le devoir leur impose d'être respectueux de leurs électeurs, et par conséquences d'eux-mêmes.