Le transport public figure toujours parmi les services classés dans les premiers ordres de nécessité du Tunisien. Bénéficier d'un service de transport commun qu'il soit public ou privé régulier, sécurisé et de qualité constitue l'une des aspirations légitimes des citoyens. Prendre le bus, le train ou le métro pour aller au travail, au lycée, à l'université ou à n'importe quel endroit est pour un bon nombre d'usagers une corvée pour ne pas dire un mal nécessaire. Pour arriver à destination, nous nous trouvons parfois dans l'obligation d'endurer les tourments de l'atermoiement (le retard), les bousculades, les mauvaises odeurs et aussi les agressions verbales. Un scénario quotidiennement renouvelé malgré l'ouverture du secteur au privé et les lourdes investigations de renouvellement du parc du transport commun. Les efforts déployés par les autorités publiques pour améliorer la qualité du transport public ne cesse de s'amplifier. L'importation du matériel de transport occupe une place prépondérante dans la structure des importations tunisiennes. Des importations qui sont en partie destinées à renouveler et à élargir le parc des moyens de transport commun qu'ils soient publics ou privés. En plus et dans le cadre de la politique de désengagement de l'Etat des secteurs économiques phares, le secteur du transport a été ouvert aux privés. Depuis, des opérateurs privés sont entrés en activité, dont l'objectif ultime est de dynamiser le secteur et répondre aux besoins quantitatifs et qualitatifs des citoyens. Néanmoins, force est de constater que l'urbanisation, l'évolution de la part de la population active et le nombre crescendo des inscrits à l'enseignement au primaire, secondaire et supérieur font en sorte que les efforts consentis demeurent encore insuffisants pour répondre aux évolutions socio-économiques.
Les difficultés quotidiennes rencontrées par les usagers du transport public justifient l'incapacité relative des secteurs public et privé à répondre aux exigences en quantité et en qualité sans cesse déplorées par les utilisateurs. Les problèmes sont nombreux et la responsabilité est partagée entre opérateurs et usagers. Mauvaise gestion du parc des autobus, irresponsabilité civile, comportements sociaux aberrants de part et d'autres... Aux heures de pointe, l'image qu'on se fait du transport commun est le moins qu'on puisse dire épouvantable, spécialement sur les lignes à fortes concentrations urbaines. Des scénarios infernaux et journaliers endurés par une part non négligeable de la population dont 80% d'entre elle appartiennent à la classe moyenne. Travailleurs, fonctionnaires, écoliers, lycéens, étudiants, chômeurs qu'ils soient actifs ou passifs, pickpockets particuliers... sortent très tôt pour aller à leurs destinations respectives. Et c'est le moment où commence le calvaire avec les moyens de transport commun et plus particulièrement les bus. D'abord vous êtes dans l'obligation d'attendre un quart d'heure, une demi heure voire plus. Une fois le bus est là, vous avez le libre choix. Si vous aimez la tentation et que vous voulez à tout prix arriver à temps, vous pouvez prendre un bus archi comble à portes bien béantes où il n'y a pas de place pour une mouche, où les passagers sont mi dedans mi dehors et où vous risquez la bousculade, le carambolage et même les mauvaises langues. Si vous n'êtes pas pour la tentation et vous êtes plutôt patient, vous n'avez qu'à attendre une demi heure ou plus. Mais si vous ne voulez pas rater votre cours et arriver à temps au boulot, vous n'avez qu'à prendre un taxi ou un autre moyen de transport à moins qu'il ne soit plus confortable. Le soir, c'est-à-dire, pour rentrer à la maison, c'est le même scénario qui se répète. Des stations débordantes, des heures d'attente, des bus in extenso, des courses derrière le chauffeur qui a sauté l'arrêt ...Ainsi la journée s'achève et traînant fatigues, stress et que de temps perdu. Et pour parer à ces cas de figures et offrir un service de qualité au citoyen, plusieurs sociétés privées sont entrées en activité dans le domaine de transport commun. Un nouveau parc d'autobus a été mis sur le marché. Des bus plutôt confortables, au nombre limité, à qualité de service meilleure, ponctuels et à un prix légèrement plus élevé que le transport public. Les usagers sont prêts à payer plus pour être bien servis. Néanmoins, l'on relève qu'après une certaine période de service de qualité, de bus prestations en règle et de régularité des bus privés de transport commun, des exceptions à la règle de bonne conduite commencent à voir le jour. Durant les mêmes heures de pointe, ces bus qui sont normalement destinés à transporter un nombre de passagers strictement égal au nombre de places, ont parfois tendance à violer cette règle et à changer de comportement dans le but d'embarquer plus de passagers et renflouer les recettes en ce sens. Outre l'inadéquation entre l'offre et la demande induite par l'évolution croissante de la population active, les scènes précédemment configurées n'excluent pas la responsabilité partagée des usagers et des agents du transport commun. Comment peut-on éviter les risques d'accidents lorsqu'on voit des passagers ou des gens accrochés presque en dehors du bus à porte bien ouverte?. Autre chose, comment expliquer la mauvaise gestion du parc des autobus (abondance des autobus pour les lignes à faible concentration urbaine ou à faible demande au détriment des autres zones?. Faut-il encore élargir le parc des autobus, activer la concrétisation des projets de liaison des zones urbaines aux lignes de métro et sensibiliser davantage les citoyens à un comportement plus civile digne des progrès socio-économiques enregistrés en Tunisie.