L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) accentue la pression sur le président du gouvernement, Youssef Chahed, sachant que l'organisation a son poids dans le paysage politique actuel, tout en espérant que ses actions ne dévient pas de sa mission qui est celle de défendre l'intérêt des travailleurs, surtout que c'est l'avenir du pays qui est en jeu et que le temps ne permet pas des changements de gouvernement, en raison des échéances qui nous attendent. La pression s'accentue sur Chahed et pour Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'UGTT, le temps de ce gouvernement est compté, surtout qu'il a osé parler de cession de certaines entreprises publiques non-compétitives, ce qui ne plait pas à la centrale syndicale qui aurait, pourtant, mieux fait de s'intéresser à la situation désastreuse de ces entreprises qui puisent dans les caisses de l'Etat et au rappel à l'ordre de leurs employés qui ne font rien pour redresser la barre ou, du moins, à se remettre sérieusement au travail, afin de sauver ce qui peut l'être. Le gouvernement n'a pas une grande marge de manœuvre, avec un président de la République qui mène le bal et qui ne se sent pas concerné par ce qui arrive. Il s'est limité à réunir les restes du Pacte de Carthage afin de donner l'impression qu'il est en train de chercher des solutions à la crise. En parallèle, les déclarations du Palais de Carthage sont, tellement, laconiques, avec un usage flagrant de la langue de bois, ce qui laisse la place à toutes les interprétations. Les dernières déclarations de Taboubi, à Sousse, ne sont que l'illustration flagrante de ce qui se passe, surtout qu'il avait déclaré que le président de la République lui avait annoncé, lors de leur récente rencontre qu'il n'y a aucune idée de cession des biens publics. L'autre face du dé est constitué par la classe des corrompus qui profitent des dissensions actuelles pour se replacer et chercher de nouveaux partenaires au sein de la classe politique et dans l'administration, sachant que la scène s'y prête de nouveau, avec un Etat affaibli et un vide qui permet tous les dérapages. La troisième partie prenante est l'UGTT qui défend les intérêts des travailleurs, certes, mais qui est montée au créneau pour faire tomber le gouvernement ou, du moins, obtenir la tête de certains ministres. Et là, on se demande si la centrale syndicale a étudié toutes les éventualités et si elle est consciente que le changement de gouvernement, en l'état actuel des choses, va permettre d'améliorer la situation, au niveau de la reprise économique et de la confiance des partenaires de la Tunisie. Dimanche, à Bizerte, le secrétaire général de la centrale syndicale n'y était pas allé de main morte et a enfoncé le clou en soulignant que les caractéristiques de la future équipe gouvernementale et de celui qui conduira la prochaine étape seront clarifiées à la lumière des conclusions des travaux des signataires du Document de Carthage. Selon lui, les travaux des parties prenantes parmi les partis et les organisations nationales, repris hier, devaient porter sur le diagnostic de la situation du pays et l'identification des priorités. Présidant ce dimanche un rassemblement massif à l'union régionale du travail à Bizerte, le secrétaire général de l'UGTT a ajouté que les signataires vont devoir examiner minutieusement la situation actuelle et identifier les solutions possibles. "Tous les scénarios sont envisageables, a-t-il lancé: Que Youssef Chahed soit maintenu à son poste ou qu'il parte. Qu'on procède au réaménagement de certains ministères ou que l'on préconise d'autres solutions". "Il n'est plus temps de faire de la complaisance. Il faut plutôt relever les défis et trouver des solutions efficaces et concrètes", a-t-il soutenu. « La bataille de l'UGTT est une bataille sociale contre les décisions du gouvernement et sa politique de fuite en avant », a insisté le secrétaire général de l'UGTT. Le président du gouvernement, a-t-il argumenté, a sapé les fondements du contrat social à travers la non-activation du conseil national du dialogue social et l'adoption d'une politique de passage en force. L'UGTT est contre la cession des établissements publics, a souligné Noureddine Taboubi, appelant au dialogue pour trouver les solutions adéquates. Les solutions sont très claires, pourtant, et chacun doit jouer son rôle pour arriver à un consensus. Plusieurs entreprises publiques sont devenues un puits sans fonds, avalant les fonds de l'Etat, sans que personne n'en soit gêné. Sans être partisan ou à la solde de qui que ce soit, les solutions résident dans la nomination de responsables, à travers des contrats par objectifs, l'incitation des employés à fournir les efforts nécessaires pour améliorer la production et la productivité et d'éloigner les magouilleurs et les empêcheurs d'aller de l'avant, pour ces entreprises qui risquent d'être cédées pour des prunes. D'autres solutions plus adaptées, si on laisse réfléchir les experts et si on accorde une certaine confiance à ceux qui sont imprégnés d'un esprit patriotique... et ils sont, encore, assez nombreux, dans ce pays qui court, actuellement, à la débandade.