* Un colloque scientifique international a eu lieu à Sousse sous le thème « unissons-nous contre la rupture épistémologique » Le colloque scientifique international dans sa 3ème session ayant à débattre le thème de la "Terminologie et la Communication" s'est tenu du lundi 3 au jeudi 6 décembre dans la perle du Sahel. Après la première session qui avait débattu la dynamique de la terminologie (décembre 2005), seconde édition (décembre 2006) qui s'était intéressée à la Terminologie et à la théorie chez le grand ethnologue Abderrahmane Ibn Khaldoun, celle de 2007 a pour préoccupation fondamentale d'étudier le rapport entre terminologie et communication. Dans sa présentation de ce symposium, le Docteur Taoufik Zidi, professeur à la faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse et président du Comité d'organisation de ces colloques scientifiques internationaux a tenu à préciser que ces rencontres annuelles entre intellectuels et universitaires venus d'horizons divers ont pour objectif primordial de redéfinir une stratégie nouvelle en vue de remédier aux carences qui affectent la communication entre pays et peuples. "La problématique à soulever , dit-il, est de comprendre le pourquoi et les dessous de la coupure, de la rupture entre cultures différentes. Est-ce un problème d'unification de la terminologie ? Est-ce un problème d'ordre épistémologique donc d'interprétation et de compréhension diversifiées de l'origine de la connaissance", s'interroge-t-il? C'est à ce genre d'interrogation, à ces attentes et à ces inquiétudes qu'essayent de répondre les séminaristes tout le long de cette manifestation scientifique et culturelle. A une époque où la planète terre transformée en un grand village grâce à l'essor fulgurant des moyens de communication de masse, ce colloque revêt une importance particulière, pour la vulgarisation et la propagation de la connaissance , ainsi qu'une bonne communication, et un décodage du message transmis du destinateur au destinataire, ajoute-t-il. Ce symposium a donné l'occasion à de nombreux universitaires tunisiens et autres (algériens en particulier, un marocain, un syrien, une émiratie) de traiter du thème de "La terminologie et la communication" sous ses différents angles de vue. Nous avons choisi deux interventions faites par deux universitaires tunisiens, la première de M. Farhat Drissi, membre de l'unité de recherche "La terminologie de la critique" à l'Ecole Normale supérieure de Tunis et la seconde de M. Abdelkader Hassoun, membre de l'unité de recherche à la faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse "La société de la terminologie". Les deux participations s'inscrivent dans l'optique dialectique qui s'opère entre la terminologie et la communication. M. Farhat Drissi a soulevé dans sa réflexion les facteurs susceptibles d'entraver et de bloquer tout acte de communication. Il estime que toute différence si minime soit-elle au niveau de la terminologie utilisée est en mesure de brouiller le message et de rompre la relation entre émetteur et récepteur. Cette mauvaise perception crée un vide, une confusion. De part et d'autre les ponts sont coupés. Les esprits sont déroutés. Tout est voué à l'échec. Dans une situation pareille, la rupture est involontaire. Elle est à la fois spontanée et instantanée. Mais, il y a pire, dit l'orateur lorsque la rupture est intentionnelle, voulue, choisie et délibérée. Dans ce cas, le destinateur cherche par tous les moyens d'une manière préméditée et réfléchie à brouiller les pistes, à semer le doute dans l'esprit du destinataire en voilant le terme employé de tous les mystères. La connaissance du terme est imparfaite, l'acquisition de l'information est incertaine. Il y a lieu de parler dans ce cas d'échec total de la communication. Le destinataire est victime d'un choix tramé par le destinateur qui dès le départ a obscurci le code de communication. Prenant la relève M. Abdelkader Hassoun a abordé un autre sujet non moins important celui du rôle de la langue spécifique dans le processus de la communication. Il a d'abord rappelé à l'assistance la mondialisation et la globalisation dans lesquelles s'engage forcément la société humaine actuelle en cette nouvelle ère de l'information. Cette uniformisation et cette standardisation ont été rendues possibles grâce à la naissance de nouvelles langues universelles, dites langues utilitaires et fonctionnelles qui s'accommodent à toutes les cultures et qui s'imposent à tous les pays et à tous les peuples si différents et si éloignés soient-ils. Ce sont des langues scientifiques et techniques qui font que le monde actuel avec sa diversité, son hétérogénéité danse sur le même pied et entame le même refrain. Dans cette perspective, les occidentaux, estime l'intervenant, écartent la langue arabe et la relèguent parmi les langues à vocation littéraire et artistique. C'est une langue de spiritualité, d'effusions sentimentales, prétendent-ils. Elle est incapable de véhicule, les terminologies scientifiques et technologiques actuelles, ajoutent-ils. C'est ce qui explique en grande partie, le retard qu'accusent à présent les pays arabes par rapport aux nations dites développées, disent-ils encore. L'orateur s'est appuyé sur l'argument des linguistes qui réfutent catégoriquement cette thèse occidentale et qui rétorquent aux détracteurs de la langue, donc de la culture arabe. La linguistique, a en effet démontré, précise-t-il que toutes les langues, se basant sur les mêmes cordes vocales propres à tous les êtres humains indépendamment de leur race et de leur culture, se valent et par conséquent peuvent accomplir la même mission. Pour étayer sa prise de position, l'universitaire tunisien s'est référé à l'histoire la plus reculée pour dire que le mérite des arabes est grand dans l'élaboration d'ouvrages spécialisés en médecine, en botanique, en biologie, en géographie, en climatologie, en pharmacologie et en sciences théologiques. Si l'occident s'est fait une grande réputation, cela s'est fait sur l'exploitation de l'héritage et du patrimoine culturel et civilisationnels arabo-musulmans. L'Occident a bâti sa civilisation, son évolution en exploitant à bon escient le travail et l'effort des autres. Il a également fait savoir que si les occidentaux négligent délibèrement la richesse bibliographique arabo-musulmane c'est en raison de l'absence d'une part d'une bonne traduction qui reprend scrupuleusement et sans plagiat ces références scientifiques anciennes œuvres. Et d'autre part à cause de l'absence d'une pédagogie appropriée pour vulgariser et propager ces connaissances d'une valeur inestimable. Aujourd'hui, la plupart des pays arabes ont renié leur passé florissant, ont épousé des modèles étrangers. C'est une déculturation qui leur a fait perdre leur identité et qui les fait vivre dans une amère aliénation.