C'est un train pas comme les autres qui a pris le départ lundi de la gare de Tunis en direction de Medjez el Bab, donnant le top départ à une aventure aussi magnifique qu'unique en Tunisie, pour le plus grand bonheur des amateurs de nature. De couleur bleue et verte, orné du logo SNCFT Voyages mais aussi de bon nombre de monuments historiques, ce train est le fruit d'une collaboration réussie entre la Compagnie des chemins de fer et la société civile, plus précisément l'association GreenWay. S'étant investies dans ce projet depuis des mois, les deux parties ont célébré, cette semaine, la concrétisation de leurs efforts en inaugurant un premier trajet test en direction du nord-ouest. Et c'est à bord de ce train que 117 voyageurs randonneurs embarqueront dimanche 1er avril en direction de Sicca Veneria, plus familièrement connue sous le nom du Kef. Le train SNCFT Voyages est désormais mis à la disposition des organisateurs de voyage pour promouvoir ce moyen de transport écologique. Il est donc possible de le louer, de choisir l'heure de départ et de retour ainsi que toutes les gares auxquelles il s'arrêtera. Comme l'affirme si bien Majda Yaakoubi, Présidente de GreenWay, le train n'est plus uniquement sur les rails mais l'est aussi sur les routes. Impliquée dans ce projet depuis ses débuts, l'association a notamment contribué à la rédaction de l'éditorial du livret disponible dans les wagons de ce train, mais aussi à définir les gares d'arrêt ou encore à sensibiliser le grand public quant à cet acquis, premier en son genre dans le pays. Autre grande nouveauté, la SNCFT se chargera d'assurer le relais entre les gares d'arrêt et la destination finale des randonneurs. Ainsi, le train s'arrêtera à l'arrêt le plus proche et un minibus assurera le transfert jusqu'au point d'arrivée final. Un moyen intelligent pour encourager les randonneurs à adopter le mode train pour leurs déplacements et autres activités en pleine nature. Mais pourquoi le train ? Pour la Présidente de GreenWay, la réponse est très évidente : « Tout simplement parce que c'est le moyen de transport en commun le plus écologique et le moins polluant qui soit, bien loin devant les bus et les mini-bus. De plus, c'est très confortable de voyager en train en plus de l'ambiance conviviale qui y règne. » Elle ajoute : « Le train, c'est le futur. Les pays développés ont tous misé sur ce moyen de transport, confortable, rapide et respectueux de la nature. Remplacer sa voiture personnelle par le train assure un gain énorme de temps et d'argent. La Tunisie aurait tout à gagner à adopter cette voie. » A l'origine du projet SNCFT Voyages, le désir d'appuyer et de promouvoir le tourisme alternatif qui favorise le développement durable à court et à long termes. Ayant fait leur apparition en force depuis quelques années dans le pays, les activités outdoor ont de plus en plus d'adeptes, surtout parmi les jeunes adultes âgés entre 25 et 45 ans. C'est ce que confirme Majda Yaakoubi, qui déclare à ce propos : « Une communauté de passionnés de nature et de randonnée mais aussi de spéléologie, de trekking et de camping a vu le jour il y a quelques années dans notre pays et ne cesse de se consolider au fil du temps. L'idée étant de profiter de la nature sans nuire à l'environnement et sans menacer l'écosystème des zones visitées. Les activités organisées par notre association s'inscrivent pleinement dans cet esprit avec des randonnées sportives et culturelles sur des circuits balisés, des campagnes de sensibilisation aux bienfaits du sport et de l'activité physique, des actions d'initiation à la randonnée dédiées aux enfants, mais aussi des campagnes de soutien aux patients notamment ceux qui souffrent de cancer. Ayant moi-même souffert d'un cancer du sein, je connais l'importance de pratiquer régulièrement une activité physique, tel que me l'a conseillé mon médecin à l'issue de cette épreuve. » En plus de préserver la forme physique des randonneurs, la randonnée et toutes les activités en extérieur ont de multiples autres avantages et notamment économiques puisqu'elles confortent le tourisme alternatif qui se porte comme un charme depuis quelques années déjà comme l'affirment les experts. Il n'est pas aussi fragile que le tourisme balnéaire par exemple qui menace, à toute occasion, de s'écrouler et d'entraîner l'économie dans sa chute. Le tourisme alternatif repose en effet sur trois piliers: l'économie, le social et l'environnement. D'une part, il est créateur d'emplois puisque les guides sont tous recrutés localement. D'autre part, il permet de faire connaître les spécialités culinaires de la région visitée en plus de faire profiter les commerces et les artisans locaux de la présence de dizaines de nouveaux clients venus d'ailleurs. Dans certains pays, ces activités outdoor sont réglementées et régies par un organisme qui veille à la bonne marche de ce domaine. En Tunisie, un projet est en cours pour lancer une fédération similaire pour structurer la randonnée et les activités outdoor et pour cause ! De nombreux intrus profitent de ce créneau porteur et prospère pour organiser des activités similaires à la randonnée sans pour autant veiller à la propreté des endroits visités et à la préservation de la nature. Très inquiète à ce sujet, Majda Yaakoubi tire la sonnette d'alarme et déclare : « Oued Zitoun, Beni Mtir, Oued Abid et d'autres endroits naturels magnifiques paient cher la rançon de leur gloire et de leur succès auprès des randonneurs. Nombreux sont ceux qui louent des bus et y emmènent des centaines de personnes chaque week-end qui viennent salir et saccager l'endroit, jeter leurs détritus en pleine nature, jouer de la musique tambour battant et autres attitudes néfastes pour la nature et tout l'écosystème avoisinant. Cela soit cesser et ces individus doivent payer de leurs actes qui sont des crimes envers la nature. »