"Voix de Kasserine", une projection-débat avec Olfa Lamloum et Michel Tabet, le mardi 3 avril à l'IFT Dans le cadre du cycle Echanges-Débats "ID'BA", l'Institut français de Tunisie (IFT) organise, le mardi 3 avril (18h00), une projection-débat du film documentaire "Voix de Kasserine" en présence des réalisateurs Olfa Lamloum et Michel Tabet. La chercheuse politologue tunisienne Olfa Lamloum et le documentariste franco-libanais Michel Tabet se sont réunis autour de ce projet cinématographique pour mettre la lumière sur une partie de la population tunisienne encore marginalisée. L'équipe du film sera présente à cette projection pour débattre avec le public sur ce documentaire qui met en scène une série de portraits des habitants de la ville du centre-ouest tunisien pour parler du quotidien, leurs aspirations et le regard qu'ils portent sur l'après-révolution, en parcourant six ans après la chute de Ben Ali, le gouvernorat de Kasserine l'un des fiefs de la révolution de janvier 2011, en donnant la parole aux habitants de cette région frontalière de l'Algérie. Paysans et paysannes, jeunes diplômés chômeurs, enfants, jeunes vivant de la contrebande, artistes et militant (e)s de la société civile racontent Kasserine. Ils évoquent leurs conditions de vie, leurs sentiments de dépossession, leurs attentes, leurs rêves et leurs résistances. Construit autour de portraits d'individus et de paysages, le film fonctionne comme une plateforme d'échange et de discussion autour des questions de marginalisation et de relégation. Il interroge plus largement le modèle tunisien de la transition démocratique depuis les régions de l'intérieur où la question sociale et le devoir de mémoire demeurent d'actualité. Olfa Lamloum est directrice du bureau d'International Alert à Tunis. Politologue de formation, elle a mené et coordonné plusieurs recherches sur la question de la marginalisation et de l'exclusion urbaines et périurbaines, notamment dans le gouvernorat de Kasserine. Elle a parallèlement conduit la mise en place de nombreux projets de promotion de la démocratie participative et de la gouvernance démocratique dans des quartiers populaires et des régions frontalières en Tunisie. Auparavant chercheure à l'Institut français du Proche-Orient à Beyrouth, elle a publié plusieurs articles et ouvrages sur l'espace médiatique et les politiques de communications d'acteurs islamistes dans l'espace arabe. Michel Tabet est un réalisateur franco-libanais dont l'approche s'inscrit au croisement entre documentaire et sciences sociales. Il a consacré de nombreux travaux à des rituels religieux dans le monde arabe (Liban, Syrie, Algérie) et travaillé avec des musiciens et des danseurs autour de projets expérimentaux. Il collabore régulièrement avec des experts et des chercheurs, notamment du CNRS et de l'IRD, pour développer des dispositifs d'enquête filmique. Il travaille également sur des questions liées à la société civile et à la démocratie. Ses documentaires s'intéressent aux façons dont les gens font usage du corps et de la parole pour habiter et fabriquer des mondes. Aigres et douces.Nouvelles de Tunisie " de François-G. Bussac, des histoires d'âmes tunisiennes ordinaires en quête d'amour et de liberté L'auteur François-G Bussac a présenté, jeudi après-midi, à la médiathèque Charles-de-Gaulle de Tunis, son dernier ouvrage " Aigres et douces. Nouvelles de Tunisie " paru dans les éditions Arabesques. Dans sa présentation, Bussac souligne que ce recueil de nouvelles diffère de celui qu'il a publié en 2010 intitulé " Tunis Cap TGM " qu'il a consacré à " la douceur de vivre " et à " la nostalgie " que ravivait chez lui la Tunisie au moment de son arrivée dans ce pays en 2004. L'auteur explique que ce nouveau recueil de nouvelles est le fruit d'un regard plus " affuté ", où les émotions " ont creusé un chemin plus aride, plus profond ". A travers une structure narrative singulière, Bussac a voulu que ces nouvelles, même si chacune raconte une histoire, tracent toutes " une sorte de roman d'amour blessé ". Entre espoir et désenchantement, ce " roman d'amour blessé " se compose de trois chapitres : " Douceurs ", " Sucrées-Salées " et " Amertumes ". Dans chaque chapitre, se racontent trois histoires où l'auteur dresse une peinture sociale d'une Tunisie postrévolutionnaire. A travers les histoires de Tarek, le chauffeur de taxi, Lella Baya, Nour où cette femme soupçonnée d'adultère, François-G Busssac interpelle son lecteur avec douceur et amertume sur des questions sociales d'une Tunisie sujette à ses contradictions et paradoxes, une Tunisie qui a adopté une Constitution " garantissant les libertés publiques et privées mais qui continue à emprisonner, sur dénonciation, des voisins ou des cousins ". Ainsi, à travers des histoires de femmes et d'hommes ordinaires qui se heurtent à la dureté de la vie et parfois son absurdité, l'auteur évoque les articles liberticides du code pénal tunisien actuel à savoir la loi 52, l'article 230, ou encore l'article 236. Pour mieux rehausser le goût et l'essence de ces histoires inspirées des rencontres de cet amoureux de la Tunisie et de ses discussions quotidiennes animées avec les taxistes, chaque chapitre est accompagné par des recettes élaborées sur les conseils de l'historien Abdessatar Amamou et qui reprennent la thématique des chapitres. Ainsi, pour le premier chapitre " Douceurs ", il est accompagné par la recette de " Tarayoum ", le second chapitre " Sucrées-Salées " par la recette de " La mechméchia " et le troisième chapitre " Amertume " par la recette " La limonia ". Pour Kerim Bouzouita , qui a écrit la préface du livre, l'écrivain François Bussac "capture l'essence de l'âme tunisienne pour distiller dans un pur concentré de littérature ", il est comme " un dealer d'opinion, il couche sur le papier ces âmes fragiles qui ne font rien d'autre avec les mains qui s'accrochent à la vie". La force du livre réside selon Bouzouita dans la clairvoyance du nouvelliste " François Bussac a vu les puissantes et invisibles métamorphoses d'un peuple révolté trahi mais toujours debout ".