Dimanche dernier, jour des élections municipales, rares étaient les jeunes à s'être donné la peine d'aller voter pour aller élire leurs élus locaux. Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons de ce fort taux d'abstention auprès des vingtenaires et des trentenaires. C'est ce qu'a annoncé le Chef du gouvernement en marge du 6ème Congrès de l'Université méditerranéenne de la Jeunesse et la Citoyenneté. Une énième enquête au pays des mille et une enquêtes qui n'aboutissent d'ailleurs jamais. Une enquête, oui mais après ? Vendredi, plus de 200 participants, en majorité des jeunes, venus de 32 pays différents et d'horizons divers, se sont rassemblés à Gammarth à l'occasion du Congrès de l'Université méditerranéenne de la Jeunesse et la Citoyenneté. Cette 6ème édition a été placée sous le signe de l'unité et de la tolérance avec pour slogans « Ensemble pour défendre les valeurs de paix et de travail en Tunisie dans tous les domaines » et « Non à la haine ». L'occasion pour ces jeunes de représenter leurs pays respectifs et d'échanger autour de problématiques qui les concernent directement et concernent leur avenir. Parmi les phénomènes qui gangrènent actuellement beaucoup de sociétés et pas seulement la société tunisienne et dont plusieurs jeunes sont les victimes directes et indirectes, la haine, le rejet de l'autre et l'intolérance, berceau de la violence et de l'exclusion. C'est pour lutter contre ces fléaux et évoquer bien d'autres sujets que ce congrès a été organisé, avec pour invités d'honneur des officiels de haut rang dont Youssef Chahed, qui s'est toujours positionné jusque là, de par son âge, à savoir 43 ans, comme proche des jeunes et à jour de leurs problèmes. Parmi les sujets d'actualité qui ont été fortement évoqués pendant ce Congrès le taux d'abstention record et inquiétant des jeunes lors des municipales, les premières de leur genre depuis la Révolution de 2011. Le Chef du gouvernement a annoncé à ce propos qu'une enquête, supervisée par l'Observatoire national de la Jeunesse (ONJ) et l'Institut national des statistiques (INS), sera menée afin de déterminer les causes de ce désintérêt. Les jeunes ne sont-ils pas allés voter car aucun des partis et des politiciens actuels ne leur parle et ne leur ressemble ? Est-ce plutôt par oisiveté et paresse ? Est-ce un désintérêt de la politique et de tout ce qui s'y rapporte ? Y a-t-il confusion entre élus du peuple et élus locaux ? Les jeunes savent-ils seulement ce qu'est un conseil municipal et à quoi sert-il ? Sont-ils conscients de l'enjeu et de l'intérêt des élections municipales ? Iront-ils voter lors des prochaines élections législatives et présidentielles ? Autant de questions qui restent jusqu'à ce jour en suspens tant le phénomène est complexe, surtout lors de ces dernières élections municipales, 37% des sièges ont été gagnés par des jeunes de moins de 35 ans. Une première en Tunisie quand on sait que les conseils municipaux étaient quasiment tous composés d'adultes de plus de quarante ans. Les jeunes et la politique, les jeunes et l'engagement citoyen, ce désamour durera-t-il longtemps ? En absence de partis et de programmes politiques qui s'adressent à eux de manière horizontale et qui s'intéressent de près et pour de vrai à leurs problèmes et à leur vécu, la réponse risque d'être oui. Dommage car sans eux, sans leur contribution et sans leurs sacrifices, la Tunisie d'aujourd'hui n'aurait pas eu lieu d'être et le pays aurait été engagé sur une toute autre voie, bien loin des valeurs démocratiques et de la liberté pour tous.