La démocratie ne réussit que sur un fondement solide, à savoir la consolidation d'une démocratie locale et d'une démocratie participative où chaque citoyen sera un membre efficace et un partenaire actif dans la prise de la décision. Le phénomène de la réticence des jeunes dans les échéances électorales est un phénomène mondial. En Tunisie, ce phénomène dépasse le taux et les pourcentages exprimant la réticence des jeunes de prendre part dans la vie politique dans d'autres régions du monde. Les jeunes ont une opinion négative du fonctionnement de la démocratie dans notre pays. A la veille des élections municipales, ils manifestent un désintéressement total. Cela s'explique en premier lieu par la nature des problèmes qu'ils rencontrent; des problèmes qui varient en fonction de la situation politique, économique et sociale dans le pays. Leurs préoccupations concernent prioritairement le cadre de vie, la famille, leurs études et leur avenir. Pour eux, la politique est peu parlante, c'est un univers encore lointain. A quelques mois des élections municipales, les jeunes sont indifférents et sont désintéressés par la politique ou simplement déçus par l'offre politique qui leur est faite ? Rafik Halouani, coordinateur général du réseau Mourakiboun,a souligné, lundi 8 mai , à Radio Med, qu'on ne sent pas une envie chez les jeunes pour aller voter aux élections municipales. « La jeunesse, dit-il, a conséquemment perdu espoir dans la possibilité d'un changement réel à travers des élections. Ils s'intéressent le moins aux affaires publiques et à la vie politique de leur pays. Ces jeunes désintéressés ne votent pas, la politique ne les intéresse. Les affirmations sur les barrières entre la politique et les jeunes sont légion. Il faut le dire qu'une génération moins sensibilisée aux enjeux électoraux, qui pourrait annoncer des taux d'abstention record dans les décennies à venir. Pour eux les élections n'ont pas de sens. Ils ne croient plus à la classe politique. La politique, c'est leur dernier souci. Ce qui les préoccupe dans l'immédiat, c'est leur avenir. Ils ne participent pas aux élections car ils veulent que cela change, mais ce changement ne vient pas. Les jeunes ne manquent pas d'idées et d'initiatives pour la vie politique Mais ils n'ont pas confiance aux partis et donc aller voter n'est pas un moyen de renouveler la démocratie » Le coordinateur général du réseau Mourakiboun, a fait remarquer qu'il y a une fracture entre les jeunes et la politique . « Les discours politiques ne sont plus porteurs. Nous ratons une grande opportunité de réconciliation entre le citoyen et l'élu, car les jeunes n'ont plus l'intention de voter. Ils en ont simplement marre de la politique et des politiciens. Et pour cause, la frange la plus importante de la société ne croit plus à un changement qui viendrait par la politique et des politiques. Nos jeunes sont déconnectés des politiciens. Ils estiment que leurs voix ne changent pas la situation. Ils voient toujours les mêmes visages au scrutin.» dit-il. Le problème du rajeunissement et du renouvellement de l'élite politique est l'une des revendications majeures des jeunes. Ils veulent du changement, un vrai changement d'hommes et de surcroit jeunes. Ils espèrent l'émergence d'un leadership politique plus jeune, différent et ouvert aux jeunes capable de leur offrir un projet qui réponde à leurs attentes. Bref, il est temps de faire confiance aux jeunes qui ne doivent plus faire de la décoration sur les prochaines listes électorales » A propos de la loi électorale aux élections municipales, Rafik Halouani, coordinateur général du réseau Mourakiboun, a souligné qu'elle favorise les grands partis. « Cette loi semble être faite sur-mesure pour que les partis les plus forts aient la présidence des municipalités » privant les jeunes et surtout les indépendants et de se présenter faute de moyens financiers. Dans l'état actuel des choses, ce mode de scrutin ne favorisera que les partis très structurés et bien implantés sur l'ensemble du territoire et qui bénéficient de toutes les chances pour dominer les conseils municipaux et les conseils régionaux. Les petits partis n'auront que des chances infimes. Donc si on veut favoriser la proximité et donner plus de chance aux indépendants pour s'exprimer, il faut revoir ce scrutin » dit-il