Les présidents des partis politiques et des organisations nationales signataires du Pacte de Carthage se sont réunis hier au palais présidentiel pour valider le nouveau document préparé soigneusement par ce que l'on nomme la Commission technique de Carthage. A cette occasion, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, s'est adressé aux signataires et aux Tunisiens par un discours qu'il a voulu ferme ; haussant le ton contre ceux qui attaquent sa famille, il a affirmé n'avoir aucune position quant au maintien ou au départ du gouvernement actuel vu que cela ne relève pas de ses prérogatives telles que citées dans la Constitution de 2014. Exprimant sa désolation de voir quelques points absents du nouveau Pacte, Béji Caïd Essebsi a toutefois insisté sur l'importance des soixante-trois points cités par le document en question ; des points qui seraient appliqués par le gouvernement afin que la Tunisie puisse sortir de sa crise actuelle. Pour mettre fin à la polémique concernant l'initiative de Carthage, il a ferment annoncé que la réunion d'hier sera la dernière. Toutefois, et plus de cinq heures après, aucune annonce nouvelle n'a été apportée ce qui laisse toute la scène dans le flou le plus total ; à Carthage, certains continuent d'insister sur l'importance de limoger Youssef Chahed alors que d'autres se battent pour que l'équipe connaissent un large remaniement ministériel sans pour autant changer de chef. Même si la dernière décision finale revient, conformément à la Constitution, aux députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), tous les acteurs politiques savent pertinemment que la partie se jouera entre Carthage et la Kasbah. Ainsi, et en attendant une affirmation sans faille de la part du président de la République concernant le sort du gouvernement d'union nationale, on continuera à naviguer à vue dans une atmosphère de précarité sans précédent. Cela nous renvoie à ce que nous avons vécu au cours de l'été de 2016 lorsque le départ d'Habib Essid avait été annoncé deux mois après son limogeage officiel : l'Etat a été à l'arrêt au cours de toute la période pendant que les négociations se poursuivaient à Carthage. Si aujourd'hui Youssef Chahed est maintenu, cela rendrait caduque l'initiative présidentielle qui, cette fois-ci, prend fin sans prendre en considération l'appel lancé par le président le 20 mars dernier lorsqu'il a expliqué que la révision du mode de scrutin est devenue une obligation pour que les prochaines échéances électorales offrent plus de stabilité politique au pays. Les soixante-trois (64 en comptant le point du changement gouvernemental ou du remaniement ministériel large) ne comprennent en effet pas une partie qui évoque de près ou de loin le changement de la loi électorale ce qui laisse supposer que le président de la République devrait travailler dessus seul accompagné par les quelques constitutionnalistes qui sont d'accord avec lui. Le Pacte de Carthage version 2 n'a pas enregistré aucun résultat concret et semble perduré encore parce que, réalité oblige, il faut bien s'avouer que ni le glissement du dinar, ni la situation des entreprises publiques et encore moins celle des caisses sociales ne peuvent être résolus en ces quelques mois qui nous séparent des élections de 2019... Salma BOURAOUI Remplacement de Chahed BCE: «Trancher dans le respect» Le président de la République Béji Caid Essebsi a appelé les composantes du Document de Carthage à trancher le point litigieux relatif au remplacement du chef du gouvernement dans le respect et tout en tenant compte de la situation difficile que vit le pays. Dans son allocution à l'ouverture des travaux de la commission des présidents et secrétaires généraux des partis politiques et des organisations nationales, il a relevé que le Document de Carthage 2 a comporté plusieurs points positifs surtout après l'accord trouvé autour de 63 points. Caid Essebsi a toutefois soulevé le différend persistant autour du 64ème point relatif au remaniement ministériel et qui pose la question de savoir s'il touchera ou non le chef du gouvernement. Il a affirmé vouloir éviter d'évoquer le remaniement ministériel dans la mesure où le plus urgent consiste, avant tout, à mettre au point un plan de réforme. En cas de non accord, Caid Essebsi propose le report des concertations après le mois de Ramadan. Caid Essebsi a tenu à préciser ne pas avoir de rôle, en tant que président de la République, dans le changement du chef du gouvernement, ni l'intention d'empiéter sur les prérogatives du parlement tel que rapporté par certaines parties. La question doit passer par le parlement conformément à la Constitution, a soutenu le président de la République. Concernant le Document de Carthage 2 dont les concertations ont démarré le 13 janvier 2018, le chef de l'Etat a expliqué que les évènements en Tunisie ont imposé l'actualisation de cet accord à travers la recherche de dénominateurs communs entre ses signataires afin de fournir une "ceinture politique" au gouvernement.