L'article de notre confrère Hechemi Khalladi paru le 6 juin 2018 et retraçant succinctement la vie et l'œuvre du poète tunisien principalement de la chanson Mahmoud Bourguiba, selon les écrits et recherches des historiens et autres critiques littéraires nous amène à y ajouter quelques détails importants sur cet homme d'exception. Commençons par la petite histoire. Feu Mahmoud Bourguiba n'habitait pas seulement au quartier de Tourbet El Bey, mais plus exactement à la Tourba elle-même ! Cette dernière est fermée depuis quelques années pour « travaux » qui dureront apparemment jusqu'à l'éternité ayant été abandonnée totalement à son sort. Notre poète habitait donc une maison située à l'entrée, voire à la « Driba » de ce lieu de l'histoire qui devrait être restauré au plus vite. Il faudrait mentionner qu'il s'agit aussi de la maison de Mahmoud Bourguiba, comme cela est d'usage en France avec la maison de Victor Hugo ou d'Honoré de Balzac. Car des touristes s'y déplacent et ne trouvent que porte de bois ! L'auteur de ces lignes n'a pas eu la chance de voir ou de connaître Mahmoud Bourguiba. Quelle malchance d'être né après l'époque faste de « Taht Essour » ! Etant donné qu'à la date de la disparition de Si Mahmoud, il avait presque deux ans. Et comme il est le « fils » de ce quartier, étant né à la rue Sidi Essourdou, sa famille lui rapportait parfois des détails sur ce grand homme lorsque la radio citait son nom avant la diffusion d'une des chansons qu'il avait écrites pour nos grands chanteurs. Sa mort subite avait suscité l'émotion et la surprise. Et pour l'histoire proprement dite, feu Habib Chiboub, l'historien des médias et non moins poète,, n'avait pas arrêté de rappeler à chaque évocation de Mahmoud Bourguiba que son recueil manuscrit était perdu et que la poésie que les spécialistes et autres historiens connaissent ne représente qu'une partie de son œuvre. Et on ne sait pas trop pourquoi a-t-il été presque« banni » par la radio elle-même et que son nom était cité presque en catimini, n'eût été l'insistance des historiens et des artistes pour que son nom ne soit pas gommé ?! « Le poète a toujours raison » disait Louis Aragon par la voix du chanteur Jean Ferrat dans sa chanson : « La femme est l'avenir de l'homme. » Où est passée la voix de Mahmoud Bourguiba ? Mon géniteur me disait que Mahmoud Bourguiba faisait partie de l'équipe de l'émission enfantine « Jannet Al Atfel » sous le pseudonyme de « Bab Sambel » et que ce personnage avait été repris par feu « Am Rached », alias Mohamed Meddeb. Et si Mahmoud Bourguiba était un homme de radio ? Ou sont donc passés les enregistrements de ses programmes des années quarante et cinquante du siècle dernier ? Seraient-ils « partis » en France et ne seraient pas encore revenus ? D'ailleurs notre radio nationale ne diffuse jamais des enregistrements anciens d'avant l'indépendance à l'exception de quelques programmes et bien sûr de chansons et de pièces théâtrales... Et encore ! La radio célèbre ces jours-ci le quatre vingtième anniversaire de sa création en 1938. Ne serait-il pas opportun de faire des recherches et de gratifier les auditeurs, toutes générations confondues, d'enregistrements inédits appartenant à la mémoire collective des Tunisiens ? Nous espérons réentendre un jour la voix de Mahmoud Bourguiba pour lui rendre un véritable hommage.