C'est sans doute facile à deviner, mais tout le monde n'y pense pas. Le moindre achat qu'une personne effectue peut contribuer autant à lutter contre la désertification et la dégradation des sols qu'à favoriser, au contraire, la désertification et la détérioration des terres agricoles arables. C'est cette relation étroite entre la consommation et la protection de la terre, et de la durabilité de sa vocation agricole, qui a été choisie, cette année, pour servir de thème général à la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, le 17 juin. Un relâchement a été enregistré dans le pays dans ce domaine comme dans tous les autres domaines après la révolution, alors que les tunisiens, à tous les niveaux, savent déjà depuis longtemps que 75% des terres agricoles sont menacées par les phénomènes de dégradation liés à la désertification, à la sécheresse ou la raréfaction des ressources en eau et à l'érosion en général. La désertification est principalement un phénomène d'érosion. Cette menace de détérioration est, selon les cas, grande, moyenne ou faible. L'avancée du désert et du Sahara dans le Sud, comme dans la région de Kébili, le plus grand centre des oasis tunisiennes et de production de dattes de déglet ennour, était, il y a quelques décennies, un phénomène perceptible que les habitants pouvaient aisément suivre, au quotidien, à travers l'accumulation de grandes dunes de sable , du jour au lendemain, dans et autour de leurs villages, et l'engloutissement de localités tout entières par les sables, sous leurs yeux. Aujourd'hui, grâce aux projets de mise en valeur des terres sahariennes, et aux autres projets de développement en général, dans cette région en particulier, cette menace semble avoir été éloignée. Mais, selon les spécialistes, ce n'est que partie remise, en raison de l'exploitation sauvage, irrégulière et excessive des nappes souterraines d'eaux du Sahara, ou nappes phréatiques, notamment les nappes superficielles de la part des habitants avides d'aménager de nouvelles exploitations agricoles de palmiers dattiers propres à grossir leurs revenus. D'après les rapports officiels, les puits irréguliers creusés pour exploiter les nappes phréatiques superficielles (les puits de plus de 50 m de profondeur) se comptent par milliers. Or, ces puits autant que les exploitations de palmiers dattiers qu'ils irriguent sont appelés à disparaitre et à se dessécher, tôt au tard, suite à la raréfaction des eaux des nappes phréatiques superficielles qui les nourrissent, causée justement par ces mêmes puits irréguliers, et ce à l'instar des nombreuses vieilles sources naturelles actuellement desséchées suite à l'exploitation motorisée et mécanique des nappes phréatiques, entamée au début du 20ème siècle. Cette situation reflète autant le relâchement administratif dans la protection de l'environnement que le rôle de l'agriculture mécanisée et industrielle, mais sauvage et irrationnelle, dans la détérioration des sols. Elle montre également la contribution précieuse que peuvent apporte les citoyens en faisant le bon choix dans leurs achats. Cependant, il faudra, auparavant, pour cela, généraliser les procédés d'indication détaillée de l'origine réelle des marchandises et des produits agricoles, écoulés sur le marché intérieur, au moyen d'un étiquetage approprié, ce qui relève, aujourd'hui en Tunisie, de l'utopie.