Suite au très médiatisé épisode Cambridge Analytica, Facebook qui compte 2,2 milliers d'utilisateurs de par le monde a promis de mieux sécuriser les comptes des facebookers et de mieux protéger leurs informations personnelles. Qu'en est-il vraiment et quelles conséquences a eu ce scandale planétaire en Tunisie, quand on sait que plus de 7 millions de Tunisiens, sur un total de 11 million d'habitants, ont un compte Facebook et que des élections seront bientôt organisées au pays ? « Nous travaillons en continu à la sécurité de votre compte et de vos informations. Nous aimons venir vers vous de temps en temps pour vous informer des mesures que nous prenons pour assurer la sécurité de vos informations lorsque vous utilisez Facebook. Parce que la sécurité de votre compte nous importe, nos équipes sécurité recherchent les problèmes et s'en occupent avant qu'ils n'atteignent votre compte. Si nous remarquons quelque chose d'anormal, nous vous en informerons». De temps à autre, Facebook affiche ce message à ses utilisateurs pour tenter de les rassurer et les amadouer pour qu'ils ne quittent pas le réseau social Number One au monde en termes d'utilisateurs. C'est que le scandale Cambridge Analytic avait suscité des remous bien au-delà des frontières des Etats-Unis et avait fait perdre à Facebook de très nombreux utilisateurs de par le monde. Cet épisode a surtout éveillé les consciences et alerté sur les dangers auxquels s'exposent les facebookers en y dévoilant une grande partie de leur vie privée et leurs données personnelles. Quelques mois plus tard, le scandale Cambridge Analytica semble s'être tassé et la tempête retombée. Pour parvenir à s'en sortir à moindres frais et sauver son géant de réseau social, Mark Zuckerberg avait dû s'expliquer devant le Congrès américain et avait également été auditionné par le Parlement européen. L'homme s'était confondu en excuses sans pour autant incriminer son entreprise et a promis de renforcer les mesures de sécurité et de protection des données personnelles. Balivernes, quand on sait que l'essence même de ce réseau social réside dans ce genre de données et que des projets sont en cours de préparation au sein du département secret nommé Building 8, tels que l'activation du micro des Smartphones à l'insu des utilisateurs ou encore la possibilité de lire dans leurs pensées, ce qui permettrait de leur proposer du contenu et des publicités de plus en plus ciblés, pour le plus grand plaisir des marques et autres fournisseurs de services mais pas seulement ! C'est que les partis politiques s'y sont également invités en force et ont redoublé de ruse pour pouvoir en tirer profit et gagner les élections. Cela s'est passé aux Etats-Unis et probablement dans d'autres pays, de quoi inspirer les politiciens tunisiens qui aiguisent dès maintenant leurs crocs, lorgnant sur les élections de 2019. Facebook fait-il partie de leurs plans et stratégies ? Nul doute quand on sait que la majorité écrasante des électeurs y a un compte et quand on se remémore toutes les atrocités qui y ont été publiées entre photomontages, fake news, insultes et diffamations en tous genres sans oublier les débats virulents voire violents qui y ont eu lieu. Des questions se posent aujourd'hui et, notamment, est-ce que les partis utiliseront les données personnelles des utilisateurs pour orienter leurs votes et gagner leurs voix ? La Tunisie a-telle demandé des comptes à Zuckerberg quant à la protection des données des facebookers tunisiens ? L'Instance nationale de protection des données personnelles, présidée par Chawki Gaddes est-elle habilitée à demander des explications de Facebook et un état des lieux à ce sujet ? Sommes-nous seulement conscients de la gravité de telles manipulations qui permettraient au parti qui a le plus d'argent d'acheter les données personnelles des utilisateurs tunisiens et d'en faire usage comme bon lui semble ? Difficile de répondre par l'affirmative quand on sait, par exemple, que des milliers de clients tunisiens continuent de livrer leurs données personnelles, afin d'obtenir une carte de fidélité qui leur rapportera, dans le meilleur des cas, une cinquantaine de dinars par an alors que leurs données sont vendues à coup de milliers de dinars à d'autres sociétés qui les revendent à d'autres marques...