La Fondation Rambourg Tunisie et l'Office national de l'Artisanat innovent en mettant en place un projet de cartographie raisonnée de l'artisanat tunisien. Cet outil performant devrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la diffusion et la promotion des oeuvres tunisiennes... En conjuguant ses efforts avec ceux des promoteurs et conservateurs de l'artisanat tunisien, la Fondation Rambourg fait d'une pierre plusieurs coups. En effet, cette fondation apporte ainsi un appui remarquable à l'Office de l'Artisanat et lui offre de mieux appréhender et délimiter son domaine. En outre, la fondation ouvre son propre champ d'activités à l'artisanat et donc au socle des artistes et designers d'aujourd'hui. Enfin, grâce à ce projet qui vient de voir le jour, ce sont de nombreux gisements d'objets de toutes traditions qui vont être mis en mouvement. Une base de données pour tout l'artisanat tunisien De quoi s'agit-il précisément? Les deux partenaires s'apprêtent à signer une convention afin de mettre en place une cartographie raisonnée de l'artisanat tunisien. En d'autres termes, ce projet ambitionne de réunir dans une même base de données tous les reflets de la technicité des artisans tunisiens. De Tabarka à Djerba, ce sont ainsi des centaines voire des milliers d'arts de faire qui vont être recensés, répertoriés, mis en cohérence et parfois sauvés de l'oubli ou de la disparition. Ce projet a de quoi enthousiasmer car il constitue ni plus ni moins qu'un essai méthodique de collecte d'une information disparate et mouvante. Bien sûr, l'artisanat tunisien a ses grands forums, son salon annuel, ses rencontres cycliques et ses spécialistes patentés. Seulement, il n'existe pas à notre connaissance de base systématique qui puisse constituer une plateforme entre mémoire et développement. L'information circule peu et mal et l'oubli guette toujours, ce qui justifie amplement la démarche des deux partenaires impliqués dans ce projet. D'ailleurs, nous avons vu ces dernières années comment la modernisation du secteur, sa mise à niveau en termes de recensement et répertoriage pouvait susciter des initiatives et des vocations. Par exemple, les potières de Sejnane ont pu être insérées dans de nouveaux flux et bonifier leur travail. Ces nouvelles ouvertures concernent aussi bien le travail du bois d'olivier que la peinture sous-verre. Des domaines entiers s'ouvrent ainsi et se rénovent en profondeur par le biais du travail des designers de la nouvelle génération. De nouveaux relais dans la diffusion du savoir artisanal Ces derniers vont à leur tour bénéficier du désenclavement de pans entiers de savoir lié à la pratique des artisans. Nous le savons, certains arts de faire sont en train de disparaître ou tombent en désuétude. De plus, certaines techniques liées à des terroirs subissent aussi les injures du temps et la disparition des artisans qualifiés. De grands efforts sont faits dans le domaine de la préservation mais ils ont besoin de nouveaux relais et d'une diffusion plus ouverte et méthodique. Tout cela, le projet initié par la Fondation Rambourg et l'Office national de l'Artisanat va lui donner un nouveau souffle et littéralement le désenclaver. Que de techniques qui vont de la teinture végétale au travail de l'osier, du stuc au travail du cuivre, vont enfin être méthodiquement consignées. Pareille démarche aura des retombées importantes en matière de visibilité de la diversité et la richesse de l'artisanat tunisien. En outre, elle aura des répercussions positives sur la gestion des archives et leur préservation. Enfin, l'idée d'établir une carte numérique des savoirs et techniques de l'artisanat constitue un puissant levier de protection de ce patrimoine. L'initiative nouvelle sera présentée dans tous ses détails aujourd'hui au siège de l'office à Den Den dans le cadre d'une rencontre de presse qui verra aussi la signature de la convention de partenariat entre les deux institutions. Assurément, il s'agit d'une bonne nouvelle pour l'artisanat tunisien qui peut ainsi envisager de nouvelles mutations et bénéficier d'un rayonnement accru.