Le regroupement des spécialités dans un même espace va permettre de conférer plus de «visibilité» aux artisans A l'instar des villes de Nabeul, Kairouan, Den Den, Le Kef, Tataouine et Béja, Sfax est en passe d'être dotée, à son tour, d'un village de l'artisanat dont le projet de création s'annonce sous les meilleurs auspices avec l'obtention d'un budget de quinze millions de dinars, alloué par le ministère du Tourisme. La nouvelle de l'implantation d'un village de l'artisanat au cours de l'année 2017 vient, en effet, d'être annoncée récemment à l'occasion de la Journée de sensibilisation portant sur la préparation de la 19e session du concours de la Khomas d'or, organisée à Sfax par l'Office national de l'artisanat. La Journée était organisée à l'intention des artisans professionnels, des étudiants de l'institut des Beaux-Arts et des élèves qui poursuivent leurs études dans les écoles de haute couture, de broderie et de confection d'habits traditionnels. Amel Drira, commissaire régionale auprès de l'Office national de l'artisanat à Sfax, fait remarquer que la réalisation du projet est tributaire de l'octroi d'un terrain adéquat par les autorités régionales sur lesquelles elle fonde un espoir d'autant plus légitime que la construction d'un pareil village s'impose avec acuité vu les difficultés dans lesquelles se débat le secteur. La nécessité d'une remédiation adéquate à la situation préoccupante du secteur s'impose avec d'autant plus de force que, selon Amel Drira, la région de Sfax est considérée comme étant le porte-drapeau de l'artisanat dans le pays, comptant plus de 30.000 professionnels dont 11.000 qui couvrent 80% des activités du secteur sont inscrits et titulaires d'une carte professionnelle, sachant que 2.000 entreprises disposent d'une patente. En 2016, la région de Sfax a occupé le premier rang en matière d'exportation, réalisant le chiffre de 17 millions de dinars, alors que ce chiffre n'était que de 13 millions de dinars en 2015. Il n'est pas besoin, faut-il le préciser, d'appartenir au domaine pour connaître les menaces qui pèsent sur notre artisanat et qu'il serait fastidieux d'énumérer, tant ils sont innombrables. A Sfax, les problèmes ont trait, entre autres, au manque de circuits de commercialisation, la ville n'étant pas encore une véritable destination touristique, au manque de matières premières (bois d'olivier ou fils de laine) ou aux prix jugés exorbitants de certaines autres (amandes pour la pâtisserie traditionnelle). Pour le reste, toutes les régions du pays sont logées, dans ce chapitre, à la même enseigne. C'est la raison pour laquelle l'annonce du projet d'édification d'un village d'artisans à Sfax a été accueillie avec beaucoup de satisfaction vu les opportunités offertes tant aux artisans qu'aux métiers eux-mêmes. Le regroupement des spécialités dans un même espace, servant de vitrine donnant plus de «visibilité» aux artisans, est en effet une source d'animation dans la mesure où il en fait un point de convergence pour les clients à la recherche de produits de l'artisanat et qu'il renforce les chances de réaliser de bonnes affaires pour les artisans qui y sont établis. Outre l'impulsion de la dynamique de commercialisation vitale pour le secteur, les villages ont pour objectifs de répondre à des besoins actuels mais également à garantir l'avenir des professionnels et à promouvoir les métiers eux-mêmes, si ce n'est de préserver ceux qui sont menacés de disparition. En effet, l'Office national de l'artisanat définit les objectifs poursuivis par la création de ces regroupements comme suit : opportunités d'emploi pour les jeunes promoteurs, rapprochement des artisans des consommateurs, création de souks de métiers artisanaux, renforcement de la formation et du recyclage des jeunes, mise en place d'un espace approprié pour l'émulation entre les artisans, dynamisation de la créativité des artisans, préservation de la pérennité de certains métiers menacés de disparition et, enfin, création d'un espace d'animation touristique destiné à faire connaître les techniques de production et les traditions de la région. Sans compter la capacité d'absorption de jeunes demandeurs d'emploi, particulièrement les diplômés du supérieur auxquels l'essor de l'artisanat offre la possibilité d'exercer leurs talents, d'innover et de s'assurer une source de revenu permanente. Pour concrétiser ce projet tant attendu par les artisans à Sfax, les autorités régionales sont appelées à chercher un emplacement idéal et à le mettre à la disposition du commissariat régional à l'Artisanat dans les meilleurs délais possibles.