Il semblerait que rien ne va plus sein de l'Etablissement national pour la promotion des festivals et manifestations culturelles et artistiques (ENPFMCA). Certains chercheraient à faire éjecter Chaker Chikhi, le Directeur général, qui a pris ses fonctions, il y a à peine deux mois... Dans cet article, nous ne prenons le parti d'aucune personne. Pas d'affinité, pas de copinage, pas de corruption, juste un besoin de mettre certaines choses au clair, pour expliquer que la Culture, comme d'autres domaines chez nous, est un vivier de loups sans foi ni loi, et pour éclairer certains côtés sombres qui demandent, tout simplement, à être éclairés. La prochaine victime de ce panier à crabe sera-t-elle Chaker Chikhi, Directeur général de l'Etablissement national pour la promotion des festivals et manifestations culturelles et artistiques (ENPFMCA) ? Il se pourrait bien, vu tout ce que certains essayent de lui mettre sur le dos. Chaker Chikhi a donné un bon coup de pied dans la fourmilière, depuis qu'il a pris ses fonctions, dérangeant non pas les fourmis travailleuses, mais les cigales qui n'arrêtent pas de chanter et de vivre, d'une certaine manière, aux crochets de la société. Rappelons que l'Etablissement national pour la promotion des festivals et manifestations culturelles et artistiques, créé par décret n° 2014-733 du 16 janvier 2014, a, entre autres, pour missions le développementdes méthodes de gestion des grandes manifestationsculturelles et des festivals quant à la programmation,la bonne exécution, les modes de financement, demarketing et de communication (...) ainsi que la consécration de la décentralisationculturelle.Le Directeur général est chargé de ladirection de l'établissement, la présidence du conseilde l'établissement et de prendre les décisions dans tous les domaines relevant de ses attributions. Il exerce sa pleine autorité sur l'ensemble du personnel du centre, qu'il nomme, administre leuraffaires ou licencie, et ce, conformément à lalégislation et à la réglementation en vigueur. Depuis sa création, quatre personnes ont assumé le poste de Directeur général : Lassaad Said, l'actuel délégué régional aux Affaires culturelles à Tunis, Ali Marmouri, devenu gouverneur de Zaghouan, Fakher Hakima, qui est retourné à la direction de la Musique du ministère de tutelle, et Chaker Chikhi. Quand ce dernier est arrivé à la tête de l'ENPFMCA, en homme très administratif, il s'est, sûrement, rendu compte du chaos qui régnait dans cet établissement : un laisser-aller (disons qu'entre 15 à 20 % des fonctionnaires qui y travaillent sont en surplus et ne font rien), des employés qui devraient déjà être à la retraite étaient toujours là, une utilisation à mauvais escient du matériel mis à disposition, etc. Bref ! Mettre du beurre sur les épinards... Chaker Chikhi a donc décidé de changer tout cela ; ce qui n'a pas été au goût des tire-au-flanc et des profiteurs. L'une deses premières décisions a été d'interdire à tout employé de l'ENPFMCA de travailler dans l'organisation d'un des festivals chapeautés par l'établissement sauf si c'est un travail bénévole. Il faut s'expliquer là-dessus. Dans les festivals (FIC, JTC, JMC, principalement), des employés de l'ENPFMCA intègrent l'équipe d'organisation et ont un contrat en plus de leur salaire. Ainsi, et à titre d'exemple, un simple responsable du service approvisionnement, dont le salaire mensuel tourne autour de 1200 dinars net, se trouve nanti d'un contrat de mission de trésorier d'un des festivals pour environ 9000 dinars brut, soit, après le retrait des 15 % revenant à l'Etat, environ 7650 net, et pour une période officielle de trois mois mais effective de, disons, deux semaines. Il se retrouvegérant les avantages, tels que les cartes téléphoniques et les tickets restaurant, les donnant à qui il veut, et pas forcément à ceux qui travaillent dans la manifestation culturelle dans laquelle il s'est «imposé». Le pire, ce sont les contrats ! Ayant également la gestion des contrats, il réduit la somme dueà certaines personnesœuvrant sur l'activité événementielle pour faire des contrats de postes fictifsà des personnes de sa famille ou parmi ses amis, n'ayant rien à voir avec le festival, avec l'accord volontaire ou non du directeur du festival (mais souvent et malheureusement avec sa complicité, surtout quand ce directeur est un faible). Il faut comprendre que les personnes en mission sur une manifestation culturelle n'obtiennent leur contrat qu'à l'approche du festival, soit après, voire des mois après, et elles ne peuvent plus contester leur «salaire». Ce qui ouvre la porte à bien des trafics ! D'autre part, avec des complicités à l'ENPFMCA, surtout au niveau de l'achat du matériel, il arrive à notre exemple simple responsable du service approvisionnement de détourner du matériel pour sa propre consommation, comme, par exemple, un disque dur externe, dont il va justifier l'achat comme besoin du festival. Maintenant, on peut comprendre que la décision (justifiée) de Chaker Chikhi de refuser l'accès à ses employés à un poste payé d'un festival ne fait pas que des heureux, puisqu'il n'y a plus possibilité de mettre du beurre sur les épinards et de continuer les petits trafics en tout genre. Khalifa et Debbouze : des prétextes Pour se débarrasser de Chaker Chikhi et le faire éjecter par le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, certains n'hésitent pas à lui imputer les failles organisationnelles du Festival international de Carthage, et notamment l'absence d'accueil pour l'artiste libanais Marcel Khalifa à l'aéroport Tunis-Carthage et le fait que l'humoriste franco-marocain Jamel Debbouze a «taquiné», dans son spectacle, le président Caïd Essebsi et son fils. Or, l'organisation du Festival international de Carthage, comme tout autre festival d'ailleurs, a son propre organigramme avec un directeur et des services. Si Marcel Khalifa n'a pas été accueilli à l'aéroport Tunis-Carthage comme il l'aurait voulu, ce n'est pas la faute de Chaker Chikhi ; c'est un problème de logistique. Le service logistique de chaque festival a un planning des arrivées et des départs de chaque artiste, il se doit d'en informer le service transport et accueil. Donc le couac ne vient pas de Chaker Chikhi mais du comité d'organisation du FIC. Chaque artiste postulant à un festival doit présenter une vidéo de son spectacle (musique, humour, danse, théâtre, etc.). Le comité de sélection le visionne et est en droit d'accepter ou de refuser le dossier. En ce qui concerne le show de Jamel Debbouze, l'artiste a le droit de changer son texte, selon la situation et l'atmosphère, sans en avertir les organisateurs ; sinon il ne serait artiste que de nom. Donc imputer ces failles à Chaker Chikhi, c'est vraiment de très mauvaise foi de la part de personnes qui désirent se débarrasser de lui pour continuer leurs trafics. Un audit externe serait, sûrement, le bienvenu pour lever le lièvre et nettoyer la place...