En 2006, selon les chiffres de l'Institut pasteur, il y a eu 4000 personnes attaquées par des animaux Rage de vaincre, rage de dent, sursaut rageur, s'échiner,écrire comme un enragé etc. des expressions couramment utilisées par tout un chacun mais en saisissons-nous vraiment la teneur,la portée ? S'il est une maladie, une fois installée et déclarée, qu'on peut qualifier de redoutable, terrifiante, à l'issue inéluctablement et à brève échéance fatale, c'est bien la rage qu'on doit évoquer en premier lieu ; car même l'implacable cancer pourrait dans bien des cas être guéri ou à défaut « accorder » quelques années de répit avant que le malade ne tire définitivement sa révérence. Pourtant quelques précautions anodines, un protocole (vaccination) des plus simples peuvent épargner, sauver d'une mort aussi atroce que quasi certaine. Selon une source autorisée, en 2006, l'Institut PASTEUR de Tunis a enregistré, 4000 victimes attaquées par des animaux, avec prédominance masculine, la tranche d'âge la plus exposée étant celle des moins de 15 ans. Statistiques concernant principalement le grand Tunis ; sachant que la Tunisie compte une moyenne de 200 centres antirabiques brassant tout le territoire. Comment définit-on cette maladie, par quels origines pourrait-on la contracter, quels en sont les signes cliniques et surtout que faut il faire pour s'en prémunir et échapper au trépas, à la mort inévitables ? La rage est une maladie infectieuse gravissime, à l'issue fatale, due au virus rabique mesurant 200 microns (millième de millimètre,µ) et transmise à l'homme par la salive des animaux infectés, enragés. Il est à signaler que l'animal au tout début, en incubation, donc ne présentant aucun symptôme clinique de morbidité de nature à alerter son entourage, en cette période faussement sereine, l'animal est hautement contagieux. On conçoit donc que le contage se fasse par morsure, par griffures imprégnées de salive ou par simple ...léchage d'une peau légèrement égratignée ! En pratique, une effraction tégumentaire contaminée par une salive virulente réalise l'infection. La pénétration par voie respiratoire est exceptionnelle. Et c'est là où réside le double problème, le double piège ; D'une part un chien apparemment sain, jouant comme d'habitude avec le gosse, d'autre part, la notion de morsure, seule dans nos croyances susceptible de nous alarmer, n'y est pas. Qui penserait que le simple léchage « innocent » de l'adorable et gentil toutou de famille au niveau d'une banale excoriation ou minime plaie de la main d'un enfant ou même du doigt d'un adulte conduirait à la mort ?
La rage animale Il importe de connaître les manifestations de la rage chez l'animal, seul vecteur de l'inoculation du virus à l'Homme. Le chien est le premier incriminé par excellence. Après une incubation silencieuse de trois semaines à trois mois, où la salive est extrêmement virulente, il devient agressif et son caractère change. C'est la phase d'état avec deux aspects possibles : La forme furieuse, hallucinations, fugues, perversion du goût et agressivité dangereuse le conduisant à la mort en cinq à huit jours par troubles respiratoires et prostration. La forme paralytique, où le chien se traîne sur ses pattes antérieures, car les membres postérieurs sont paralysés ; il ne peut ni aboyer ni mordre, ses mâchoires n'étant plus fonctionnelles ; la bave s'écoule abondamment et la mort s'en suit rapidement. Ne pas perdre de vue que d'autres animaux sont capables de transmettre le virus à l'Homme, notamment : le chat, le rat, le cheval, l'âne, le bœuf, le mouton, la chauve-souris, le loup, le renard, etc.
La rage humaine L'incubation chez l'Homme, silencieuse dure de dix à plusieurs mois. Elle est d'autant plus courte que les morsures sont profondes et multiples (importance de l'inoculum), siègent à proximité de zones richement innervées : tête, cou, mains, pieds, organes génitaux. Les signes cliniques peuvent apparaître alors que la plaie est guérie, oubliée rendant le diagnostic parfois difficile. Le début est marqué par des fourmillements gênants au niveau de la région mordue, léchée, la cicatrice est très prurigineuse, maux de tête (céphalées), troubles du caractère, tristesse, sanglots sans raisons et excès de fièvre. Très rapidement, apparaissent des contractures et des spasmes douloureux intéressant les muscles pharyngés et respiratoires déclenchés par la moindre excitation : contact de l'eau avec la muqueuse buccale (hydrophobie), une légère brise (aérophobie). Plus tard, un bruit même furtif, une senteur, une lumière (photophobie), voire la vue d'un verre d'eau peuvent déclencher la crise. Le ton de la voix se modifie, la déglutition devient impossible et une salivation intense encombre la bouche. Le sujet est brûlant, son pouls est très rapide, son faciès angoissé. Les contractures s'exacerbent en véritables salves tétaniformes généralisées et la mort s'ensuit en moins d'une semaine dans un tableau dramatique au grand dam de la famille mais également du corps médical assistant impuissant au tragique épilogue.
Attitude à prendre S'il est communément admis qu'une fois les signes cliniques de la maladie apparus chez l'Homme, tout l'arsenal thérapeutique dont on dispose actuellement (Sérothérapie intense, Chimiothérapie, Hibernation, Curarisation, etc.) est inefficace, on saisit l'importance capitale des mesures préventives draconiennes qu'on se doit de prendre dès qu'un sujet est mordu par un animal enragé ou suspecté de l'être. Un vaccin initial doit être fait au premier jour (J-zéro)) Deux cas de figure se présentent alors Un animal érrant, qu'on ne peut en aucun cas localiser ; vous êtes de passage dans une ruelle sombre, vous avez par inadvertance marché sur la queue d'un chat ou un autre animal et il a réagi violemment en vous mordant ou griffant avant de prendre la fuite. Il faut obligatoirement le considérer (par excès de zèle serions-nous tentés d'avancer) comme enragé et instituer de vitesse le traitement adéquat aux jours (J.zéro, J.7, J 21 et J.90). Surtout ne pas banaliser ou minimiser la lésion et vous dire « qu'après tout, c'est de notre faute si l'animal nous a agressés ». Il n'est nullement permis de courir le moindre risque, les conséquences pouvant s'avérer désastreuses ! Un animal connu, soit vivant avec vous sous le même toit, ou s'agissant du chien du voisin ou d'un quelconque parent ; l'essentiel, c'est que vous pouvez à tout instant vous assurer par vous-même, ou le mieux par un vétérinaire, du comportement correct normal ne présentant aucune attitude équivoque déjà citée plus haut(ne pas vous contenter, vous fier aux affirmations du proprio qui pourrait, à dessein, occulter certaines anomalies...). Cette surveillance, ce suivi doivent impérativement durer deux semaines, 15 jours ; Si au bout de cette période, l'animal mène toujours une vie normale, vous pouvez oublier l'épisode et clore définitivement le dossier, en vous contentant du premier vaccin effectué le jour de l'attaque (J-zéro). Mais si par malheur son caractère venait à changer, s'il devenait agressif, surexcité et agité, il faut vous faire vacciner correctement selon le protocole déjà cité. Si par manque de chance, il disparaissait, fuguait, partait en vacances à l'étranger avec ses patrons, s'il perdait la vie : écrasé par une voiture, noyé dans une baignoire ou une piscine, si un arbre s'abattait sur sa niche et le broyait à l'intérieur, si l'enfant unique et gâté des voisins lui faisait sauter la cervelle par une tire boulette, s'il était victime d'un météorite voire de la foudre le terrassant du ciel, il faut sans plus tarder entamer la série de vaccinations. Ne jamais, jamais se limiter à incriminer les raisons extrinsèques de la disparition ou mort de l'animal et s'en contenter. Mohamed Sahbi RAMMAH
Mesures préventives De nombreuses mesures préventives permettent de diminuer considérablement la portée de l'endémie rabique voire de l'éradiquer : * L'élimination des chiens errants. * La vaccination préventive des animaux domestiques. * L'isolement rigoureux des bêtes mordues par des animaux enragés. * Le contrôle strict aux frontières des animaux d'importation. * Ne jamais abattre un chien qui vient de mordre, mais l'isoler et le faire examiner par un vétérinaire. * Ne jamais s'amuser à suturer une plaie due à une morsure, pratique hélas encore pratiquée dans certaines infirmeries par ignorance des fois, mais également à des desseins lucratifs souvent....