Depuis la présentation de son rapport au grand public, la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (COLIBE) est sujette à plusieurs critiques sévères dont, certaines, ont même atteint le niveau des menaces de mort directe contre les membres de la Commission lorsqu'un certain Adel Almi a appelé à la lapidation des membres et de la présidente de la COLIBE, Bochra Bel Hadj Hamida. Aux premières menaces, les autorités, dont la présidence de la République qui est le ‘commanditaire' dudit rapport, n'ont réagi à aucune menace et il a fallu que quelques membres de la COLIBE agissent d'eux-mêmes en portant plainte contre les agresseurs. Quelques semaines plus tard, la situation a empiré avec une manifestation organisée par Hechmi Hamdi, patron d'une chaîne télévisée diffusée depuis Londres et chef d'un parti politique controversé, à l'avenue Habib Bourguiba, au cœur de Tunis. Si le nombre des manifestants n'a pas été très significatif, leur manière de tenir le rassemblement en question a, par contre, fait beaucoup de bruit. Réunis devant le théâtre municipal, à seulement quelques mètres du ministère de l'Intérieur, les protestataires ont organisé une grande prière collective en pleine rue devant les agents de l'ordre qui n'ont pas bougé le petit doigt, puisque la manifestation était autorisée par leur ministère de tutelle. Au scandale que cette scène a créé sur les réseaux sociaux, le ministère de l'Intérieur a publié un communiqué où il a expliqué que le parti politique, en l'occurrence Tayar Al Mahaba, qui a organisé une prière collective dans la rue a instrumentalisé la religion à des fins politiques et sera donc poursuivi. Le ministère a appelé tous les autres partis politiques à éviter ce genre de pratiques et à respecter les lois du pays. Un communiqué qui n'a pas beaucoup dérangé le premier concerné, Hechmi Hamdi, qui a expliqué qu'il ne compte pas s'excuser pour avoir pratiqué sa religion en faisant la prière d'Al-Asr. Pour Hamdi, la prière collective n'avait aucun message politique précis à véhiculer et que, étant donné que la Tunisie est un pays musulman habité par un peuple musulman, aucune autorité ne peut réclamer que la prière collective ne se fasse qu'avec une autorisation. La réponse de Hechmi Hamdi a été publiée, après sa convocation au poste de police de Bab Bhar, là où se sont déroulés les faits. Bien que le ministère de l'Intérieur ait plutôt été réactif dans cette affaire, il n'en demeure pas moins que sa principale erreur était d'accorder l'autorisation à une manifestation dont l'objectif premier est de faire tomber la COLIBE et son rapport. Ppour ce faire, les concernés se basent sur un seul argument : l'islam. Pour eux, le rapport de la COLIBE est contraire aux dogmes de l'islam et ses auteurs sont, par la force des choses, des mécréants. Or, la Constitution tunisienne, dans son article 6, a clairement criminalisé «les campagnes d'accusation d'apostasie et l'incitation à la haine et à la violence». Le ministère de l'Intérieur, au vu de la situation générale du pays et de celle de la COLIBE et de ses membres, aurait pu nous faire éviter ce triste retour en arrière qui nous rappelle les scènes des années 2012 et 2013.