Une réunion du groupement du secteur privé relevant de la centrale syndicale se tiendra mardi pour fixer un calendrier de protestations, dont une grève générale dans toutes les entreprises publiques Le secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a annoncé, hier, qu'une grève générale pourrait être décrétée prochainement dans toutes les entreprises publiques en signe de protestation contre la volonté de l'Etat de se désengager de plusieurs secteurs non-stratégiques. «Lors de sa dernière réunion tenue il y a trois jours, le groupement du secteur public a recommandé grève générale dans toutes les entreprises publiques pour défendre ces établissements», a déclaré le responsable syndical à l'occasion d'un meeting tenu à Tozeur. « Nous refusons la privatisation des entreprises publiques qui n'appartiennent ni à l'UGTT, ni au Chef du gouvernement, ni au président de la République », a-t-il ajouté. M. Taboubi a cependant indiqué que la centrale syndicale «ne s'oppose pas à la restructuration des entreprises publiques qui connaissent des difficultés, mais «refuse que les salariés et les couches sociales vulnérables paient la facture des réformes douloureuses évoquées par le gouvernement». Dans un communiqué publié sur sa page Facebook officielle, l'UGTT a également précisé qu'une réunion groupement du secteur privé présidée par le secrétaire général de l'organisation se tiendra mardi prochain pour fixer un calendrier de protestations, dont une grève générale. L'épineux dossier de la privatisation des entreprises publiques est au cœur d'un bras de fer entre le gouvernement et la centrale syndicale depuis environ un an. C'est le conseiller économique chargé de la fiscalité auprès du président du gouvernement, Faycel Derbal, , qui a jeté un pavé dans la mare en juillet 2017, en déclarant que la maitrise du déficit budgétaire passe par la privatisation des entreprises publiques «non vitales et non essentielles» comme les banques et la Régie nationale des tabacs et des allumettes (RNTA) ainsi que la cession des biens immobiliers et des sociétés confisquées au clan Ben Ali. Dans un mémorandum de politique économique et financière adressé l'an dernier à la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie et le ministre des Finances ont écrit noir sur blanc que «la fonction d'Etat actionnaire sera revue, y compris par une identification des secteurs non stratégiques où un désengagement de l'Etat sera poursuivi». Un déficit cumulé de 5,6 milliards de dinars ! En mars denier, le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, a également plaidé pour la cession de quelques entreprises publiques afin d'alimenter les caisses de l'Etat, révélant que les pertes accumulées des entreprises publiques ont avoisiné les 6,5 milliards de dinars en 2016. Il n'en fallait pas plus pour les chantres du libéralisme économique à tout crin pour plaider pour le désengagement de l'Etat du secteur productif. L'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) et la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) ont sauté sur l'occasion pour presser le gouvernement pour se débarrasser du «boulet qu'il traîne depuis de longues décennies » et de ce «fardeau» qui grève les finances publiques. Dans le cadre de ce débat, les syndicats n'y sont pas allés de main morte. Le secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, a déclaré à maintes reprises ces deniers mois que la privatisation des entreprises publiques constitue «une ligne rouge à ne pas franchir». L'organisation ouvrière a également appelé à instaurer le dialogue entre toutes les parties prenantes pour trouver les solutions adéquates pour sauver les entreprises publiques en difficultés loin des recettes néolibérales des institutions de Bretton Woods, estimant que déficit abyssal des certaines de ces entreprises s'explique essentiellement par «des choix erronés, des politiques inadéquates, et à une mauvaise gestion héritée du passé». A noter par ailleurs que les salariés de plusieurs entreprises publiques, dont la Régie nationale des tabacs et des allumettes (RNTA) et la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (STEG) ont débrayé à plusieurs reprises pour exprimer leur refus catégorique de toute ouverture de capital de ces sociétés.