Les Organismes chargés de promouvoir ce créneau n'informent pas suffisamment et imputent le modeste pourcentage du tourisme local dans les nuitées (8%) en l'absence de culture de vacances et de programmation, chez les concitoyens. Prétextes ? Une vingtaine d'années après les premiers intérêts manifestés par les Tunisiens au tourisme chez eux, les touristes tunisiens occupent encore une modeste cinquième place avec 8 % du nombre des nuitées passées, essentiellement, pendant les, basse et moyenne, saisons. Pourtant, et depuis plus d'une décennie, ils ne cessent de bénéficier de prix préférentiels, d'abord, pour leurs séjours de groupes qui sont généralement organisés par les mutuelles et les amicales durant les vacances d'hiver et du printemps, ainsi que durant les longs week-ends. Ensuite, et depuis bientôt 18 mois, les Tunisiens ont désormais accès à des séjours durant la haute saison - et aux prix accordés aux Tours Opérateurs étrangers - dans les hôtels touristiques grâce au produit « Amadeus ». Cette centrale s'est proposée d'établir la connexion entre les diverses composantes de l'hôtellerie en Tunisie : les hôteliers, les agences de voyages et les consommateurs, et ce, grâce à un réseau centralisé qui répond à la règle « premier venu, premier servi » sur un quota destiné à la clientèle locale. Maintenant, et après l'installation de ce mécanisme, on est en droit de se poser des interrogations sur le bilan de ce segment de l'activité touristique et sur les raisons qui empêchent son véritable décollage, lui qui est censé occuper le premier rang en nombre de nuitées et représenter une source intarissable de clients, sur divers segments de l'activité touristique.
Du côté d'Amadeus : « 100 agences de voyages proposent 150 hôtels aux meilleurs prix à l'intention des clients tunisiens » La centrale spécialisée dans la billetterie aérienne - et qui gère aussi des agences de voyages et des hôtels - a été sollicitée, par le ministère du Tourisme, l'Office National du Tourisme, les fédérations des hôteliers et des voyagistes, pour organiser le tourisme local. Le 17 juillet 2006, le lancement du produit touristique « Amadeus Tunisie » a été donné. Aujourd'hui, ils sont plus de 150 hôtels (sur les 600 opérationnels) et de 100 agences de voyages (sur les 270 existantes) à adhérer à cette formule. Durant 2007, Le réseau Amadeus a édifié son infrastructure de base pour la réservation à distance. Il a même vendu 5.000 nuitées. Les deux systèmes de paiement, celui des agences de voyages par les clients et celui des hôtels par les voyagistes, ont été essayés. Pour 2008, Amadeus table sur 30.000 nuitées et, surtout, sur une meilleure introduction auprès des clients tunisiens. Car seule la pratique est susceptible de démontrer le succès d'un tel produit chez le public. Son Directeur Général, Ahmed Meddeb, affirme : « Maintenant que l'infrastructure a été installée, qu'elle est opérationnelle et qu'elle est suffisamment étendue sur toute la République, il faut travailler sur la sensibilisation du public à ce nouveau produit. Il faut, surtout, travailler le côté culturel de la question. Il faut introduire progressivement la pratique touristique programmée dans la culture individuelle des citoyens. Car, chez les groupes structurés, cette culture existe notamment dans les grandes entreprises (banques, assurances, sociétés pétrolières, etc...) qui disposent d'amicales et de mutuelles. Mais, le plus dur, c'est de changer la culture individuelle et c'est ce que nous visons. Attendez-nous, donc, pour 2008 ! »
Du côté des clients : « Prix élevés, selon les uns et disponibilité limitée, selon d'autres » Les Tunisiens deviennent de plus en plus nombreux à chercher à faire du tourisme chez eux. Mais, si les affiliés aux amicales et aux mutuelles trouvent des propositions intéressantes et parviennent à gérer les dates et les frais de ces loisirs, les autres peinent pour trouver le bon produit en passant, généralement, par des intrus. Pour ce qui est des produits proposés par Amadeus, les réactions des clients tunisiens sont variables. Une première catégorie pense : « les prix proposés par le réseau Amadeus sont très élevés pendant la haute saison. Le commun des Tunisiens ne peut pas se permettre de payer 50 dinars par personne et par jour. La petite famille de deux parents et de deux enfants revient à 200 dinars/jour en plus de la consommation afférente à ce séjour. Ce montant n'est pas du tout conforme à nos possibilités. Il faudrait qu'Amadeus pense à intégrer dans son réseau les hôtels 1* et 2*. ». Une deuxième catégorie qui n'a pas un problème avec les prix, oppose des réserves sur les disponibilités : « La réservation à travers Amadeus ne peut pas, parfois, excéder deux chambres dans le même hôtel. Lorsqu'un groupe dépasse les six personnes, il nous est arrivé de ne pas trouver la disponibilité nécessaire, faute d'allottement suffisant. En plus, les hôteliers exigent un nombre minimum de nuitées qui est d'une semaine, généralement. Nous espérons qu'Amadeus réfléchisse à nous trouver des solutions à ces tracas ! »
Du côté des agences : « la culture de la programmation, encore et toujours ! » Les agences de voyages n'ont aucun problème à s'intégrer au réseau Amadeus. Seulement, ils souffrent d'un problème de synchronie entre l'offre dans les hôtels et les demandes de la clientèle. Il y a un problème de « timing », semble-t-il : « Les Tunisiens viennent en fin juillet pour chercher des séjours en début août. On essaie de répondre à leurs souhaits de la meilleure manière possible. Mais, il ne faut pas oublier que c'est la semaine la plus prisée de toute l'année. C'est aussi la semaine la plus chère. Et c'est par rapport à cette semaine qu'ils viennent réclamer, ensuite, le manque de disponibilité et la cherté des prix. Regardez les touristes, ils cherchent les meilleures promotions qui sont, généralement, en juin et en septembre. Ils bénéficient du soleil, de la mer et des meilleurs prix. Les Tunisiens sont appelés à faire la même chose : choisir le meilleur rapport qualité/prix. Pour ce qui est de l'absence de disponibilité, les Tunisiens n'ont pas, encore, appris à programmer. Si les chambres disponibles dans l'allottement pour août, avaient été vendues avant juin, Amadeus aurait pu trouver d'autres chambres pour proposer. C'est le client tunisien qui est appelé à exprimer ses vœux prématurément. Ainsi, tout le monde serait servi, même ses concitoyens qui viennent plus tard. C'est la culture de la programmation qui fait, encore, défaut. »