Le mouvement Nidaa Tounès a annoncé, samedi, le renforcement de sa direction politique et le comblement des vacances provenant des multiples démissions. Il s'est rabattu sur des transfuges, des mercenaires et des rescapés du régime de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, tout en insérant des noms qui risquent de quitter le navire, dans les prochains jours, pour un leurre qui ne risque pas de trop durer et dans une tentative pour sauver la face. Dans son entretien télévisé, le président de la République s'est investi, dans le même sens, en proposant un marché qui est le départ, en même temps, de Chahed et de son fils de la scène politique. Le président Béji Caïd Essebsi a donné l'impression, lors de l'entretien télévisé qu'il n'est pas prêt de lâcher son fils. Toutefois, il serai d'accord pour un départ des deux « frères ennemis » du Nidaa, à savoir Hafedh Caïd Essebsi, et Youssef Chahed, sachant, quand même que le chef du gouvernement n'acceptera pas le marché, au vu des échéances qui l'attendent, avec surtout, la discussion du projet de loi de finances 2019, à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui ne semble pas, en parallèle, être une préoccupation du président de la République qui cherche, uniquement, à avoir la tête de son ex-protégé qui s'est «révolté». Entretemps, Nidaa Tounès poursuit son naufrage, avec une direction amputée des plus brillants et des plus influents de ses leaders. Tentant l'impossible, le parti a souligné, en parallèle, que d'autres nominations vont avoir lieu, au cours des prochains jours, pour consolider ses structures, en prévision du prochain congrès qui sera le coup de grâce, sans aucun doute, pour Hafedh Caïd Essebsi, et qui aura lieu du 25 au 27 janvier 2019. Mais, les personnes citées pour renforcer la direction politique ont donné un nouveau camouflet à Hafedh, en rejetant l'idée de répondre à l'appel. C'est le cas d'Anis Ghédira qui a souligné, dans un post sur sa page Facebook, son engagement total pour le communiqué rendu public par le bureau régional de Nidaa Tounès à Monastir, affirmant qu'il n'est pas concerné par l'idée de devenir membre de la direction du parti. C'est le cas, aussi, pour la député du parti, Hala Omrane qui a exprimé son grand étonnement de l'existence de son nom sur la liste des personnes appelées à combler les vacances de la direction politique, sans qu'elle soit consultée, ni même informée. Ce qui montre que le directeur exécutif opère une fuite en avant. La concernée a affirmé son engagement à œuvrer pour aider au sauvetage de Nidaa Tounès de la crise qui traverse et à continuer à militer au sein du mouvement. Une réponse négative est venue, aussi, de la bouche de l'homme d'affaires et ancien parlementaire, Ridha Bouajina, et son refus est dû, selon un post sur Facebook, à des raisons de santé et familiales, aussi. Le débâcle est total, mais ce qui est plus sérieux et qui montre que Nidaa agonise est l'appel des députés présents à la réunion du groupe parlementaire du mouvement, tenue samedi au Palais du Bardo, et au cours de laquelle tous les participants ont été «unanimes à souligner la nécessité de changer la direction actuelle du parti, en particulier Hafedh Caïd Essebsi». C'est ce qu'a déclaré à l'agence TAP, la députée Fatma Mseddi, membre du groupe de Nidaa Tounès. Tous les députés présents, a-t-elle ajouté, imputent la responsabilité de la crise, au sein du parti, à l'actuelle équipe dirigeante. «Ils rejettent tout monopole de la décision au sein de Nidaa Tounès». Elle a indiqué que les députés ont, en outre, appelé à une réunion de l'Instance politique du parti qui invitera, à son tour, le bureau exécutif élargi à se tenir dans les plus brefs délais afin de prendre les mesures nécessaires au redressement de la situation au sein du mouvement. Selon la députée, c'est le président du groupe parlementaire de Nidaa Tounès, Sofiene Toubel, qui est le premier responsable des récentes démissions au sein du groupe parlementaire. La réunion de samedi, qui a duré plus de trois heures, n'a pas été sanctionnée par une déclaration, a-t-elle dit. «Certains députés ayant proposé de publier une déclaration après l'interview du président Béji Caïd Essebsi, prévue au début de la semaine prochaine». Dans une réaction de désespoir, le porte-parole et député de Nidaa, Mongi Harbaoui qui est la voix de son maître, a démenti samedi soir dans une déclaration à l'agence TAP les informations selon lesquelles des membres du bloc parlementaire auraient réclamé le remplacement du directeur exécutif de Nidaa Tounès Hafedh Caïd Essebsi ainsi que la direction actuelle. «Les déclarations de la députée du parti Fatma Mseddi à l'agence TAP résument sa position personnelle et ne représentent pas la position de tous les membres du bloc parlementaire», a déclaré Harbaoui. Une déclaration publiée au terme d'une réunion samedi à Ksar Hellal (Monastir) des députés, des conseillers régionaux et locaux, a rendu le directeur exécutif Hafedh Caïd Essebsi et le président du bloc parlementaire Sofiane Toubal responsables de «la détérioration de la situation au sein du parti». Ceux-ci ont qualifié la position du parti à l'égard du gouvernement Chahed d'»irrationnelle». Ainsi, pour sauver ce mouvement, s'il est encore possible de la sauver, il n'y a qu'une solution qui sera dure pour le président de la République dont les plans sont tombés à l'eau. Mais, peut-il abdiquer et reconnaître sa défaite, afin de permettre à certains dirigeants patriotes d'aider au sauvetage du pays qui coule.