Des avocats ont décidé de porter plainte contre une des chroniqueuses de «L'émission» après qu'elle ait déclaré à la télévision qu'il n'y avait plus d'hommes en Tunisie. Certes, la déclaration est polémique mais de là à lui intenter un procès ! Auraient-ils fait de même si un chroniqueur avait prononcé ces mêmes mots et puis, pourquoi se sont-ils visés s'ils sont sûrs d'eux mêmes ? La bave du crapaud atteindrait-elle la blanche colombe ? Ses propos n'ont jamais dans la dentelle et encore moins dans l'élégance ou dans le savoir-vivre mais à l'ère du buzz et de la superficialité, Mariem Dabbegh s'est imposée, depuis l'année dernière, comme une chroniqueuse phare de l'émission "L'émission" sur la chaine 9. Les téléspectateurs, en majorité, la honnissent et la détestent mais continuent quand même à la suivre et à regarder cette fameuse émission. C'est à se demander si nous ne sommes pas là face à une nouvelle forme de sadisme moderne où les téléspectateurs, malgré leurs ressentis négatifs, n'arrivent pas à décrocher et encore moins à zapper pour voir ailleurs alors qu'ils sont supposés avoir au moins une bonne centaine d'autres chaines télévisées à regarder. Le schéma est vraiment surprenant surtout que ces mêmes téléspectateurs passent le reste de la semaine à insulter et à critiquer ceux qui font ces émissions avant de se retrouver de nouveau à les regarder. Leurs avis enflamment même les réseaux sociaux et alimentent les discussions dans les transports publics, dans les cafés, entre collègues... C'est dire l'ascendant psychologique qu'ont ces émissions, ceux qui les animent et ceux qui y sont invités sur une bonne partie des citoyens. Y peut-on quelques chose? Non! Y peuvent-ils quelques chose? Apparemment non! Pourquoi alimenter encore plus ce phénomène dévastateur et donner encore plus de l'importance à la chroniqueuse en portant plainte contre elle, elle qui a déjà eu des tracas avec les hôtesses de l'air il y a quelques temps puisqu'elles les a qualifiées de domestiques à bord d'un avion alors qu'elle interprétait un rôle, bien évidemment superficiel à son image, dans une sitcom ramadanesque. Maintenant que les dés sont jetés et que le groupe d'avocats a porté plainte contre la chroniqueuse, il me plaît d'imaginer le déroulement du procès puisque concrètement, elle n'a pas commis de crime mais elle a porté atteinte aux sentiments des hommes tunisiens. Maintenant, si l'«accusée» persiste et signe et affirme devant le tribunal que oui, il n›y a plus d›hommes en Tunisie et que les plaignants s›entêtent à dire le contraire, sera-t-il demandé à tous les Tunisiens de prouver qu'ils sont des hommes? Et puis qu'est-ce qu'un homme au final? Un être physiquement différent de la femme ou un être humain empli de valeurs et de certitudes et qui n'a que faire des gamineries et des idioties d'une chroniqueuse à qui on dicte de dire ceci et cela?