Le juge d'instruction, le 10 juin 2015, près du Tribunal de la Manouba a décidé d'accuser officiellement trois journalistes d'association de malfaiteurs. Il s'agit de Hamza Belloumi, Sofiène Ben Hamida et Noureddine Ben Ticha. Cette accusation vient suite à la plainte déposée par le CPR, après la diffusion sur la chaîne Al Hiwar Ettounsi d'un montage-vidéo de l'ancien président Moncef Marzouki. Le montage-vidéo reprend un long discours de Marzouki prononcé à Doha dans lequel il parle de potences en Tunisie et de terres brûlées en Syrie. Le montage-vidéo a fait que le nom de la Syrie soit retiré, de telle sorte que le téléspectateur comprenne qu'il s'agit de terres brûlées en Tunisie.
Concrètement, et au delà du montage de la chaîne, ceux qui ont vu le speech entier de Moncef Marzouki au Qatar ont bel et bien compris que l'ancien président parlait entre les lignes et entendait bien parler de la Tunisie, s'agissant de terres brûlées, bien qu'il ait eu la subtilité de parler de la Syrie. Il a parlé successivement de la révolte syrienne et de la révolution tunisienne et il était difficile de ne pas faire un parallèle immédiat.
L'instruction ouverte maintenant déterminera s'il y a bel et bien eu une association de malfaiteurs entre les trois journalistes accusés. Rappelons que Hamza Belloumi était animateur de l'émission, Sofiène Ben Hamida était chroniqueur et Noureddine Ben Ticha, invité.
L'émission en question a déjà été condamnée à la suspension pendant une semaine par la Haica, autorité supérieure chargée de l'audiovisuel en Tunisie.
Mise à jour :
Pour avoir de plus amples détails sur l'affaire, Business News a contacté Me Abdelaziz Essid, avocat de la chaîne, qui nous a fourni les précisions suivantes : « Le juge d'instruction au Tribunal de première instance de La Manouba a procédé à l'audition, uniquement des plaignants, et à aucun moment, il n'a entendu une des personnes mises en cause. Par conséquent, l'on ne peut nullement parler de lancement d'accusation contre qui que ce soit et de quoi que ce soit », a précisé Me Essid.
L'avocat ajoute que l'audition des trois journalistes est prévue d'ici la fin du mois de juin courant par le juge d'instruction auprès du même tribunal, « mais il faudra attendre encore d'autres étapes à savoir les confrontations et les éventuelles expertises avant de se prononcer sur la nature de l'accusation ».