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Des termes de référence et un déroulement peu convaincants
Publié dans Le Temps le 11 - 10 - 2018

L'IFT, le Goethe Institut et d'autres institutions européennes et américaines ont insisté et insistent encore pour initier des artistes tunisiens à l'art contemporain hard. Pourquoi ? Les artistes contemporains tunisiens : Les artistes tunisiens les plus pertinents et les plus actifs dans ce domaine ont milité pour le développement des arts contemporains tout en gardant des démarches concrètes d'un art qui se veut encore significatif. Ces artistes sont entre autres Aicha Filali pour son travail de dérision tranchante et incisive, Houda Ghorbel pour ses approches courageuses anti-terroristes, Faten Rouissi avec ses initiatives des trois collines, Sana Tamzini pour son travail très percutant au niveau de l'utilisation de la lumière dans ses installations et pour avoir aussi organisé des évènements autour de la résistance artistique des femmes contre le terrorisme salafiste surtout après le 12 juin 2012 et d'autres actions comme « Politics » qu'elle a su engager dans le centre d'arts vivants de Tunis, Mouna Jemal pour ses expressions fines et son travail sur les visages humains, le corps et même sur des objets-design, Houda Harbaoui qui s'oriente vers un style hyperréaliste de sensibilité contemporaine, Meriem Bouderbala, Nicène Ksontini, Nadia Jlassi, Halim Karabibene, Bchira Bouazizi, Sonia Kallel, Faten Gaddes avec ses photos déstabilisatrices de la statue équestre de Bourguiba oubliée à la Goulette entre 1988 et 2016, Hela Lamine, Wafa Gabsi, Rania Ouerda, Aziz Tnani, Ali Tnani, Selima Karoui, Selim Tlili, Mohamed Ben Slama, Atef Maatallah, Omar Bey, Moufida Fadhila, Mohamed Ben Soltane, Selim Ben Cheikh, Malek Gnaoui, Imène Chetouane, Amel Ben Slama, Mahmoud Chalbi, et évidemment, Mme F. Chouba pour ses tableauxphotographies numériques. Tous ces artistes, et bien d'autres encore, s'expriment dans le style qu'ils ont adopté librement, sans aucune coercition et sans obéir au cahier des charges de l'arbitraire. Ils ont vécu pendant et après la révolution leurs propres démarches contestataires, critiques, et ont réussi à mener une déconstruction de l'art et se sont ainsi ouvert à la contemporanéité. Ces artistes ont chanté et dansé la liberté, joué la musique endiablée, mais en même temps ont peint et dessiné dans les régions intérieures qui n'ont jamais vu d'art comme Regueb, Redaïef, Om El Araies, à Siliana, à Gafsa… mais aussi à Tunis, sous les ponts et dans les rues de la médina et de la ville moderne. Ils se sont donné des noms de scène comme « Lab Z », « Ahl El Kahf » et bien d'autres noms groupes, anonymes. Il est difficile aujourd'hui pour ces jeunes, qui ont bu directement aux sources de la liberté, de venir se plier aux règles élaborées pour participer à ces ‘‘journées d'art contemporain de Carthage'' et d'intégrer l'espace de la cité de la culture pour produire ou pour amener leurs productions faites selon ces mêmes règles qui ne sont pas les leurs. Ils refusent encore à se faire récupérer, instrumentaliser, institutionnaliser et regagner ainsi les murs de galeries étroites… pour quelques dinars. L'art contemporain en Tunisie joue à la résistance et continue à ne pas vouloir réintégrer les espaces clôturés élitistes… L'exposition d'art contemporain organisée dans l'espace de la cité de la culture - du 20 au 26 septembre 2018 En fait, très peu d'artistes ‘‘hors-murs'' ont participé à la manifestation des journées d'art contemporain de Carthage. Certains d'entre eux ont cependant accepté de réaliser quelques expériences dans le cadre de certaines manifestations. Certains parmi ceuxlà ont ultérieurement regretté d'y avoir pris part. Les espaces alloués aux galeries et aux associations artistiques ont presque tous présenté des œuvres de peinture d'art moderne tout aussi éclectiques les unes que les autres et allant du style naïf jusqu'à celui conceptuel et fortement contemporain. La galerie « El Marsa » a proposé des œuvres très attachantes de l'artiste figuratif libre Gouïder Triki. La galerie « Roubtzoff » a misé sur les travaux de Sabrine Chaouch. Ben Saad a illuminé de son tableau presque fauve l'espace de la fédération nationale des artistes. Le syndicat des artistes plasticiens, qui n'a délégué aucun artiste, est présent dans cet espace - alors qu'il est hors-service - et attend de regagner sa légitimité, qu'il a perdue. Les Journées d'Art Contemporain de Carthage ont prévu de faire jouer aux régions un rôle important pour préparer leur festival. C'est ainsi que l'exposition a déployé d'abord des travaux réalisés dans les régions, comme à Hammamet, à Kerkena, à Redeyef, à Tunis et à Siliana. C'est dans la région de Siliana qu'une œuvre très significative, celle de Rachida Amara, fut exécutée. Cette œuvre est une installation d'envergure, occupant un espace imposant à l'entrée de la cité et qui met en situation seize emplacements de seize sacs de couchage (vert militaire) qui sont supposés représenter seize martyrs. A côté de ces sacs de couchage, l'artiste a placé seize réveil-matins dont le tic-tac s'est arrêté à l'instant-même où nos soldats sont tombés. L'inspiration est populaire, l'œuvre l'est aussi. L'ambiance est glaciale, pas de bruits, pas de musique. La mort trône. L'ambiance est une ambiance d'hommage rendu aux martyrs, un hommage accompagné d'un texte poétique. L'œuvre de Rachida Amara est une œuvre qui déclare la guerre à la mort et qui se prononce pour la vie. Sa démarche est bien de l'ordre contemporain, mais l'art qui s'y déploie ne prévoit pas de donner une place au virtuel et à l'éphémère. L'expression qu'elle développe est issue du réel, et se joue dans le réel sans pour autant refuser de faire jouer à l'imaginaire son rôle de catalyseur du réel. Rachida Am ara, en train de m onter son installation à la JACC L'équipe qui a travaillé avec l'espace Sadika propose également un travail se déployant autour de pierres tombales et des tombeaux où sont ensevelies des œuvres… en perdition, mais qui peuvent reprendre vie et peut-être signifier un jour de nouveaux départs. Les artistes qui y ont participé sont bien sûr Houda Ghorbel, Mouna Jemal et Wadi Mhiri. Selima Karoui, artiste du début de l'aventure de l'art contemporain en Tunisie, y était aussi avec d'autres artistes. Ce thème de la mort devient incantatoire et triste… L'art est-il en train de mourir ? N'est-ce pas le sens de l'ensevelissement de l'œuvre ? Hegel a-t-il eu raison de l'annoncer ? Ce thème nous rappelle ici les œuvres proposées par Sadika quand elle a exposé il y a deux ans une installation similaire très expressive autour des tombeaux de martyrs en briques de verre transparent – C'est alors à la résidence de l'ambassade de France à la Marsa. Le sculpteur Mohamed Ghassan Adhami a proposé, travaillant dans le cadre régional de Hammamet, un travail très fin et très poétique autour d'un petit bonhomme patibulaire semblant être perdu et aliéné, et entouré surtout de 34 lapins. Pourquoi seulement 34 lapins ?… et pas 35 ? Ou 36 ? Ou moins ? La configuration est étonnante, silencieuse. Peut-être s'agit-il seulement d'une composition spatiale particulière… L'ambiance est très particulière, le sculpteur semble nous signifier l'ambiguïté dans laquelle se meut son installation tout en se posant des questionnements surprenants, qu'il exprime dans son poème : « Exagérément quotidien et banal… grotesques dans l'attente et l'ennui, dans le malaise et le trouble, dans la quiétude, l'inertie et le rêve… étrangers et aliénés à outrance… entre paix et soumission… tel un nuage couvrant la lumière du ciel ou pleuvant des lapins et arcs-en-ciel… entre plénitude et infestation exagérées… grotesques dans la stupidité et l'idiotie, le sentimental et la reproduction… dans le silence des mots lâches et abîmés… de guerre en guerre, grotesques sont nos défaites, nos brisements et fragmentations… nostalgiques jusqu'à l'excès… dans l'excessive recherche de la patrie… nous sommes les Grotestika de cette terre. ». Installation de Moham ed Ghassen Al Adham i (Exposition JACC) Mohamed Ghassen semble ne pas vouloir aller dans le sens de Mme F. Chouba et s'exprime encore et toujours à travers la sculpture pour dire son attachement à la terre, si grotesque soit-elle. La sculpture, tant décriée par nos ‘‘chefs'' contemporanéistes, revient comme un élément concret de la pensée, comme une sorte de monde intermédiaire entre le ‘‘sensible et l'intelligible'', comme une région où s'articule la perception du concret et du concept, mais où s'exprime aussi de la métaphore. Parmi les autres travaux régionaux on cite aussi celui de Sami Bechir pour Kairouan. Les travaux de Redeyef ou « Urbex », ainsi appelés par les responsables des ‘‘journées'', sont très réduits et se contentent de quelques photographies comme résultat d'un travail de plusieurs jours avec des artistes régionaux. Mais apparemment, rien n'est sorti d'une région condamnée par sa situation régionale dramatique, par le peu d'intérêt qu'on lui accorde et du peu de cas qu'on en fait au niveau de l'art. Ces journées d'art contemporain de Carthage sont bien ‘‘descendues'' dans ce sud si poussiéreux et si sale. Les belles dames, qui y ont été déléguées pour aider à la réalisation d'au moins une petite installation, sont restées dans un hôtel de cinq étoiles et se sont trimbalées en voiture officielle pour opérer ‘‘voyez-vous !'' une révolution dans cette région si sauvage. Quelle émotion, quel frémissement, quel tremblement… d'entrer dans ces contrées si désertiques. L'art contemporain dont on veut affubler la région (Urbex) a été seulement celui de ces peintres des journées révolutionnaires de 2011 à Redeyef, qui ont peint et réalisé des graffitis et des portraits de mineurs sur ses murs blancs sales, une véritable aubaine pour des chasseurs de photos, des photos qui auraient pu être restituées et cela aussi aurait été l'œuvre qui aurait pu sauver l'Urbex et permettre à ces dames si jolies de devenir aussi intelligentes.
A suivre (...)

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