Mercredi soir, Naoufel Ouertani et ses acolytes faisaient leur show sur Attessia dans la nouvelle émission «Ris avec nous». Autour de la nouvelle recrue de la chaine TV, des chroniqueurs principalement issus du monde du showbiz pour un rendez-vous télévisé qui se veut léger et drôle. Drôle d'accord mais peut-on rire de tout? Et surtout y a-t-il matière à rire et encore moins à sensibiliser quand l'un des chroniqueurs lève la main sur sa collègue? A cause du buzz et de la guerre d'audimat, on aura décidément tout vu sur les chaines de télévision tunisiennes. Un plateau composé d'humoristes, de comédiens, d'une fashionista, d'un historien, d'une chanteuse et d'un animateur rôdé à la tâche, voici l'essentiel de ce qui est proposé par «Ris avec nous». Ca blablate, ça rigole et ça ne prétend pas avoir la science infuse, bref tout ce qui ravit une bonne majorité de téléspectateurs qui préfèrent noyer leurs soucis du quotidien dans cette légèreté cathodique. Pari donc réussi pour cette émission qui réussit à attirer, au fil des semaines, de plus en plus de monde devant le téléviseur. Leur secret de fabrique? Parler la langue du peuple sans strass ni paillettes et encore moins de mots savants prononcés dans une langue étrangère. Animateur et chroniqueurs évoquent le quotidien du Tunisien sans ombages ni détours et n'y vont pas par mille chemins pour dénoncer la cherté de la vie, le manque d'ambition chez les jeunes, le commerce parallèle, etc. Oui, mais... Dans la dernière émission diffusée mercredi soir, on voit deux des chroniqueurs discuter à haute voix avant qu'une altercation verbale n'éclate entre eux. Ni une, ni deux, l'homme qui n'est autre que l'acteur Ahmed Landolsi lève la main et gifle sa collègue, Lobna Sdiri. La scène semble tellement surréaliste qu'on peine à y croire mais la réaction spontanée et immédiate du reste des chroniqueurs, récusant cet acte de violence et refusant de continuer à travailler avec cet acteur, pousse à croire que la gifle est bien véridique. Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'on comprend qui'l s'agit là d'une mise en scène, sensée sensibiliser les téléspectateurs à la violence faite aux femmes. Drôle de façon pour s'y prendre ! C'est que tout est question de marketing en matière de produit télévisé. Car en agissant ainsi, l'équipe de « Ris avec nous » fait d'une pierre deux coups étant donné qu'elle prétend défendre la femme tout en s'assurant un buzz national puisque la scène sera au cœur des discussions notamment sur les réseaux sociaux quelques minutes après sa diffusion. Est-ce ainsi qu'on défend vraiment les femmes battues? Est-ce ainsi qu'on dénonce le fait que plus de la moitié des femmes tunisiennes ont déjà été victimes d'au moins une forme de violence? Est-ce ainsi qu'on inculque aux plus jeunes le respect de leurs mères, sœurs, parentes, amies, collègues? N'est ce pas justement en banalisant la violence et en en riant qu'on l'inscrit dans la mémoire collective et qu'on l'ancre bien profondément dans les habitudes de cette société déjà bien fragilisée et habituée aux coups et aux insultes ? Il y a là matière à réfléchir...