L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) tiendra demain ( lundi 12 novembre) une séance plénière consacrée au vote de confiance aux nouveaux membres du gouvernement nommés dans le cadre du remaniement ministériel partiel annoncé lundi dernier par le chef du gouvernement, Youssef Chahed. Pour obtenir la confiance de l'Assemblée, il est nécessaire de recueillir la majorité absolue des membres (109 voix), conformément à l'article 140 du règlement intérieur de l'ARP. Cela paraît acquis si l'on fait une simple addition des députés de blocs parlementaires qui ont annoncé leur soutien au gouvernement formé par le patron de la Primature. Le mouvement Ennahdha, qui dispose du premier groupe parlementaire (68 députés) a déjà annoncé qu'il votera la confiance aux nouveaux membres du gouvernement. Le parti islamiste a jusqu'ici permis au chef du gouvernement, dont le départ est réclamé par son propre parti Nidaa Tounes et l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), a permis au chef du gouvernement de se rester en poste, en arguant de la nécessité de préserver la stabilité politique. Le groupe de la Coalition nationale, qui compte 68 députés, est réputé proche de Chahed et a déjà annoncé qu'il appuie le remaniement du gouvernement bien qu'aucun de ses membres n'a obtenu un portefeuille ministériel. Le parti Machrou Tounes (14 députés) votera, lui aussi, la confiance aux nouveaux ministres et secrétaires d'Etat ; A eux seuls, ces trois groupes parlementaires totalisent 122 voix. Mais, selon les premières indiscrétions, une quinzaine de députés de Nidaa Tounes pourraient aussi voter en faveur du remaniement ministériel. Le gel de l'adhésion du chef du gouvernement à Nidaa Tounes ne fait pas en effet l'unanimité dans ce parti. Beaucoup de membres du parti vainqueur des élections législatives et présidentielle de 2014 ont plaidé ces derniers mois pour une réconciliation entre les diverses ailes du Nidaâ et la réintégration de Youssef Chahed, sans obtenir gain de cause. Par ailleurs, plusieurs députés indépendants devraient apporter accorder leur confiance aux nouveaux membres de l'exécutif. Selon les estimations de certains observateurs, pas moins de 135 députés devraient, au final, approuver le remaniement, ce qui sonnera comme un vote de confiance au gouvernement de Youssef Chahed. Un remaniement touchant 13 ministères et 5 secrétariats d'Etat avait été annoncé par le chef du gouvernement, qui a précisé que ce jeu de chaises musicales vise à « former une équipe gouvernementale solidaire et responsable qui peut assurer la stabilité dans le pays, résoudre les questions brûlantes et sortir de la crise politique ». Mais le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a déjà fait savoir qu'il n'approuvait pas ce remaniement qui comporte, selon lui, des violations de la Constitution comme la création de nouveaux ministères sans l'obtention de l'aval du conseil des ministres. Le locataire du palais de Carthage a cependant indiqué, lors d'une conférence de presse tenue mercredi, qu'il ne bloquera pas la décision du parlement, assurant qu'il s'acquittera de ses prérogatives constitutionnelles en termes de prestation de serment et de publication du décret relatif à l'avènement gouvernement (remanié) dans le Journal officiel de la République Tunisienne (JORT), une fois la confiance lui aura été accordée. Jeudi, le locataire du Palais de la Kasbah s'est empressé de rectifier le tir en tenant un conseil des ministres pour avaliser la création de nouveaux ministères (ministère en charge de la Fonction publique, de la modernisation de l'administration et des politiques publiques, désignation d'un ministre auprès du chef du gouvernement chargé de l'économie sociale et solidaire). Il a également adressé à nouveau la liste complète des nouveaux membres du gouvernement au chef de l'Etat Rappelons que l'article 92 de la Constitution stipule que «le chef du gouvernement est compétent en matière de création, modification et suppression des ministères et des secrétaires d'Etat, ainsi que la fixation de leurs attributions et prérogatives, après délibération du Conseil des ministres».