En dehors des tiraillements politiques, les députés se penchent sur l'examen du budget de l'Etat au titre de l'exercice 2019 ministère par ministère et en attendant l'approbation des dispositions de la LF2019, le moral des industriels et des chefs d'entreprises est au plus bas. Ballottées au gré de la crise économique structurelle qui sévit dans le pays et les problèmes conjoncturels, nos entreprises ne savent où donner de la tête. Tandisque la récente augmenttaion des tarifs de l'électricité et de Gaz attiset la grogne de l'UTICA, de la CONECT et des hôteliers. Tarek Cherif, Président de la CONECT nous a accordé une interview où il nous fait part de ses convictions par rapport aux sujets d'actualité brûlante. La LF 2019 est-elle au diapason des attentes? Pourriez-vous la qualifier de loi « Populiste » ? Au sein de la CONECT, on ne fait pas de la politique. Donc, je ne peux pas qualifier la loi de Finances 2019 de « populiste ». Il faut dire aussi que notre pays a expressément besoin d'une vision claire et précise. On ne peut pas rester dans cette configuration où l'Etat dépense beaucoup d'argent « Sans profit ». L'Etat souffre quasiment d'une masse salariale énorme : c'est une impasse à 1000%. On a trop parlé de réformes, en contrepartie, on n'a rien fait. Même si c'est « impopulaire », il faut aller sur le chemin de la maitrise des dépenses de l'Etat. Nul autres choix. Les dépenses de fonctionnement de l'Etat doivent être maitrisées et comprimées. Il ne faut pas faire d'amalgame entre les dépenses de fonctionnement et les investissements. L'investissement aujourd'hui est une priorité absolue. Il faut dire les choses telles qu'elles sont aussi : la nouvelle loi sur l'investissement est née dans la douleur. Ce n'est pas la loi sur l'investissement qui peut changer radicalement les choses. Si l'investisseur ne trouve pas la compétitivité et l'intérêt pour investir dans le pays, il n'investira jamais. Il y a trois facteurs fondamentaux afin que les investisseurs y trouvent intérêt à s'installer dans un pays : la sécurité, la confiance et l'environnement incitatif des affaires. La bonne chose que comporte la LF 2019 est l'absence de nouvelles impositions sur les personnes physiques et morales. Mais, il faut chercher à donner des avantages particulièrement pour l'industrie. D'après ce que je constate, on est en train de désindustrialiser la Tunisie. Il est inacceptable que l'Etat accorde à l'industriel les mêmes avantages que les autres opérant dans d'autres secteurs en les mettant ainsi au même niveau de la fiscalité. Il faut plus de visibilité, des facilités et des avantages par rapport aux autres secteurs. Les clés sont entre les mains du gouvernement parce que c'est lui-même qui fait le choix de sa politique. Où sommes-nous quant à la privatisation des entreprises publiques ? Quelle est la position de la CONECT vis-à-vis de la revendication de l'UGTT d'augmenter les salaires dans la fonction publique ? Je conclus que l'Etat a clos le dossier de la privatisation des entreprises. Le déficit des entreprises publiques est chronique et structurel. Je n'ai pas dit que toutes les entreprises publiques doivent être privatisées. Peut être qu'il faudrait garder dix ou vingt entreprises, celles qui sont performantes. A titre d'exemple, selon ma perception, la poste tunisienne est une entreprise performante. Malheureusement, nous avons une position dogmatique idéologique dépassée. Dogmatiquement parlant, il n'y a pas de problème si on ne privatise pas. Toutefois, au moins laissons le secteur privé fait son travail. Le monopole privé ou public détruit l'économie, il est la pire des choses. Les pertes des entreprises publiques chaque année dépasse les 1000 millions de dinars. On peut faire beaucoup de choses avec un montant pareil. Pour l'augmentation des salaires dans la fonction publique, Il est illogique qu'on puise dans les contributions du patronat pour payer les salaires des fonctionnaires qui demeurent de plus en plus nombreux. J'aurais aimé écouter les fonctionnaires parler de la production et de l'absentéisme. Le chef du gouvernement ne peut pas augmenter les salaires de la fonction publique. Il y a un proverbe français qui confirme mes propos: « A l'impossible, nul n'est tenu ». Le peuple doit comprendre que le gouvernement est allé voir le FMI puisqu'il n'a pas d'autres alternatives. Concernant l'augmentation de 49,6% des tarifs de l'électricité et de Gaz prise par la STEG, vous avez opposé un refus d'accepter cette majoration. En tant que CONECT, quelle serait votre réaction au cas où la STEG ne renonce pas à cette décision ? L'augmentation des tarifs de l'électricité et de Gaz est le résultat du monopole. Cette augmentation est une catastrophe pour le consommateur et encore plus pour les entreprises industrielles. La STEG a des créances non recouvertes. Les dettes des entreprises publiques avec la STEG sont aux alentours de 600 milliards. Pour ce faire, nous rejetons à 100% l'augmentation des tarifs. La décision de la STEG est contre l'intérêt du pays car le prix du produit tunisien sera augmenté par rapport au produit importé. L'obstacle majeur est le monopole. On ne demande rien comme avantages sauf d'aligner les coûts de facteurs de production sur le même niveau que nos compétiteurs. Cet endettement pourrait entraîner un affaiblissement des entreprises industrielles. Il aurait été plus judicieux de se diriger vers l'énergie solaire et éolienne dans un cadre d'encouragement à l'usage des énergies renouvelables afin d'alléger le fardeau pesant sur le budget de l'Etat. Propos recueillis par Khouloud AMRAOUI Je ne dirais pas que toutes les entreprises publiques doivent être privatisées. Peut être qu'il faudrait garder dix ou vingt entreprises, celles qui sont performantes. A titre d'exemple, selon ma perception, la poste tunisienne est une entreprise performante. Augmentation des tarifs de l'électricité: «Le dialogue se poursuit entre le ministère et l'UTICA» Le dialogue se poursuit entre le département de l'industrie et les différentes parties concernées, dont principalement l'UTICA, sur la question de l'augmentation des tarifs de l'électricité», a indiqué le ministre de l'Industrie et des PME, Slim Feriani, dans une déclaration au correspondant de l'Agence TAP à Sfax. Il a assuré qu'on se rapproche d'une solution qui «garantit l'intérêt de toutes les parties». Le ministre a visité mardi matin, l'Hôpital Universitaire Habib Bourguiba à Sfax, pour s'informer de l'état de santé de l'agent de la STEG, Ramzi Saihi qui a été touché lors de la dernière opération terroriste à Kasserine. Feriani a indiqué que la situation difficile des finances publiques a induit la nécessité d'augmenter les prix de l'électricité, en vue de réduire «les charges de la subvention» qui grèvent le budget de l'Etat. Il a qualifié cette démarche de «grande réforme nécessaire». Il a précisé que malgré les augmentations décidées, la subvention de l'électricité de monte encore, à 22 pc, soulignant que ces augmentations auraient dû être décidées depuis des années. Pour Feriani, «il est nécessaire de les instaurer et de ne pas recourir à l'endettement dans l'intérêt de la Tunisie et des générations futures. A ce propos, «la présidence du gouvernement accorde un grand intérêt, à la question de l'énergie, des mines et des énergies renouvelables».