Avec une relecture du «Caligula» de Aly Ben Ayed, dans une mise en scène de Fadhel Jaziri et une interprétation de Mohamed Kouka, le TNT salue la mémoire de Mohsen Ben Abdallah, l'un des grands du théâtre tunisien, disparu il y a un an. La silhouette de Mohsen Ben Abdallah, ses réparties et son immense savoir restent encore dans tous les esprits, quinze mois après sa disparition. Compagnon de route de Aly Ben Ayed, cheville ouvrière de la Troupe de la Ville de Tunis dont il a été l'un des directeurs, Ben Abdallah a laissé de nombreuses traces dans l'histoire récente du théâtre tunisien. Une carrière au service de la Bonbonnière Durant un quart de siècle, Mohsen Ben Abdallah a été l'infatigable directeur du Théâtre municipal de la Ville de Tunis. Ces longues années ont été des plus profitables pour notre Bonbonnière nationale qui a connu le passage des meilleurs artistes d'opéra et de théâtre ainsi qu'une embellie au niveau des équipements. Restauré en profondeur au temps où le dirigeait Ben Abdallah, le Théâtre municipal a depuis entamé une nouvelle vie. Sa mission de directeur du Théâtre municipal a relativement occulté la profondeur de la carrière de Ben Abdallah qui, jusqu'à ses derniers jours, continuait à animer des cercles de théâtre pour les jeunes à La Marsa. Formateur essentiel, c'est en effet lui qui a donné le goût du théâtre à de jeunes lycéens qui se distingueront plus tard. Ainsi, aussi bien Fadhel Jaziri, Mohamed Driss ou Raouf Basti ont été ses jeunes disciples. Bien d'autres ont étudié les bases du quatrième art grâce à l'enseignement de Mohsen Ben Abdallah qui a maintenu le lien avec la formation en soutenant plusieurs initiatives. A la tête de la troupe de la Ville de Tunis après le décès de Aly Ben Ayed, Mohsen Ben Abdallah ouvrira le champ à plusieurs créateurs et poursuivra durant quelques années cette mission. Lui qui avait fit ses premiers pas dans cette troupe en tant que comédien gardera toujours une tendresse affectueuse pour la TVT dont il connaissait le parcours par coeur. Après une vie au service du théâtre, Ben Abdallah aura ensuite une retraite active à la tête de l'espace Sophonisbe de Carthage où il succéda en tant que directeur à Jelila Hafsia. Le retour de Caligula Recréer le «Caligula» personnage shakespearien et camusien tel que l'avaient mis en scène et interprété Aly Ben Ayed et Mohsen Ben Abdallah est une gageure. Dans un geste d'hommage à la mémoire des deux compagnons de route et pour saluer la mémoire de Mohsen Ben Abdallah, disparu en septembre 2017, le Théâtre national tunisien a relevé le défi sur une initiative de Fadhel Jaziri. Ce dernier a repris ce classique du théâtre en revenant aux sources du texte de Camus et au profil du personnage, tyrannique et sanguinaire, agissant dans la démesure, quêtant l'impossible. Cet empereur romain est le personnage central de cette pièce écrite en 1938 par Albert Camus en s'inspirant de la biographie de l'empereur fou écrite par Suétone. La pièce met en scène la prise de conscience de l'absurdité de la vie par Caligula, puis les jeux macabres auxquels il se livre. Le complot et la fin du tyran marquent les derniers actes de la pièce qui représente l'empereur en face de Hélicon, Cherea, Scipion et quelques patriciens de Rome. Le rôle principal sera interprété par Mohamed Kouka qui sera entouré par plusieurs pensionnaires du Jeune Théâtre national. «Caligula» est une production du Théâtre national tunisien et de Nouveau Film. La pièce sera représentée samedi 22 décembre à 19h au Quatrième Art.