– TAP – F.S. – Le chef du gouvernement Youssef Chahed a coupé l'herbe sous les pieds de ses détracteurs, en mettant fin à toutes les supputations concernant la formation d'un parti, à travers la Coalition nationale » pour se présenter à la prochaine élection présidentielle. Les précisions qu'il a données, lors de son interview sur la chaîne TV Attasia étaient peuvent être interprétées comme un clin d'œil vers les forces démocratiques et progressistes, notamment les membres de Nidaa Tounès. Dans une interview accordée vendredi soir à la chaine Attassiaa, Youssef Chahed a déclaré, tout de go que la prochaine élection présidentielle "n'est pas tentante et n'est pas une priorité" pour lui, appelant "les démocrates et les patriotes progressistes" à s'unir pour un projet "qui ramènerait le rêve aux Tunisiens". Ainsi, il met fin à toutes les interprétations et montre que son objectif n'est pas électoral, mais qu'il veut, seulement, être à la hauteur de la mission qui lui avait été assignée. Il a indiqué à ce sujet qu'il ne pense pas aux élections de 2019, mais a appelé à l'unité de "la famille démocratique et progressiste", estimant que le paysage politique actuel "est chaotique" et la Tunisie a besoin d'un projet qui ramène le rêve aux Tunisiens à condition de "rompre avec les erreurs du passé". "Le projet d'unification de cette famille politique doit voir la lumière, mais nécessite plusieurs conditions, y compris la rupture avec la corruption, l'adoption de la démocratie interne et le recours aux compétences", a-t-il précisé. Par ailleurs, Chahed a démenti que sa relation avec le président de la république Beji Caid Essebsi soit tendue, affirmant qu'il coopère avec lui dans le cadre de la loi et de la constitution. "Je l'ai informé de ma récente visite en Arabie saoudite et je lui ai présenté un rapport détaillé sur cette visite", a-t-il indiqué". Il a toutefois reconnu que cette relation avait changé après le discours télévisé que le chef du gouvernement avait prononcé à l'adresse du peuple le 29 mai dernier et où il avait notamment critiqué le directeur exécutif du parti Nidaa Tounes et fils du chef de l'Etat, Hafedh Caid Essebsi. A propos de son différend avec le directeur exécutif du Nidaa, Chahed a répété que celui-ci "avait détruit le parti et a voulu traiter l'Etat comme s'il était une propriété privée". Le chef du gouvernement a souligné que le parti Nidaa Tounes au sein duquel il a milité "n'existe plus" et que la direction actuelle "ne représente pas les bases larges du parti et que ceux qui exigent aujourd'hui sa démission de son poste de chef du gouvernement, parmi les dirigeants de l'actuel parti, veulent reporter les élections à une date ultérieure et s'approprier le pouvoir pour libérer les corrompus". Il a souligné qu'il poursuivra sa mission de chef du gouvernement "pour amener le pays à des élections générales en 2019 "qui seront transparentes et équitables, à l'instar des dernières élections municipales tenues en avril et mai 2018". En réponse à une question sur ses relations avec le parti Ennahdha et sur les accusations selon lesquelles il serait l'homme de main de ce mouvement à la Kasbah, Chahed a répondu que "l'influence et la taille du mouvement d'Ennahdha dans son gouvernement sont bien moindres que son influence et sa taille au Parlement". Il a ajouté à cet égard : "J'appartiens à la famille démocratique nationale et à mes convictions nationales et progressistes et si des partis voulaient gouverner sans Ennahdha, il doivent le battre aux élections". Sur le parcours de la justice transitionnelle et la performance de l'Instance Vérité et Dignité, ainsi que la controverse récente concernant le montant des indemnisations des victimes de l'oppression et de la tyrannie, il a reconnu que les Tunisiens n'avaient pas réussi à "se réconcilier de manière globale" et que la justice transitionnelle "a divisé les Tunisiens. Il a expliqué cela par le "retard dans la réalisation de la justice transitionnelle, la politisation de la question, la gestion et le fonctionnement de l'IVD ainsi que le personnage" clivant de sa présidente. Le chef du gouvernement a précisé à cet égard que son gouvernement proposera un projet de loi permettant la participation de toutes les parties aux objectifs de la justice transitionnelle, qui viendront compléter le processus de justice transitionnelle. Toutefois, certains voient que le journaliste a omis de poser d'autres questions très sensibles au chef du gouvernement. C'est le cas de notre confrère Mounir Charfi qui, dans un post sur sa page Facebook, a critiqué la « même langue de bois et ses règles ». Il a souligné que « la grande déception vient du journaliste qui n'a posé aucune question que les téléspectateurs se posent : Qu'en est-il de la cellule secrète ? La justice est-elle indépendante ? Pourquoi la contrebande agit encore librement dans le pays ? » Ces questions méritent bien des réponses, surtout que l'opinion publique aimerait bien que le voile soit levé sur ces « affaires », en cette période très sensibles.