«La Tunisie a plus que jamais besoin d'un projet politique moderniste et patriotique» «Nous sommes convaincus que nous parviendrons à une solution avec l'Ugtt» «Prochainement, une initiative pour corriger les errements de l'Instance vérité et dignité» «Je viens d'une famille destourienne» Finalement, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a parlé, hier, aux Tunisiens, via la chaîne TV «Attasiaa». Il a mis les points sur les i rappelant aux téléspectateurs plusieurs vérités que certaines parties veulent ignorer ou cherchent à occulter. Youssef Chahed a notamment insisté sur une réalité qu'on cherche à déformer : «Ce n'est pas moi qui ai amené Ennahdha au pouvoir, ce sont les élections législatives d'octobre 2014 qui lui ont permis d'y accéder. Et ce sont les élections qui constituent le seul mécanisme qui pourra les faire sortir du gouvernement». Encore plus précis, Youssef Chahed répond crûment à ceux qui accusent le gouvernement actuel d'être le gouvernement d'Ennahdha. Ses propos sont clairs et précis : «J'appartiens à la famille démocratique moderniste. Je proviens d'une famille destourienne. Mon oncle est le grand dirigeant destourien feu Hassib Ben Ammar, qui a occupé plusieurs responsabilités sous la direction du leader Habib Bourguiba, dont en premier lieu la direction du Parti socialiste destourien (PSD), la présidence de la municipalité de Tunis et le ministère de la Défense nationale, sans oublier la création, en 1977, du journal Arraï. Mes convictions sont profondément modernistes et progressistes». «La Tunisie a besoin d'un projet patriotique moderniste» Et comme l'on s'y attendait, Youssef Chahed s'est trouvé face à la question que tout le monde se pose : A quand l'annonce de la création de (son) propre parti politique, annonce que plusieurs prédisent imminente. Le locataire du palais de La Kasbah fait durer le suspense et déclare textuellement : «J'appelle tous les Tunisiens à se réapproprier le projet patriotique moderniste. La Tunisie a, aujourd'hui, grandement besoin de tous les patriotes modernistes pour fonder le grand projet patriotique progressiste dont je parle. Et je lance un appel aux Destouriens, au Nidaïstes, aux modernistes et aux progressistes pour qu'ils apportent leur contribution à la mise en place de ce grand projet». Sera-t-il le leader de ce «grand projet patriotique» appelé à se matérialiser en un parti ou un mouvement politique, voire en un front à caractère électoraliste comme beaucoup le prédisent ? Youssef Chahed oppose la réponse suivante : «Les partis politiques ne se fondent pas sur les personnes. Il s'agit plutôt de programmes, de visions et d'objectifs qui nous rassemblent». «Nous parviendrons à une solution avec l'Ugtt» Interrogé sur le bras de fer qui oppose son gouvernement à la centrale syndicaliste ouvrière, Youssef Chahed exprime son intime conviction: «Nous finirons par parvenir à une solution avec l'Ugtt tout simplement parce que nous négocions avec des syndicalistes en étant armés de la bonne volonté de surmonter les obstacles de parcours». Et l'éradication de ces obstacles ou entraves constitue les priorités du gouvernement. Youssef Chahed considère que la priorité des priorités de son gouvernement consiste à réduire le déficit budgétaire et à améliorer le taux de croissance. «Je voudrais rappeler à ceux qui veulent l'oublier : j'ai bien révélé toutes les vérités au peuple sur la situation économique du pays lors du vote de confiance des députés pour le dernier remaniement. Aujourd'hui, le gouvernement engage une guerre totale contre la spéculation et la montée vertigineuse des prix. Nous considérons la préservation du panier de la ménagère comme une ligne rouge à ne jamais franchir». Pour conclure, Youssef Chahed est revenu sur le terrorisme pour affirmer : «Notre confiance est totale en les capacités de nos institutions militaire et sécuritaire à mettre fin aux actes terroristes». Et le chef du gouvernement de clore son intervention en annonçant : «Le gouvernement est en train d'élaborer une initiative à même de corriger le processus de la justice transitionnelle qui a dévié des objectifs qui lui ont été assignés. Malheureusement, l'Instance vérité et dignité a échoué dans sa mission et sa présidente n'a réussi qu'à diviser les Tunisiens et semer la discorde, loin de la réconciliation qui était l'objectif n°1 du processus. Aujourd'hui, des citoyens sont encore poursuivis par la justice et risquent d'être jetés en prison d'où la nécessité de rectifier le tir et réhabiliter la justice transitionnelle dans sa mission initiale».