Parfois le nombre de coquilles qui parsèment les ouvrages littéraires paraissant en Tunisie en rend la lecture insupportable. Que faire face à ce délitement éditorial? bien grave et, loin des généralisations, il importe de se pencher sérieusement sur la défaillance de l'orthographe dans plusieurs ouvrages littéraires. Parfois destinés aux enfants, ces livres émaillés de fautes de français flagrantes deviennent de plus en plus nombreux et, scandaleusement, servent dans certains cas de support pédagogique et pour la lecture d'éveil. Prolifération de fautes et édition chancelante Ces livres offrent un raccourci saisissant sur la situation de la langue française dans notre monde éditorial. Il est vrai que ces livres sont dans certains cas publiés à compte d'auteur mais cela ne dilue en rien les reponsabilités. Cela les aggrave d'autant pour celles et ceux qui se qualifient d'écrivains et affichent malgré eux le niveau lamentable de leur orthographe. Tout aussi surprenant, ces livres pleins de fautes flagrantes se retrouvent sur les rayons des bibliothèques publiques et sont même offerts à titre de caderaux scolaires. Personne ne semble s'en émouvoir et la situation qui soit dit en passant concerne aussi le livre en arabe, va en empirant. Que faire? Comment revoir la chaîne éditoriale de manière à ce que ces défauillances soient corrigées? Le bât blesse à plusieurs niveaux. En premier lieu, beaucoup d'auteurs semblent ne pas maîtriser leur orthographe et se défaussent ensuite sur leurs éditeurs. Le fait est qu'ils remettent des ouvrages qui contiennent des fautes d'orthographe et que celles-ci échappent à la vigilance des correcteurs. Cruelle réalité; rares sont les éditeurs qui relisent sérieusement les textes qui leur sont confiés. Ils se contentent trop souvent de les transmettre directement à des ateliers graphiques qui en assureront le suivi éditorial. Cette situation a pour conséquence la prolifération des fautes et un travail d'édition chancelant. Ce simulacre de travail n'est d'ailleurs même pas accompli lorsque l'édition des livres se fait à compte d'auteur. L'orthographe, socle incontournable du savoir-écrire Lorsque cette carence touche les auteurs les plus en vue, la situation devient alarmante, oscillant entre le cocasse et le tragique. Faudra-t-il avoir recours à des correcteurs "importés" pour pallier ces défaillances? Faudrait-il plutôt que les soi-disant auteurs aient l'humilité requise pour demander à plus compétent qu'eux de les aider à revoir leur orthographe? La situation tourne à la pantalonnade lorsque les auteurs sont des enseignants du secondaire ou des universitaires et qiue les écrits en question appartiennent à la catégorie académique. Il est plus que temps d'élaborer des mécanismes qui garantissent une correction adéquate au livre francophone dans toutes ses déclinaisons. C'est une langue que nous sommes en train de massacrer, une langue que nous sommes censés maîtriser et que certains d'entre nous enseignent. La parade doit venir des éditeurs eux-mêmes et aussi d'une réglementation de la publication à compte d'auteur. D'autres part, journalistes culturels et libraires se doivent de réagir en pointant les livres qui fourmillent de fautes. Ceci doit être signalé au lecteur afin que l'on ne dépense pas des sommes élevées pour des livres qui ne le méritent pas. La situation devient insupportable et il est temps d'y mettre bon ordre pour que le livre tunisien ne perde pas le crédit qu'il a engrangé durant des décennies. Car cette question de l'orthographe est centrale. Elle est au coeur du processus éditorial et, qu'on se le dise, les éditeurs hexagonaux qui oeuvrent dans le domaine littéraire rejettent sans qutre forme de procès tout manuscrit jugé insuffisant à ce niveau. Dommage que les écrivains au rabais fleurissent à tout vent sans se soucier de respecter l'orthographe, ce socle incontournable du savoir-écrire. Dommage que trop de livres douteux circulent sans que personne ne pipe mot. Dommage, trois fois dommage en attendant que cette triste situation trouve une solution rationnelle.