La grève générale de la fonction publique et du secteur public a eu lieu, avec tous les maux qui l'ont accompagnée, au niveau des pertes inutiles et un blocage quasi-total dans les administrations et les établissements public. Pourtant, selon l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), ce n'est que le commencement, puisque la centrale syndicale menace d'une escalade aux conséquences imprévisibles et dont les résultats feront beaucoup plus de mal. A cet effet, tout le monde retient son souffle, en perspective de la réunion de la commission administrative de l'UGTT, prévue, aujourd'hui. "La commission administrative de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) se tiendra ce samedi 19 janvier et prendra des décisions à la hauteur des attentes des travailleurs tunisiens qui ont milité pour leurs droits", avait souligné hier Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'UGTT, au cours d'un meeting imposant, jeudi, lors de la grève générale, considéré comme une démonstration de force. Dans son discours prononcé à la Place Mohamed Ali à Tunis devant le siège de l'UGTT, Taboubi a indiqué que le gouvernement actuel a échoué à tous les niveaux. Ce gouvernement, a-t-il dit, a renforcé la crise économique et sociale par la hausse des prix, la détérioration du pouvoir d'achat et l'appauvrissement des Tunisiens à un moment où le pays enregistre un taux d'endettement du pays de 70%. Aller jusqu'au bout Dans ce contexte, Taboubi a précisé que 1,800 million de Tunisiens n'ont pas aujourd'hui d'eau potable, 300 mille ne bénéficient pas de l'éclairage public, 150 mille familles vivent dans des taudis outre les pertes fiscales estimées à 2000 millions de dinars par an. "Les travailleurs ne paieront pas la facture alors qu'ils payent 75% des recettes fiscales", a-t-il crié, soulignant la détermination de la centrale syndicale à aller jusqu'au bout pour défendre le droit des travailleurs à une vie digne. "Les droits s'arrachent et ne s'offrent pas", a-t-il dit. Il a, en outre précisé que l'UGTT ne revendique pas des augmentations salariales, mais un réajustement du pouvoir d'achat qui s'est gravement détérioré. Par ailleurs, Taboubi a ajouté que les campagnes de dénigrement et de diabolisation de la centrale syndicale n'auront aucun effet sur l'union des travailleurs et de l'UGTT qui demeurera une force de régulation capable de défendre les choix nationaux et le droit de tous les Tunisiens à une vie digne. Il a également démenti le fait que la grève soit décidée par l'UGTT sous pression des partis de gauche, rappelant que la centrale syndicale défendra toujours le peuple tunisien et les catégories démunies. Taboubi a souligné que la réussite de la grève générale est un message fort au gouvernement qui devrait, selon lui, être à l'écoute des doléances et revendications de son peuple et non pas soumise aux diktats extérieurs. Soutien de la société civile Un groupe d'organisations de la société civile et de structures syndicales avait annoncé son soutien à la grève générale. La Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme a souligné dans une déclaration sa totale solidarité avec les décisions prises par les dirigeants de l'UGTT, dont la grève du 17 janvier 2019. Le comité directeur de l'association a appelé toutes les forces à soutenir l'Union dans la défense du secteur public et l'amélioration du pouvoir d'achat de tous les travailleurs". Pour sa part, l'Ordre national des avocats a exprimé son "soutien absolu" à cette grève générale, notant dans une déclaration "son mécontentement face à l'échec des négociations sociales" et estimant que "le peu de sérieux du gouvernement face aux revendications sociales sous prétexte de la crise économique et le manque de ressources ne contribuerait pas à la recherche de solutions et aggrave la dégradation du pouvoir d'achat des classes laborieuses". Le Syndicat national des huissiers notaires a exprimé également son appui à cette grève et à l'implication de ses membres, appelant à "la recherche de solutions pratiques pour faire en sorte que la Tunisie ne se soumet pas aux dictats du Fonds monétaire international et ne compromet pas la souveraineté du pays et l'indépendance de sa décision nationale".