Alors que les échéances électorales approchent à grands pas, le pays patauge depuis de longs mois dans une crise politique des plus tenaces. Une lutte acharnée entre les partis politiques qui instaure un climat tendu et bloque les réformes urgentes, mettant en péril la jeune démocratie. Le tiraillement politique, le népotisme et la course effrénée vers le pouvoir ont plongé la Tunisie dans une crise économique et une tension sociale sans précédent. A quelques mois des prochaines élections législatives et présidentielles, l'Etat n'a jamais été aussi fragile et fragmenté. Aujourd'hui, la vraie bataille a élu domicile au sein de l'hémicycle de l'Assemblée des Représentants du Peuple. Là, où tout se joue au détriment de l'intérêt du citoyen et des vraies réformes. Cette cinquième session parlementaire connaît depuis son démarrage de sempiternelles transactions politiques : des va et vient incessants entre les blocs parlementaires, des migrations, la création de nouveaux blocs parlementaires, des fusions, des divorces. Le tout alimenté par la convoitise, le calcul et l'intérêt politique. Plus l'on s'approche des échéances électorales, plus l'échiquier législatif se métamorphose. Aujourd'hui, la redistribution des cartes est telle que le paysage politique est très instable. Néanmoins, les trois forces politiques les plus représentées au sein du Législatif sont, sans surprise : Ennahdha (68 députés), la Coalition nationale (44) et Nidaa Tounes (41). Ce dernier a été constitué depuis septembre dernier pour construire un rempart pro Youssef Chahed. Essentiellement composé des dissidents de Nidaa Tounes et de Machrou Tounes, il vole la vedette au mouvement de Nidaa Tounes. Que cela soit officieux ou officiel, les différents blocs politiques commencent déjà à parler de leurs favoris pour la présidentielle. Des noms commencent à fuiter. Les élections ont déjà commencé. Alors que l'ISIE, victime des complots et des magouilles politiques, demeure encore sans président. Il leur a fallu 6 mois pour que les blocs parlementaires trouvent un consensus sur le renouvellement du tiers de l'instance. Dans une déclaration récente aux médias, la députée de la Coalition Houda Slim a annoncé que le parti nouvellement créé tiendra son premier congrès le 27 janvier et qu'il se fixe deux objectifs : contrecarrer le mouvement Ennahdha et gagner les élections aussi bien législatives que présidentielles ainsi que la tête du gouvernement. L'actuel chef de gouvernement est donc le favori pour présider cette nouvelle force politique et pour se porter candidat à la future présidentielle. Il est à rappeler que cette longue et lente guéguerre pour le pouvoir paralyse le processus démocratique, gèle les réformes et les dossiers urgents (ISIE, le Conseil Supérieur de la Magistrature, la future INLUCC, etc..) plongeant le pays dans une crise sociale et économique sans précédent. Une inflation qui avoisine les 10%, un taux de chômage dépassant les 15% et un pouvoir d'achat dégringolant. Toutes les négociations ayant eu lieu pour apaiser les tensions ont échoué. Le Pacte de Carthage II était un mort-né et le torchon continue à brûler entre les différentes forces dirigeantes du pays.