Une nouvelle expérience pour le festival ‘'Gabes cinéma Fen'' qui se tient cette année dans sa deuxième session mais en version électronique ! Du 03 au 11 avril des films et des documentaires nationaux et internationaux sont diffusés à des heures précises en ligne, au grand bonheur des cinéphiles confinés. Vendredi 03 avril le documentaire « Le sentiment d'être observé » de Assia Boundaoui a été diffusé gratuitement et bien entendu en version digitale surla plateforme Artify. Assia Boundaoui est en effet, une journaliste qui mène une enquête d'investigation dans son quartier arabo-américain de Chicago suite à une rumeur qui court et qui dit que son lieu de résidence est surveillé par des services sécuritaires. Elle dévoile alors une des plus grandes enquêtes jamais entreprises par le FBI avant le 11 septembre et dont l'impact sur la communauté est irréversible. Le documentaire commence par une citation de Michel Foucault « Le pouvoir disciplinaire s'exerce en se rendant invisible, il impose à ceux qu'il soumet un principe de visibilité obligatoire. C'est le fait d'être vu sans cesse, qui assure l'emprise du pouvoir qui s'exerce sur eux ». L'enquête est menée au quartier de Bridgeview dans l'Illinois à Chicago aux Etas Unis, un quartier très soudé contenant 200 familles. Ici tout le monde se connait, les hommes à travers les mosquées et les femmes qui prennent soin des enfants des autres... La journaliste voulait savoir si son quartier est vraiment sous la surveillance continue du FBI ou si les habitants des lieux deviennent paranoïaques. Le reportage met en exergue cette évidence, le quartier est effectivement surveillé mais les gens ont peur d'en parler. Tout a commencé en 1997, quand le gouvernement a accusé une personne de la communauté de financer des activités terroristes et même si les accusations ont été rejetées par le tribunal la personne en question a été accusée pour fraudes fiscales et a purgé une peine de 5 ans de prison. Ensuite il a été soumis sous surveillance. Fatigué de vivre dans la peur et l'intimidation, il a décidé de quitter le pays. Dans ce quartier même les personnes qui n'ont aucune relation ou liaison avec le terrorisme ont toujours le sentiment d'être surveillées, chose qui a affecté leurs vies. La journaliste voulait aussi comprendre pourquoi le FBI ciblait sa communauté précisément et les raisons pour lesquelles le FBI se permet d'humilier les gens dans les mosquées… elle a finit par comprendre que des organisations impliquées dans le blanchiment d'argent et la fraude fiscale utilisent les mosquées et l'Islam pour couverture. Sauf que là des personnes innocentes ont vécu le drame de vivre les affres de la surveillance et des fausses accusations à l'exemple du Palestinien Abu Ahmed qui même s'il a fini par être acquitté, le fait d'être ciblé par les services de sécurité laisse sur sa personne et sa réputation des traces indélébiles. La paranoïa comme outil d'aliénation a journaliste découvre, dans la foulée, une prison panoptique aux Etats-Unis, dont la structure est conçue pour assurer que les prisonniers soient placés sous une surveillance continue et finissent par modifier leurs comportements. Leur paranoïa devient aussi efficace qu'un outil d'aliénation. Les prisonniers deviennent dociles et silencieux. La réalisatrice souligne qu'il faut se prononcer ouvertement et qu'il faut le dire haut et fort qu'on n'a pas peur. C'est l'unique moyen de troubler tout un système de surveillance qui tente de créer la paranoïa pour contrôler des communautés d'humains. Mais il faut tout de même continuer le combat pour la protection des vies privées des uns et des autres.