La crise du coronavirus ravive la crainte de faillite de plusieurs pays dans le monde notamment les pays à faible revenu et surendettés. La Banque Mondiale et le FMI ont déjà sollicité les pays du G20 pour suspendre les paiements des dettes des pays pauvres emprunteurs de l'Association Internationale de Développement (IDA). 76 pays les plus pauvres de la planète dont 39 pays Africains sont actuellement éligibles pour recevoir des ressources de l'IDA. Sauf que pour certaines organisations altermondialistes, le gel du paiement des dettes en principal et en intérêts ne résoudra pas l'affaire et risque plus tard d'alourdir davantage la facture d'endettement des pays à revenus faible et intermédiaire. Du fait et pour lutter contre la crise sanitaire et économique, l'Observatoire National de l'Economie se joint à 100 organisations internationales et appelle à l'annulation de la dette des pays en développement dont la Tunisie. Annuler la dette pour libérer les ressources publiques existantes. Selon l'OTE et plus de 100 organisations signataires, les pays en développement ont besoin en dehors de l'annulation de leurs services de la dette de plus 73,1 milliards de dollars supplémentaires pour faire face à la crise sanitaire qui sévit le monde. L'OTE souligne dans un communiqué rendu public que « l'annulation de tous les paiements de la dette des pays à faible revenu envers d'autres gouvernements, des institutions multilatérales et des prêteurs privés permettrait de libérer jusqu'à 25,5 milliards de dollars US pour lutter contre le coronavirus rien qu'en 2020. En étendant l'annulation aux paiements dus en 2021, 24,9 milliards de dollars supplémentaires seraient disponibles pour aider à sauver des vies aujourd'hui et demain ». Ces organisations appellent à mettre à la disposition des PED un nouveau mécanisme de financement supplémentaire sans pour autant créer de dette supplémentaire et décréter des réformes supplémentaires et des conditions contrariantes. Pour contrer cette crise sanitaire la Tunisie aura besoin selon les estimations de près de 6,6 milliards de dinars soit l'équivalent du service de la dette de la Tunisie en 2020. Pour l'Observatoire Tunisien de l'Economie : "La Tunisie est confrontée à une crise sanitaire, sociale et économique dévastatrice en raison de la pandémie de Covid-19. L'annulation permanente des prochains paiements de la dette serait le moyen le plus rapide de libérer les ressources publiques existantes pour faire face à cette crise sans précédent et sauver des vies. L'annulation complète de tous les paiements de la dette extérieure est essentielle. Cette mesure doit être suivie d'une approche plus globale et à long terme de la résolution de la crise de la dette". Et d'ajouter : « l'annulation de la dette pour la Tunisie permettrait de libérer 6,6 milliards de dinars tunisiens (TND), soit 2,8 fois le budget annuel du Ministère de la Santé pour 2020 (2,5 milliards de TND) ou encore 13,8 fois le budget annuel des établissements de santé pour 2020 (478 millions de TND). Cette somme permettrait également de faire face aux conséquences économiques du Covid-19 qui, selon un ancien Ministre des finances, pourraient s'élever jusqu'à 6,6 milliards de TND, soit l'équivalent du service de la dette extérieure pour l'année 2020 ». Ces organisations ont également appelé à une révision du système international de restructuration de la dette souveraine une fois la crise de Covid 19 passée. Rappelons que les services de la dette extérieure cumulés ont augmenté de 38,5% à fin décembre 2019 atteignant les 9,2 milliards de dinars. Selon les prévisions de la LF 2020, le service de la dette atteindrait les 12 milliards de dinars. Contrairement à l'appel fait par l'OTE, le ministre des Finances Nizar Yaiche exclut toute possibilité d'atermoyer le remboursement de la dette de la Tunisie auprès de ses créanciers. La crédibilité financière du pays est en jeu. Pour lui le rééchelonnement de la dette est hors de question.