Près de trois semaines après l'instauration du couvre-feu et du confinement sanitaire général, il semble que le pays n'est pas, encore, prêt pour un compte à rebours, en vue de revenir à la normale et le déconfinement. Certes, de nombreux facteurs incitent à le faire, mais les failles sont, toujours, nombreuses, surtout que de nombreuses personnes –et elles ne sont pas peu- transgressent les consignes, font comme si de rien n'était, en toute insouciance et inconscience, pour le mal qu'elles sont en train de faire à eux-mêmes et à tout le pays. Situation anachronique et chaotique, nombres de cas infectés par le Covid-19 en dents de scie et vie quasi-normale dans de nombreuses régions du pays, en infraction totale des consignes et des directives, avec les retraits de permis et de cartes grises et les confiscations des voitures. Ainsi, les décisions les plus sévères n'ont pas eu raison de ces réfractaires, et cela en dit long sur les mentalités et, parfois, sur les besoins de personnes qui n'ont aucune assurance de percevoir leurs salaires, dans le secteur privé, et d'autres qui vivent dans la précarité et sont obligées de vivre au jour le jour. Nombreux sont les commerces, les métiers ou les professions libérales, surtout ceux qui ne sont pas jugés de première nécessité qui ont été acculés à fermer boutique. Les coiffeurs, les plombiers, les lavages automobiles et, aussi, les médecins dentistes, les quincailleries, les cafés, les restaurants, entre autres, ont arrêté leurs activités. Cela fait un nombre important de personnes mise au chômage et qui, parfois, ne peuvent pas aspirer à être payés par les patrons, surtout que les emplois sont précaires et les patrons dans l'incapacité de leur fournir leurs salaires. Certes, l'Etat a mis en place un système pour aider ceux qui sont dans la précarité. Malheureusement, on est certain que les aides ne vont pas aller aux ayant-droit, mais qu'elles seront distribuées selon les allégeances, le copinage, les magouilles des responsables politiques –il n'y a qu'à voir que 4000 citoyens avaient bénéficié des aides sociales de 200 dinars, sans qu'ils soient dans le besoin-, et il suffit de s'en référer aux délégués et omdas qui se remplissent les poches, pour voir où on en est. En face, nombreux facteurs incitent au déconfinement, en particulier l'avènement du mois de Ramadan durant lequel quelles que soient les mesures, elles ne seront pas prêtes à être respectées. Il faut prendre en compte, aussi, l'état désastreux de l'économie tunisienne et l'ombre de la récession qui plane sur un pays qui, selon les instances internationales, va connaitre une contraction d'environ 4,5% dans la croissance. Le gouvernement est devant un choix difficile. Il a été obligé de jeter du lest, en accordant le droit de reprendre certaines activités, à partir du 20 avril. Mais, comme d'habitude, certains commerces considérés comme n'étant pas de première nécessité ont été écartés, alors que, pourtant, ils sont utiles pour le quotidien du citoyen. Le déconfinement total dépend, surtout, du comportement du citoyen et de son respect des directives. Les résultats des tests sur le coronavirus ne prêtent pas à l'optimisme, surtout qu'on passe, facilement, de cinq cas contaminés, à une vingtaine, et même à un pic de plus de 50.