Le ministère des Affaires culturelles a autorisé, vendredi 10 avril 2020, la reprise des tournages des feuilletons ramadhanesques, décision qui a créé un grand battage médiatique au sein des réseaux sociaux où les internautes ont exprimé, massivement, leur colère et indignation face à cette « condamnation ». Ils jugent injuste et illégitime une telle initiative qui menace les santés et les vies de ceux qui se trouvent dans l'obligation de reprendre le tournage. La saison ramadanesque représente, pour les artistes, acteurs, réalisateurs mais techniciens aussi, des opportunités pour une production abondante et donc le moyen de gagner le plus pour réserves à dépenser durant le reste de l'année. Les conditions des artistes sont parfois lamentables, vu le manque de productivité. Faute de moyens financiers, il faudrait attendre le mois saint pour créer, travailler et diffuser de nouveaux feuilletons sinon on aurait sombré dans la redondance et la répétitivité du même, comme c'est déjà le cas. Néanmoins, bien qu'elle ait été bénéfique et ait enchanté, cette décision a, par ailleurs, suscité la déception mais la frustration d'autres. Loin d'en chercher la raison, cette dernière est connue par tous : rien ne les empêche de reprendre leurs activités et leur dynamisme pour s'enliser dans une vie mouvementée, composée des trois mots déclencheurs « silence, ça tourne, action ! », sinon la peur de la contamination et la crainte du virus. Ces derniers, bien que n'ayant pas le choix, souhaitent sans doute travailler et gagner de l'argent, pensent, dans un premier temps, à leurs familles, femmes, mères et enfants. C'est le cas de l'acteur tunisien Mohamed Ali Nahdi qui a, explicitement et, avec amertume, déclaré sur Instagram : « Vu ce qui se passe partout dans le monde et face aux risques imminents d'une contamination au Covid 19, avec tout le respect que je dois au réalisateur et à toute l'équipe du feuilleton « 27 », j'ai décidé de ne pas accepter de reprendre le tournage. Je suis père de famille, responsable de la sécurité et de la sureté de mes parents, déjà malades ». Ce dernier n'est qu'un parmi d'autres qui ont refusé de reprendre le travail dans de telles circonstances menaçantes : la décision qui a été prise n'a pas été sagement réfléchie, elle témoigne d'une indifférence vis-à-vis de ceux qui sacrifient leur vie pour satisfaire un téléspectateur allongé chez lui, à l'abri. Le syndicat des producteurs a, à son tour, exprimé son indignation face à une telle décision, et ce, par le biais d'un communiqué qui répond à cette décision que l'on juge abjecte et répugnante. Ce choix n'est pas en faveur des artistes, qui, comme tout le monde, préfèrent demeurer chez eux en paix et en sécurité. Elle est plutôt au service des lobbies des chaines télévisées. La lucidité de maints acteurs et techniciens face à cette décision qui les expose au danger sous prétexte de leur aider à maintenir, financièrement, cette période délicate de confinement, s'avère légitime et raisonnable. Des risques pris, des vies en jeu pour diffuser, en fin de compte des feuilletons décevants, qui sont en-deçà des attentes du public. Pensons aux intérêts communs et non individuels et personnels en vue de sauver le pays de cette pandémie, se garantir paix et bonne santé et penser à un avenir meilleur, radieux et resplendissant : notre vie, celle des vôtres est en jeu ; soyons rationnels !