* Depuis le début de la crise, le repli du Tunindex n'a pas dépassé les 12%, alors que, les indices boursiers dans le monde ont chuté de 25% à 35%. Le coronavirus a déclenché la plus grande crise économique depuis 1929. Les places financières internationales ont connu un krach financier sanglant, l'un des plus marquants de leur histoire. Le Krach a fait baisser d'un quart plusieurs grands marchés boursiers. Les marchés des actions européens et américains se sont effondrés de 30% à 40% en un mois, les grands indices boursiers de référence CAC 40, Dow Jones et Nasdaq ont plongé dans le rouge, et les entreprises ont perdu 50% de leur valeur en trois mois. Chez nous, et indépendamment d'un marché financier plus ou moins statique, la crise sanitaire n'a pas eu de répercussions très sévères sur l'indice boursier Tunindex. La cote de Tunisie a montré encore une fois une forte capacité de résilience face aux chocs notamment exogènes. Bilel Sahnoun, ledirecteur général de la Bourse des Valeurs Mobilières de la Tunis (BVMT) nous explique le comment et le pourquoi de cette stabilité relative. * Le Temps Business & Finances : Pourriez-vous nous donner l'état des lieux de l'activité boursière sur fond de la crise du Covid 19 ? Bilel Sahnoun :Heureusement que le confinement n'a pas touché l'activité boursière. En fait, nous avons continué à offrir le même service aux investisseurs comme auparavant. C'est-à-dire, ce n'est pas le confinement qui a touché l'activité boursière, c'est l'interprétation de l'investisseur sur les méfaits du confinement sur les sociétés cotées. Nous observons une chute brutale et drastique dans les principales places boursières. Depuis le début de la crise, le tunindex n'a fait qu'une régression de 12%. Alors que, les indices boursiers dans le monde ont chuté de 25% à 35% et c'est énorme. Ces baisses font suite à une absence totale d'une visibilité quant aux conséquences de ce virus COVID-19 sur les sociétés de façon générale. * Pourquoi le Tunindex maintient-il le cap? Nous avons pu résister au choc grâce à trois facteurs qui nous différent un peu des autres. Le premier ; c'est qu'on a été plus réactif par rapport aux autres places boursières. On a réduit les fourchettes (les marges) de fluctuation quotidienne de 6% à 3%. On a fait cette réduction afin de permettre aux investisseurs de digérer les variations des cours et de leur accorder un peu plus de temps pour décider. A travers cette mesure, nous avons pu contenir l'effet de panique. Le deuxième facteur, c'est que nous n'avons pas beaucoup de fonds étrangers qui investissent en Tunisie. Avant la crise, s'était un mauvais point pour la bourse. Actuellement, la donne a changé et cela nous a permis de contenir les sorties des fonds étrangers. Il est à souligner que les fonds étrangers partout dans le monde représentent un peu prés 50% des investissements sur les places internationales développées. Chez nous, les fonds étrangers ne représentent que 25% et encore dans ces 25%, il y a 23% qui sont des investissements de très long terme, très anciens et qui sont stables tels que le groupe BNP de l'UBCI, le groupe Attijari wafa bank dans Attijari, la Société Générale dans l'UIB ou le groupe CASTEL dans le SFBT… ces fonds ne bougent pas et ne sortent pas facilement et je l'espère pour une éternité. Mais, ce n'est que les fonds d'investissement volatils qui achètent et vendent sur le flottant, lesquels ne représentent pas plus de 2% chez nous. Du coup, nous n'avons pas eu un mouvement de vente massif des étrangers comme on l'a observé dans d'autres places internationales. Le troisième facteur, c'est la structure de notre marché. Aujourd'hui, notre marché n'est pas un marché institutionnel, c'est un marché de petits porteurs. Dans le moment de crise ou de baisse, ils savent attendre et ne se mettent pas à vendre massivement. Ils gardent leurs portefeuilles et ne les sacrifient pas afin de les garder pour un jour meilleur. Contrairement à d'autres courses où les investisseurs sont des investisseurs institutionnels, et les institutionnels ont une obligation de résultat et d'affichage de leurs performances. Du coup, lorsque les bourses commencent à baisser, ils doivent faire des arbitrages très rapides et des ventes massives pour se positionner sur des valeurs un peu plus sûres telles que les valeurs monétaires ou autres. * Qu'en-est-il des nouvelles introductions en Bourse ? Le confinement a touché également le processus de l'introduction boursière. Les dossiers sont aussi confinés. Il y a toujours des dossiers dans la paille, mais la situation a bouleversé les choses. En 2020, il y avait à peu près entre trois ou quatre dossiers en cours de préparation. Mais, pour le moment rien n'est officiel. Je crains que cette crise va toucher les entreprises qui s'apprêtaient à s'introduire en Bourse, chose qui va impacter leurs business plans, leurs prévisions et par conséquent leurs valorisations. Propos recueillis par :