Il y a une vie après un band ! L'artiste ivoiro-guinéenne, Maaté Keita, l'a prouvé lors de ses prestations au Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan (MASA). Elle qui faisait partie des Go de Kotéba, un «band-trio», a su voler de ses propres ailes, faire carrière et a montré qu'il n'y a pas d'âge pour être dynamique sur scène. Et c'était vraiment «Go, la Go» ! Sortir d'un band pour faire une carrière en solo peut être catastrophique, d'autant plus si c'est un band «fabriqué»... L'on en trouve plusieurs exemples en Europe et aux Etats-Unis et pas la peine de les citer. Toutefois, il y a toujours des exceptions qui confirment la règle. Et l'une de ces exceptions est Maaté Keita, artiste ivoiro-guinéenne que l'on a pu voir en prestation au MASA. Cette artiste aux multiples casquettes, puisqu'elle est chanteuse, musicienne, compositrice, danseuse, chorégraphe, comédienne et actrice, était la lead vocale du groupe «Les Go de Kotéba», un band de trois femmes (la Guinéenne Niama Kanté, la Malienne Awa Sangho, en plus de Maaté Keita), créé en 1993, à Abidjan (Côte d'Ivoire) par feu Souleymane Koly (multi-artiste guinéen). Il est à noter que le mot «Go» est une déformation en nouchi (un parler de rue abidjanaise) de «girl», fille en anglais, et que le «kotéba» est «un genre théâtral satirique, chanté et dansé d'origine malienne» et le nom de l'ensemble théâtrale fondé par le même Koly. Les «Go de Kotéba» se sont séparées en 1997 après un dernier concert qui a eu lieu en Guinée, afin que chacune puisse, d'un commun accord, faire une carrière en solo. Seule Maaté Keita a préféré rester sur notre continent, point de départ de ses différentes activités artistiques. Pluri... elle ! Sur scène, Maaté Keita a prouvé qu'elle était plurielle tout en étant singulière ! Chanter, danser, jouer d'instruments, elle a l'énergie que certaines jeunes artistes n'ont pas ! Etre artiste scénique est tout un métier qui s'acquiert avec le temps, l'expérience, et surtout le travail, beaucoup de travail. Le plus important est de ne pas dormir sur ses lauriers. Etre artiste n'est pas «amour, gloire, et beauté». Et là, il faut qu'on arrête avec ces clichés venus tout droit des Etats-Unis. Etre artiste, c'est travaillé encore et toujours, et savoir s'adapter à l'époque, au temps qui passe, sans perdre ses racines. Maaté Keita, elle, travaille, s'adapte à l'époque, sans perdre, pour autant ses racines. Et c'est ce qui fait sa force, voire sa puissance. On le ressent tout de suite dès qu'elle monte sur scène. Elle est comme ce que l'on appelle «une bête de scène», dans le bon sens de l'expression. Son dynamisme est contagieux et exemplaire ! Maaté Keita a réussi un métissage entre plusieurs disciplines, donc, mais également musical mêlant des musiques traditionnelles africaines, mandingue principalement, avec des sonorités plus modernes qui font l'Afrique contemporaine où se côtoient l'afro-beat, le folk, le blues et l'afro-pop. Semer la positivité Les morceaux de Maaté Keita apportent le bonheur, voire une certaine euphorie, au public, et sèment la positivité à travers leurs paroles. Ainsi, dans «Djigui» (qui signifie «Espoir»), l'on peut entendre : «Tu es mon espoir, toi mon fils, toi mon père, toi mon ami. Sans espoir l'on est rien». Dans «Ayaya» («Pardonnez»), c'est le pardon comme chemin de salut en toute circonstance qui est mis en avant. «Anou nèni» («Faisons le bien») montre que celui qui sème le bien récolte le bien. Le bien qui revient dans la chanson «N'den» («Mon enfant»), morceau qui conseille aux enfants de faire le bien. Maaté Keita, artiste conseillère, qui sait que les messages seront mieux reçus à travers la musique. Une artiste consciente que «les mères africaines sont désabusées de pouvoir éduquer leurs enfants dans la dignité et les valeurs de vie qu'elles souhaitent transmettre», que ce «qu'elles cultivaient, enfants au dos, sont destinées à nourrir le reste du monde excepté leurs enfants», que «la vie est loin d'être parfaite», et que tous les fils de l'Afrique doivent s'unir et se mettre au travail «pour bâtir une grande Afrique encore avec les cicatrices de l'esclavage et de la colonisation»...