Le Mali est terre de musique et de traditions. Lobi Traoré a fait partie de ces artistes qui ont voulu et su porter leur culture au-delà des frontières. A l'âge de 49 ans, il vient de succomber le 1er juin à une crise cardiaque. Une grande perte pour le Mali et le continent africain. Lobi Traoré est né à Bakaridianna à quelques kilomètres de Ségou sur le fleuve Niger, en 1961. Il fait ses premiers pas dans un environnement particulier, celui de ses parents chanteurs de la société secrète du "komo". Il entre véritablement en musique à l'âge de 16 ans lorsqu'il débarque à Ségou et intègre les rangs d'un orchestre folklorique. Mais, les ambitions du jeune homme vont plus loin et la seule ville qui pourra lui offrir un terrain de jeu à la hauteur de son talent naissant n'est autre que Bamako. Dans la capitale malienne, c'est une autre formation folklorique qu'il rallie. Il y passe trois ans avant de rejoindre le Djata Band, emmené par Zani Diabaté, un des plus grands orchestres maliens de cette époque qui sera aussi un des premiers à tourner en France au début des années 1980. Lobi Traoré y devient le chanteur du répertoire bambara et rencontre un véritable succès dans ce rôle. Fort de ces expériences diverses et riches (dont un petit tour dans la foisonnante Abidjan), il se lance à l'aube des années 90 dans une carrière solo en se produisant dans les mariages et dans les bars. L'utilisation qu'il fait des instruments traditionnels (kora, djembé, ngoni, etc.) et de la guitare électrique attire les amateurs de Bamako. C'est au Bozo, bar disparu aujourd'hui, qu'il "balance" son blues bambara. Le lieu ne désemplit pas. Naturellement, l'étape suivante semble être l'enregistrement de disque. Le premier s'intitule Bambara Blues et sort en 1991. Plusieurs autres suivront dont Bamako (sous la direction artistique d'Ali Farka Touré), Duga (sur lequel on trouve son partenaire de choix, harmoniciste de son état, Vincent Bucher), ou encore The Lobi Traoré group… jusqu'au dernier I Yougoba enregistré avec le bluesman néerlandais Joep Pelt. De nombreuses tournées à travers le monde, des participations régulières aux différentes éditions des festivals français comme Africolor, feront de lui un véritable ambassadeur de la musique malienne. Cet homme affable, souriant et doux voulait chanter le respect des autres, de soi-même, l'harmonie, la sagesse et la paix. A n'en pas douter, le public a aimé le mélange savant d'énergie et de tristesse qui se dégageaient de son bambara blues, cette tristesse qui aujourd'hui étreindra le cœur des mélomanes.