* Oui, pour un déconfinement progressif. Nous devrons apprendre progressivement à organiser notre vie collective avec ce virus Les symptômes du Covid-19 peuvent être neurologiques, tel est le constat que font des équipes médicales plusieurs semaines après les premières descriptions cliniques de l'infection au coronavirus. Plusieurs neurologues mettent en garde vis-à-vis de ces formes cliniques encore peu connues comme en témoigne, Inès Ben Arbia, neurologue et trésorière adjointe de l'association tunisienne de Neurologie(ATN) LE TEMPS : Bien que les coronavirus soient des virus essentiellement respiratoires, plusieurs recherches font état de leur capacité à infecter aussi le système nerveux central et à provoquer des troubles neurologiques. les symptômes peuvent-ils être neurologiques? Inès Ben Arbia :La maladie Covid-19 peut parfois se manifester sous une forme neurologique. Ces formes cliniques neurologiques sont encore peu connues. Elles s'ajoutent aux signes habituels tels que la fièvre, la toux, la fatigue, ou la gêne respiratoire. Il apparaît même que des patients Covid-19 peuvent ne pas présenter de fièvre et de toux, mais seulement des symptômes neurologiques au début de la maladie, notamment un Accident Vasculaire Cérébral AVC (hémorragie cérébrale, infarctus cérébral), un mal de tête brutal, très intense et inhabituel ou bien des Troubles de la vigilance (confusion, somnolence) une paralysie, une faiblesse musculaire, une inflammation des nerfs ( syndrome de Guillain Barré). Ces signes doivent immédiatement inciter à consulter un médecin, car il peut s'agir de signes d'alerte du Covid-19. * La perte d'odorat et de goût constatée chez de nombreux patients atteints du Covid-19 est-elle un signe que le coronavirus s'attaque au système nerveux central? La progression de l'épidémie s'accompagne de la description de nouveaux signes cliniques tantôt digestifs (nausées et vomissements, diarrhées, anorexie), tantôt rhinologiques : l'anosmie, c'est-à-dire la perte totale ou partielle de l'odorat, s'avère un symptôme fréquent du Covid-19. De nombreux cas pourraient associer des pertes d'odorat, voire se révéler par une anosmie partielle ou complète telle que de nombreux patients ont l'impression d'avoir également perdu le goût, sans obstruction du nez, sans écoulement et qui peut donc survenir de façon isolée * Quel est le rôle des sociétés savantes tunisiennes dans la prise en charge de cette maladie? Les sociétés savantes tunisiennes de Neurologie Tunisiennes : l'ATN (Association Tunisienne de Neurologie) en collaboration avec le collège de Neurologie et l'ATNL (Association Tunisienne des Neurologues Libéraux) organisent des Webinaires pour actualiser et approfondir les connaissances des cliniciens et des jeunes neurologues concernant le Neuro-Covid, et élaborent des stratégies de la prise en charge de ces patients dans les structures hospitalières et les cabinets privés. * Pensez-vous que la Tunisie a bien géré cette épidémie? La Tunisie a bien géré cette épidémie sur le plan stratégique de santé. En effet, elle a anticipé les mesures de protection, dès fin janvier alors que le Covid était localisé en Chine avec la généralisation des compagnes de sensibilisation, la prise de température des voyageurs à notre aéroport (nous sommes les premiers à le faire et, moi-même, je l'ai constaté lors de voyage en France où Espagne en février et la prise de température se faisait uniquement chez nous avec un box médical spécial Covid a l'arrivée). Les passagers suspect ou de retour de Chine se faisaient déjà tester et mis en quarantaine. Nous avons procédé au confinement d'une façon précoce et anticipé les mesures de protection dans les hôpitaux et les cliniques au stade 3, alors qu'on était au stade 2 et, là, je salue les efforts du ministère, des directions régionales, du personnel de santé et du corps médical qui ont fait preuve de courage et d'efficacité jusqu'à ce jour. Ceci n'empêche pas de dire que malgré ces efforts, la situation est déjà précaire dans nos hôpitaux qui manquent de matériel et qui souffrent depuis plusieurs années. Nous espérons qu'avec cette solidarité nationale, nous puissions offrir de bonnes conditions de prise en charge à nos patients * Etes-vous pour le déconfinement ? J'espère qu'on arrivera à maîtriser la situation mais à une condition, celle de continuer le confinement jusqu'au 3 mai. Le déconfinement est conditionné par les tests sérologiques. Grâce à ces tests, il sera en effet possible d'identifier massivement les personnes qui ont eu, ou non, le virus et sont a priori immunisées contre le Covid-19. Ce dépistage doit être massif et rapide. Une donnée fondamentale pour éviter une recrudescence du nombre de malades lors du retour à la normale. Le port des masques doit être obligatoire. La réouverture des établissements scolaires, de la crèche au lycée, doit être progressive. Les élèves des classes terminales et les étudiants devront faire leur retour en classe en douceur, en respectant les gestes barrières tout en portant des masques et respectant la distanciation. Le confinement des personnes âgées et ayant des maladies chroniques (HTA, diabète, cancer) doit se prolonger jusqu'à octobre. Le retour aux usines et bureaux doit être par ordre de priorité. Quant aux lieux rassemblant du public: restaurants, cafés, hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées, c'est la dernière étape du déconfinement lorsqu'on aura zéro nouveau cas. Il faudra avoir toujours à l'idée que notre vie à partir du 4 mai ce ne sera pas exactement la vie d'avant le confinement. Nous devrons apprendre progressivement à organiser notre vie collective avec ce virus.