Français d'origine, né en Tunisie, Michel Giliberti est artiste peintre, photographe et écrivain dont le travail est le fruit d'un regard psychanalytique, esthétique et poétique, posé sur les failles, les désordres et la fragilité de notre monde. « Dans mes peintures, explique-t-il, j'essaie de mettre en avant, nos failles, nos désordres, nos fragilités. Ce sont des thèmes qui me troublent depuis toujours. L'enchantement autant que l'abus de couleurs, n'est pas matière à m'inspirer. Je n'attache pas davantage d'importance au décor ; il ne faut pas qu'il interfère avec mes personnages qui à eux seuls, doivent créer l'émotion. Dans mes photos, et en dehors de compositions fantastiques reliant certaines de mes toiles à des photos, fait remarquer l'artiste, je tente encore, de saisir l'essentiel d'une émotion, de porter un regard poétique, voire lyrique, sur les lieux, et surtout les êtres dont je retiens l'image, car finalement, à mes yeux, la poésie ne se lit que sur les visages… » Partageant sa vie entre la France et la Marsa, Michel Giliberti est l'auteur d'un bon nombre de romans dont : « Neiges d'octobre », « Derrière les portes bleues », « Les yeux silencieux », « Maintenant, je suis p'tit » ; des livres d'art : « Voyage secret » et « Contrastes ». Il a même écrit et publié de la poésie dans « Bleus d'attente ». Alors que l'Humanité entière se trouve actuellement « piégée » par le confinement forcé à cause d'un malin et invisible virus, Michel trouve que la situation n'est pas nouvelle pour lui. C'était plutôt, une source de plaisir, sauf qu'aujourd'hui, il subit le confinement par accident, et il attend le retour à la vie normale, pour pouvoir vaquer à ses occupations : la peinture, l'écriture, la photo, et aussi sa passion pour la musique. Le retour sur soi Être confiné, n'est pas nouveau pour moi, je l'ai été plus de neuf mois, volontairement, il y a quelques années. Je ne sortais qu'une fois tous les dix jours pour faire mes courses en toute vitesse afin de retrouver au plus vite, mon cocon. C'était en l'an 2000 et je peux dire, que je me suis ouvert au 21ème siècle en m'enfermant chez moi. J'avais une quarantaine de toiles à faire pour une immense expo, et le hasard de la vie a fait qu'exceptionnellement, j'étais tout à fait seul à ce moment. C'est donc, dans un état proche de l'extase que pendant ces neuf mois, je me suis levé à 4 h 30 du matin, et n'ai cessé de travailler à ce projet qui a largement dépassé les neuf mois, puisqu'il m'a fallu trois ans pour terminer ces nombreux tableaux. Mais, le confinement d'aujourd'hui est tout autre. Je le subis par accident. En effet, je faisais une simple halte professionnelle en France quand je me suis fait piéger à trois jours de mon départ pour la Tunisie… sans matériel pour peindre, sans ordinateur, sans mes dossiers, sans appareil photo ! Dans ces conditions, le confinement est pesant, mais je le vis avec toute l'introspection et l'observation qui sont miennes depuis toujours. Tout est expérience dans notre cycle terrestre, et tout peut nous aider à nous élever. Heureusement, ma maison est grande et comme elle se trouve à la campagne, j'en profite pour faire du jardinage, une de mes passions depuis fort longtemps. Ce dernier permet le retour sur soi, les gestes sont les mêmes depuis des lustres, ils sont donc rassurants. Doucement, tout ce qui encombre l'esprit, s'effrite jusqu'à disparaître. Mais il faut revenir à l'essentiel de ce confinement actuel. Une prison imposée par l'infiniment petit Il faut parler de l'horreur qu'il distille, parler de ce virus qui décime les vies autour de nous de façon arbitraire. Cette loterie anxiogène du destin a quelque chose de révoltant. Elle entretient le stress. J'ignore ce qu'il adviendra de cette prison imposée par l'infiniment petit qui nous rappelle à notre condition d'être humain si vulnérable dans l'immensité stellaire. J'ose espérer, que ces jours étranges que nous n'oublierons sans doute jamais, nous transformeront un peu ; puissent-ils ouvrir notre esprit, amener une réflexion salutaire sur notre devenir, et dépasser l'affairisme et le superficiel de nos sociétés de plus en plus déshumanisées. De s'être chrysalidés si longtemps, devront naître et s'envoler de nouveaux papillons plus attentifs à la fragilité de la vie, à l'altruisme, à l'empathie, autant dire plus responsables. Pensons désormais à nous aimer davantage avant qu'un autre ennemi aveugle nous atteigne. Comme projet une fois de retour en Tunisie, je compte publier un livre de photos de poésie sur la Tunisie qui m'a vu naitre. Témoignages recueillis par :