Tout comme l'arbre qui cache la forêt, les nominations « pétards », entendez celles très haut placées, au sommet de la Kasbah, et qui font aujourd'hui très naturellement jaser, en cachent forcément d'autres, beaucoup plus « profondes », effectuées « presque » en sourdine, et qui passent, malheureusement donc, totalement inaperçues. La nomination, s'il en est, de deux conseillers nahdhaouis au sein du cabinet de Fakhfakh cache, aujourd'hui en réalité, d'autres nominations récentes, moins tapageuses certes, mais beaucoup plus dangereuses car touchant les profondeurs mêmes de l'Administration tunisienne. A peine s'était-il emparé des clés de son cabinet, le ministre très nahdhaoui de la Jeunesse et des sports dans le gouvernement Fakhfakh a chamboulé de fond en comble toute la structure administrative de son département. Les cris de détresse au sein de ladite administration ont été très vite étouffés, il y a quelques semaines de là, faute de tapage médiatique. Pourtant, les nominations, à en croire les « couloirs » du ministère, ont touché, de manière intégrale et presque inédite, toutes les directions générales et les postes clés dudit ministère. Le ministre de la Santé, tout aussi nahdhaoui, n'y est pas allé de main morte, de son côté, pour bouleverser toute la hiérarchie de son département, et ce, en pleine crise de coronavirus. La mise en frigo récente de Dr. Chokri Hammouda et la nomination du nahdhaoui notoire Mohamed Chaouch à sa place, et qui a fait évidemment couler beaucoup d'encre, n'est, en effet, que la partie visible de l'iceberg. A la mi-mars, trois directeurs généraux ont été, arbitrairement, démis de leurs fonctions, et neuf nouvelles nominations dans les hauts rangs du ministère ont été bel et bien effectuées, sous l'œil presque complaisant d'une opinion publique, malheureusement aveuglée, dès lors, pour ne pas dire carrément hypnotisée par des « discours de guerre » qui, de facto, ont fait office de véritables boucliers pour le ministre de la Santé. Argument irréfragable : en situation de guerre, un « général » a toujours le droit de choisir ses propres lieutenants ! Amen. Alors il faut considérer ceci : Les « conseillers », les chefs de cabinets, et les divers chiens de garde rapprochés, aussi nahdhaouis qu'ils soient, un jour on les nomme, un jour on les démet, et puis, il faut dire que quoi qu'ils fassent, ils sont constamment « piégés » sous les feux des projecteurs ; cependant, les divers chefs de bureaux, directeurs généraux ou régionaux, et autres hauts cadres de l'Administration, une fois nommés, pour eux, c'est souvent parti pour durer. Et le comble, c'est qu'ils peuvent, à leur tour, tripoter à loisir tout le reste de la hiérarchie. Ce n'est donc plus un secret : l'Administration tunisienne a été « inondée », depuis 2011, par les nominations et a toujours été l'objet de diverses manœuvres de manipulations et d'«infiltration méthodique», au niveau tant national que local et régional, effectuées par le mouvement Ennahdha qui, décidément, n'a raté aucun passage dans les divers gouvernements qui se sont succédés, pour mettre perfidement sa main sur les rouages de l'Etat. Aujourd'hui encore, et malgré la crise du coronavirus qui s'abat sur le pays, Ennahdha continue, doucement mais sûrement, de ronger, comme si de rien n'était, les «profondeurs» de l'Administration tunisienne.